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Auteur : Jennifer Racine

Je m’appelle Jennifer Racine et j’ai 26 ans. Comme tout le monde, ma vie a été faite de hauts mais aussi de bas. J’ai dû faire preuve de courage pour parer mon manque de confiance en moi. J’ai dû serrer les dents et les poing, puis relever la tête lorsque la vie m’a malmenée. J’ai dû me relever lorsqu’à terre, mon cerveau me suggérai de faire l’autruche et de continuer à creuser. Cette histoire, tout le monde la vit, à différents niveaux, dans différents domaines. J’ai compris, assez tôt dans mon parcours que si on ne fait pas les choses pour recevoir les jugements des autres, on les fait quand même pour soi, mais aussi pour l’humanité. Même si on ne s’en rend pas toujours compte, l’être humain est en quête de perfectionnement personnel mais aussi universel. Personnellement, je me suis toujours surpassée pour me prouver que j’étais capable d’avancer mais aussi pour prouver aux individus qui m’entourent que tout est possible. Je n’ai jamais rien fait d’extraordinaire, mais j’ai fait les pas qui m’ont mener vers des objectifs qui n’étaient, selon certaines personnes, pas à ma portée. Et je fais chaque jour les petits pas qui me rapprochent chaque fois un peu plus de mes rêves. En mars dernier, nous nous apprêtions avec mon compagnon, à effectuer notre deuxième investissement immobilier quand la banque a refusé notre prêt au dernier moment. Je me suis alors confiée à ma mère, en lui disant que j’étais très déçu, que j’avais pris un énorme coup au moral, que c’était très dur pour moi d’accepter cette situation. De plus, j’avais prévu d’ouvrir un blog pour prouver qu’avec certaines techniques, l’investissement locatif était à la portée de tous. J’ai dit à ma mère que je ne voyais pas comment je pourrais prouver à ces gens que tout était possible si j’échouai dès mon second achat. Elle m’a alors répondu que c’était en tombant et en se relevant que l’on prouvait aux gens que tout était possible, que ça n’est pas en disant que tout est facile et sans embuche que l’on inspire les autres. Alors l’idée du blog www.inspiremoidetavie.com m’est venue. Ici, je mettrai en avant le parcours de personnalités connues en évoquant leur réussite mais aussi les échecs aux quels ils ont dû faire face. Mais aussi de personnes inconnues qui ont su se relever après une enfance difficile ou tirer le meilleur d’eux-mêmes dans des circonstances dramatiques. Vous l’aurez sûrement compris, le but de ce blog, est de vous inspirer, je pourrais même dire de nous inspirer puisque la plupart des histoires que je vous raconterai seront des résumés de livres autobiographiques ou biographiques que je lirai au fil de l’année. Voilà, tout est dit, je vais à présent m’effacer pour laisser place à de grandes personnalités, telles que Jean-Jacques Goldman, Christian Faison, David Douillet, Steve Jobs et Albert Einstein... A bientôt
Cadeau pour la fête des mères

Cadeau pour la fête des mères

Même si l’amour que l’on porte à la femme qui nous a donné la vie est une évidence,

Même si l’amour que l’on porte à la femme qui nous a donné la vie est inconditionnel,

Même si l’amour que l’on porte à la femme qui nous a donné la vie est intemporel,

Même si l’amour que l’on porte à la femme qui nous a donné la vie se lit dans nos silences.

Même si le cœur de la mère n’a pas besoin de date pour battre au rythme de notre évolution,

Même si le cœur de la mère n’a pas besoin de date pour battre au rythme de nos peurs,

Même si le cœur de la mère n’a pas besoin de date pour battre au rythme de nos pleurs,

L’enfant oublie bien trop souvent d’enlever les silences cachant leurs émotions.

La fête des mères est une occasion parmi tant d’autres d’exprimer vos sentiments à la femme de votre vie.

Mais souvent, l’émotion qui submerge votre âme noie votre plume, emportant encre et mots dans son naufrage.

C’est pourquoi, je vous propose de prendre la barre du navire pour accompagner vos mots et émotions droit au cœur de votre maman.

Comment procéder ?

Pour recevoir un courrier personnalisé, il vous suffit de me raconter en quelque mots votre histoire aux cotés de votre maman.

N’hésitez pas à m’indiquer quelques « mots clés » que vous voulez absolument inclure dans votre lettre.

Contact

N’hésitez pas à me contacter :

Par téléphone : 06.14.31.15.51

Par mail : jennifer_rv@inspiremoidetavie.com

Ou tout simplement par l’intermédiaire du formulaire de contact ci-dessous.

Tarif et mode de paiement

Si l’amour que l’on éprouve pour sa mère n’a pas de prix, aucune ne devrait vivre dans l’ignorance de son importance à nos cotés chaque jour.

Le tarif de votre courrier personnel sera donc celui que j’exerce, tout au long de l’année, pour les courriers simples : 15 euros

Les modes de paiement acceptés sont : chèque, virement, mandat cash.

Interview de Steve Varinou – La magie avant la maladie

Interview de Steve Varinou – La magie avant la maladie

Je suis partie à la rencontre d’un jeune homme malade,
J’ai passé une heure avec un magicien incurable,
Je suis repartie avec le souvenir d’un homme au grand cœur.

Je vous invite à découvrir ma rencontre avec Steve Varinou.

TRANSCRIPTION

 

Salut à tous, c’est Jennifer Racine bloggeuse sur inspiremoidetavie.com et biographe familial.

Il y a quelques jours, le magicien Steve Varinou a eu la gentille de m’accueillir dans son bureau pour une interview. Je vous laisse la découvrir dès à présent.

Jennifer : Bonjour Steve.

Steve : Bonjour.

Jennifer : Alors déjà, j’aimerais que tu me parles de toi. Donc à l’état brut, c’est à dire : où tu es né ? Quand ? Et où tu as grandi ?

Steve : Alors moi je suis né un 28 juin 1998, pendant le match France/Paraguay où Laurent Blanc a marqué bien sûr. Pour la grande joie de tous les Français, pour ceux qui s’en souviennent. Moi pas trop parce que j’étais encore tout petit. Mais du coup, non, non, donc je suis né un 28 juin 1998 à 20h30 à Brétigny-Sur-Orge, voilà dans le 91. Et après, j’ai vécu à Itteville toute mon enfance jusqu’à maintenant. Donc j’habitais à quelques rues plus loin maintenant j’habite ici mais toujours à Itteville et je vais y vivre encore très longtemps.

Jennifer : D’accord, donc tu t’y sens bien.

Steve : Je suis très attaché à cette ville, oui, oui complètement.

Jennifer : D’accord. Comment définirais-tu ton caractère enfant ?

Steve : J’ai toujours été très joyeux puisque déjà, à trois ans, je suis tombé fan des clowns, sans en avoir vu un seul à l’époque, mais j’étais déjà fan des clowns, pourquoi, je ne sais pas.

Jennifer : Sans en avoir vu ?

Steve : C’est ça, je ne pourrais pas expliquer pourquoi. Mais, voilà, c’était pour moi assez magique. Voilà, c’est le mot, c’était magique. Donc j’étais très joyeux au niveau du clown. Peut-être pour cacher le côté assez solitaire parce que j’étais très rejeté. A l’époque déjà, parce que j‘avais les pieds plats donc je ne pouvais pas courir, donc faire du foot et jouer à chat, ce n’était pas mon truc. Mais, dès que,  je faisais un petit truc de clown, par exemple du jonglage ou que je commençais à faire un spectacle, comme je rentrais complètement dans mon personnage de clown, bah les autres se disaient « bah c’est bizarre, on va aller voir quand même ce qui se passe ». Donc ça les intéressaient d’un côté aussi un peu quoi.

Jennifer : Déjà ça t’a permis de te faire un clan quoi ?

Steve : C’est ça, complètement, d’attirer un peu l’attention si on peut dire. De changer de personnage… Changer de personnage quoi. Une fois, je me rappelle en CE2, j’avais ma maîtresse d’école qui s’appelle Madame Vétar que je salue au passage parce qu’elle va regarder la vidéo, je le sais. Voilà, j’étais très timide en cours. Voilà, je ne parlais pas beaucoup en cours, j’étais très seul. Et puis un jour, y a trois amis à moi dans la salle qui se lèvent « maîtresse, maîtresse, est-ce que Steve peut faire un spectacle ? ». Elle a dit « un spectacle Steve ? Il ne parle pas, qu’est-ce que tu veux qu’il fasse un spectacle ? C’est pas possible ». Et puis, ils ont dit « si, si ». Elle leur a dit « bon bah, après la récréation », elle s’est dit « d’ici là, ils auront oublié ». Et puis au final pas du tout. Ils sont revenus après la récréation « alors est-ce qu’on peut faire le spectacle ? » « Bon allez-y ». Et là, je me lève, et je dis « bon bah je vais me préparer » « Tu vas te préparer pour quoi ? ». J’ai dit : « Ne vous inquiétez pas, tu verras ». Donc je suis sorti dans le couloir avec les filles et puis je suis revenu en clown. Mes grandes chaussures, mon nez rouge, ma perruque, ma veste. Là, la maîtresse déjà, elle s’est dit « waouh, qu’est-ce que c’est que ce truc. Ce n’est pas le même là, ce n’est pas possible, ce n’est pas le même Steve, vous l’avez échangé au passage ». Et donc au final, j’ai fait un grand spectacle. Enfin grand spectacle, une petite demie- heure quoi, mais c’est beaucoup pour un CE2. Et du coup, elle m’a vu complètement transformé, complètement différent. Et je pense qu’elle a apprécié. Elle s’est dit finalement que mon avenir était là. Déjà à l’époque. Ah oui complètement.

Jennifer : D’accord, donc tu arrivais à te métamorphoser. A plus être du tout  la même personne ?

Steve : Complètement. Et je pense que c’est là… Tout artiste est comme ça, en fait. Dans la vraie vie, on est différent que sur scène. Parce qu’on a vraiment un personnage, on doit rentrer dans ce personnage. Donc c’est important de se transformer comme ça en si peu de temps.

Jennifer : Oui. Et du coup, ça répond un petit peu à ma question mais c’était quoi tes rêves, du coup, déjà à l’époque ?

Steve : De devenir clown.

Jennifer : Ouais, voilà.

Steve : Forcément. Mais à l’époque, il n’y avait pas encore la magie. La magie, je l’ai découvert bien après. Mais à l’époque, oui je voulais devenir clown. Tous les dimanches, quand il y avait un repas de famille avec les grands-parents, bah il fallait que je me déguise en clown, mon frère faisait le présentateur, l’animateur. Il avait son haut de forme, sa cape, et moi j’arrivais en clown « tatatitatalatita ». Ce n’était pas drôle pour l’époque enfin pour les grands, mais pour nous c’était drôle. On s’amusait bien.

Jennifer : Ouais, c’était le monde d’enfant quoi.

Steve : C’est ça, complètement. On faisait des sketchs complètement… Euh… ce n’était pas du haut niveau mais c’était drôle.

Jennifer : D’accord. Donc ton frère présentait.

Steve : C’est ça.

Jennifer : Donc ton environnement familial, c’est quoi ?

Steve : Bah mes parents m’ont toujours emmené au cirque bien sûr. Tous les ans, j’avais le droit à ma sortie au cirque. Quand j’allais en vacances dans le sud, il y avait toujours un petit cirque familial qui s’y installait. C’était à Marseille-En-Plage. Et puis on allait toujours voir les petits cirques familiaux qui s’y posaient. Et puis après, j’allais de temps en temps au cirque Pinder donc tous les ans. J’ai été une fois aussi à Bouglione aussi mais c’était y a très, très longtemps, j’aimerais bien y retourner d’ailleurs, il faudrait que je pense à y retourner. Et mon frère… Alors j’ai deux frères, j’ai Flavien et Eddy. Flavien ça l’a jamais vraiment attiré ce monde du spectacle alors qu’Eddy oui tout de suite. Déjà mon frère est un très, très bon danseur donc à partir de là, déjà, le monde du spectacle fait partie de la danse aussi donc c’était important qu’il soit là aussi donc il faisait l’animateur et on rigolait bien. On rigolait très bien.

Jennifer : D’accord. Et quelle éducation tu as reçu ?

Steve : Alors, je n’ai pas reçu d’éducation stricte parce que mes parents sont assez laxistes. Bon même si tous les jours, il y avait des horaires à respecter : c’était 18h, le bain, 19h, on mange, 20h, on est couché. Voilà. Mais malgré ça, ils étaient quand même très cools. Ils nous laissaient sortir, voilà, j’ai des parents vraiment super sympas et je reconnais que c’est génial.

[Ah le chien. Oui, j’ai aussi un chien]

Jennifer : Beaucoup de liberté quoi déjà.

Steve : Liberté oui complètement. Ils nous laissaient… Enfin si tu veux, il n’y avait pas de… Y avait quelques règles comme tout le monde, mais je n’ai vraiment pas des parents ultra strictes, non, non du tout. Ils faisaient ça pour notre bien et je les remercie maintenant.

Jennifer : Oui et qu’est-ce que tu retiens justement de cette éducation ?

Steve : Euh mes parents, ils nous ont surtout appris le respect des autres. Euh… Et comment dire ? C’est important ça tu vois. C’est… C’est important. Le respect, apprécier les autres. On apprend à aimer les gens. Maintenant, j’aime tout le monde donc à partir de là.

Jennifer : Ça aide.

Steve : Ça aide oui ça aide. Bon des fois on se prend un peu des portes dans la tête mais c’est comme ça.

Jennifer : Oui, mais c’est mieux d’aimer tout le monde avant que de détester tout le monde et de donner la chance une fois que l’autre a fait ses preuves.

Steve : C’est ça, exactement. Moi je préfère aimer avant et après voir qui en vaut la peine ou pas.

Jennifer : D’accord. On va parler de ta blessure maintenant.

Steve : Oui bien sûr.

Jennifer Forcément, y en a une.

Steve : Y en a une oui c’est sûr.

Jennifer : Donc comment et à quel moment tu as appris ta maladie ?

Steve : Alors, j’ai appris la maladie en 2008. 2008 ou 2009, je ne sais plus la date exacte, mais enfin… Dans ces eaux, là. Donc, j’avais dix-onze ans. Euh, bah c’est… C’est blessant au début parce que forcément on se demande… On a dix-onze ans, on se demande ce qui nous arrive quoi. On se dit « mince, j’ai rien demandé moi ». Et puis, on se dit surtout « pourquoi moi, pourquoi pas mon frère,

c’est vrai quoi, après tout. Mince alors ». Et puis voilà, on se pose beaucoup, beaucoup de questions. On est très, très blessé. Et tu vois après on apprend à vivre avec.

Jennifer : Et donc tu peux nous parler un peu de ta maladie ?

Steve : Alors ma maladie, c’est le syndrome de Marfan. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est une maladie génétique rare incurable. Donc en fait, c’est toute la fibrilline des muscles qui s’effrite et l’aorte qui se dilate. Alors elle se dilate donc il y a un bêtabloquant pour ça, ça s’appelle l’aténolol. Il y a un médicament actuellement qui est traité aux États-Unis pour tenter d’améliorer la chose. Ca s’appelle le Losartan si je ne me trompe pas. C’est ça : Losartan. Donc on verra ce que ça donnera par la suite. Mais voilà, donc après, bah, les visites à l’hôpital, ça fait partie du jeu hein, comme on dit. Ça fait partie du processus. On va à l’hôpital, on passe des journées là-bas et ça fait partie de la chose. Il faut accepter comme ça et puis pas autrement.

Jennifer : Et justement, quel est le parcours après ? L’hôpital ?

Steve : Bah donc moi déjà, j’ai… Alors en dehors de l’opé… En dehors de l’opération, n’importe quoi, je dis des bêtises. En dehors de… De la maladie, j’ai dû subir une opération. Enfin deux opérations au niveau des jambes. Parce que comme j’ai dit tout à l’heure, j’avais des pieds plats qui m’empêchaient de courir ou de marcher correctement. Donc on m’a construit une voûte plantaire. Voilà, on a fait une osteotomie d’allongement du calcaneum pour être exacte.

Jennifer : D’accord, je te fais confiance.

Steve : C’est des mots médicaux. Voilà, c’est compliqué à dire mais c’est comme ça.

Donc voilà c’est… On a créé une voûte plantaire en m’enlevant un morceau de la hanche qu’on m’a placé sous le pied.

Jennifer : D’accord.

Steve : Voilà. Donc c’étaient des opérations quand même assez lourdes. Entre quatre et six heures de bloc pour chaque jambe. Euh… Mais, ça m’a quand même porté chance, si je puis dire, puisque ma grand-mère a rappelé un clown qui était venu faire mon anniversaire quelques années auparavant, qui s’appelle le clown Chopy, que je salue aussi au passage parce que je sais qu’il me suit, parce que maintenant c’est devenu mon mentor. Il regarde tout ce que je fais et j’ai intérêt à bien faire. Jacky, je t’embrasse. Voilà, donc il m’a offert ma première boite de magie quand il est revenu me voir après l’opération. Et puis maintenant je suis magicien.

Jennifer : D’accord. Grâce à Chopy ?

Steve : Ah complètement. C’est grâce à lui.

Jennifer : D’accord. Euh… Donc c’est… Comment tu l’as rencontré en fait Chopy ?

Steve : Alors moi je l’ai rencontré parce qu’il y a une amie de ma mère, comme j’avais une collection de clowns incroyable, j’avais plus de sept ou huit cent pièces de clowns dans ma chambre. Donc une petite chambre, donc c’était vraiment… Je vivais autour des clowns. Je vivais qu’avec des clowns. Y en avait un là, deux centimètres après, un autre. Enfin, c’était très, très serré dans ma chambre.

Jennifer : Un passionné.

Steve : Voilà. Et sur ma porte, mon grand-père m’envoyait chaque jour… Euh, parce que comme j’étais toujours très rejeté, j’avais du mal à aller à l’école… Quand j’y allais sans soucis, il m’envoyait une carte de clown que j’accrochais sur ma porte de chambre. Et puis, une amie de ma mère a retrouvé une carte avec Chopy dessus. Elle a dit « Bah tiens, pour mettre sur ta porte, prend la carte » et puis voilà. J’ai dit « D’accord ». Mon père l’accroche sur la porte. Et un jour, pourquoi, je ne sais pas, à quelques semaines de mon anniversaire, pour fêter mes six ans, je prends le téléphone, je compose le numéro, j’appelle. « Allô Chopy. Voilà, je m’appelle Steve, je vais avoir six ans. Est-ce que tu peux venir faire mon anniversaire ». Il y a eu un blanc. Et puis après, il me dit « Mais t’as des parents, non ? ». Je dis « Oui, oui, j’ai des parents ». Il me dit « Bah donne-moi l’un de tes parents ». J’arrive dans le salon, « Maman, maman, c’est Chopy au téléphone ». Ma mère fait « T’as appelé Chopy ? Mais ça va pas ou quoi ? Mais qu’est ce… Pourquoi t’as fait ça ? » Donc elle est au téléphone et au final, ça s’est fait. Et il est venu faire mon anniversaire.

Jennifer : D’accord.

Steve : Voilà.

Jennifer : Donc après la blessure, il y à savoir aussi apprendre à… à vivre au lieu de survivre avec la maladie.

Steve : Ouais, complètement, ouais.

Jennifer : Comment… Comment t’as fait en fait ?

Steve : Bah moi, comme je t’ai dit tout à l’heure, j’ai eu beaucoup de mal à accepter la maladie. Bon bah, mes parents sont là pour… Pour me… Pour me sup… Pour me… Pour me supporter… je n’étais quand même pas exécrable à ce point- là. Mais euh… Enfin voilà… Pour m’apprendre à vivre avec cette maladie. Euh… A garder mon moral en hauteur, pour pas que je l’ai dans les chaussettes, parce que ce n’est pas très agréable. Euh, voilà c’est, euh… Donc mes parents sont là, mes grands-parents sont là. Enfin voilà, y a toute la famille qui joue, les oncles, les tantes. Voilà, ils sont là pour… Ils sont pas dans le truc du « T’es malade ne fais rien » quoi. Non, non au contraire, « Vis, vis, vas-y, profites ».

Jennifer : Avec Chopy le clown aussi ?

Steve : Complètement. De toute façon, pareil, pareil. Chopy c’est, c’est… C’est ça, c’est se battre, c’est… C’est important. C’est très, très, très important de… De vivre. Bon heureusement, il m’a donné ma force, il m’a donné la magie. Mais voilà, j’en ai fait une force.

Jennifer : Donc tu le rencontre à l’âge de six ans…

Steve : Six ans pour la première fois. Je le rencontre à l’âge de… Ensuite pour la deuxième fois, je le retrouve à onze ans, parce que ma grand-mère appelle le clown Chopy pour mon anniversaire… Euh pour mon opération. Je suis perdu entre les…

Jennifer : C’est moins joyeux.

Steve : Donc voilà, pour mon opération et après du coup, il m’offre ma première boite de magie, avec sa petite femme. Ils sont venus et ils m’ont dit « Voilà un petit cadeau pour toi, voilà un présent ». Je regarde la boite de magie, il ouvre la boite, il sort un foulard de là-dedans, « mais qu’est-ce qu’il fait ? ». Il retrousse ses manches, hop, il met le foulard dans sa main, et là, à mon grand étonnement, le foulard avait complètement disparu, les manches relevées. Et là, je me dis « mais comment il a fait ça ? ». Et au final, après il m’a dit, t’ouvres la boite, tu travailles avec et tu comprendras dans quelques jours comment ça se fait. Au final, pas dans quelques jours, en 24 heures les cinq cent tours de magie étaient appris. A partir de là déjà…

Jennifer : En 24h.

Steve : Donc après, j’ai mon autre grand-mère… La grand-mère maternelle a appelé Chopy. La grand-mère paternelle m’a acheté une deuxième boite de magie. Pareil, en quelques… En même pas deux jours, la boite de magie était complètement fumée, y avait plus rien à voir, tout était appris par cœur. Il fallait recommencer une troisième. Enfin bon, on s’arrêtait pas quoi, c’était…

Jennifer : Et depuis on t’offre des boites toutes les 48h à peu près?

Steve : Ah non, non, non, depuis le temps les boites sont dépassées maintenant je… Parce que j’ai toutes les boites de magie qui pouvaient exister à l’époque. A partir de là, après j’ai créé mes numéros, j’ai Chopy qui m’a aidé par rapport à ça, par rapport à la mise en scène et aux scénarios. Parce qu’en magie, on n’invente rien. En magie, on n’invente rien, souvent c’est un numéro qui est déjà fait qu’on remet à notre propre scenarii. Voilà, on crée des textes, là-dessus, on les remet en scène. A ce moment, là… Sauf nous… Nous on a… Avec Olivier Lejeune et Jacky Mane, donc Jacky et Olivier, lors d’une interview pour « France Dimanche », Olivier il a dit « Voilà, je verrais bien, par exemple, de la magie entrer dans l’actualité. » Donc, j’ai créé un numéro qui s’appelle « Les Présidentiables » où je dévoile, en exclusivité, le prénom du futur Président de la République Française. Voilà.

Jennifer : D’accord.

Steve : Et oui, c’est important, hein.

Jennifer : De quoi tu es le plus fier du coup, par rapport à ton parcours, ta maladie, tout ça ?

Steve : Alors de quoi je suis le plus fier ?

Jennifer : De quoi t’es le plus fier, oui ?

Steve : Je suis fier de mettre la maladie au tapis, grâce à la magie bien-sûr… Bien-sûr.

Jennifer : Tout est possible avec la magie.

Steve : Tout est possible avec la magie. Et moi, encore l’autre jour, j’ai un petit garçon, qui s’appelle Théo, que j’embrasse au passage. J’embrasse tout le monde, mais c’est… C’est comme ça. Théo, parce que je sais qu’il va regarder ou au moins sa maman. Euh voilà, il a la maladie de Marfan, comme moi. Il a du mal à s’en sortir, il m’appelle, et j’adore, j’aime ça, j’aime donner des conseils aux gens pour apprendre à vivre. Euh Théo, lui, était très, très sportif, il a appris Marfan, il ne pouvait pas continuer le foot, il a dû arrêter le sport. Bah c’est pas grave, y a d’autres choses. Je lui ai dit « Tu trouveras ta voie plus tard, mais il y a autre chose que le sport bien-sûr ». Moi j’ai trouvé la magie et j’en suis très fier. Très, très fier.

Jennifer : Quel conseil, justement, tu pourrais apporter aux autres enfants qui vivent ça ?

Steve : Bah, tous ceux qui ont des maladies bah voilà…

Jennifer : Enfants et plus grands d’ailleurs.

Steve : Tout simplement de trouver la passion qui les anime. Et éventuellement de… De vivre et de rêver parce que quand t’as le rêve, tu vis facilement. Euh voilà, c’est… C’est comme ça, y a… Il n’y  a que l’espoir qui fait vivre… Et l’espoir, c’est le rêve. C’est exactement ça. Et c’est ce que j’aime donner dans les hôpitaux par exemple. Là encore, le 5 mars, je vais à Necker avec Chopy, on y va en clown. Euh voilà, on va… On va aller animer un peu les quotidiens un peu sombres des enfants malades. On va aller dans les chambres, on va faire du jonglage, de la magie, on va les faire rire, on va… On va les faire sourire. On va leur emmener beaucoup d’espoir. Beaucoup, beaucoup d’espoir. C’est ce qu’il faut, c’est comme ça.

Jennifer : Donc maintenant, tu passes ton temps à rendre ce que Chopy t’a donné peut-être.

Steve : Oui, je pense. Oui, oui, complètement. Il m’a… Il m’a redonné le sourire alors que je n’étais pas bien. Il faut… Je sais ce que c’est. Ce que les enfants vivent, je suis passé par là. J’ai été dans les hôpitaux, j’ai passé des… Des quinzaines de… plusieurs semaines dans les chambres. Enfin voilà. Mais au final, non c’était… Je veux rendre ce que j’ai vécu. Il m’a redonné le sourire, je veux faire sourire les gens qui… Les enfants notamment qui ne sont pas… Qui sont pas au top de leur forme à ce moment, là et c’est important.

Jennifer : Très important.

Steve : Très, très, très important.

Jennifer : Et justement, quels sont tes rêves et tes objectifs maintenant ?

Steve : Et bah de devenir un magicien encore plus que je ne le suis maintenant. Je vais travailler encore plus. Plus de persévérance. Voilà, j’ai comme projet de faire une vidéo avec des artistes français. C’est en train de se faire. J’ai déjà Tex qui s’est prêté au jeu et d’ailleurs je le remercie. J’ai Olivier Lejeune qui me donne des conseils par rapport à ça, qui me donne des adresses où contacter. Voilà, c’est très important. Michou va se prêter à l’expérience. Enfin voilà, il y a vraiment des choses assez sympathique à voir avec ça. Voilà c’est… C’est un beau projet que j’ai. Qui est cosigné de Jacky bien-sûr, on a travaillé tous les deux sur ce projet, donc on y tient. Donc voilà, c’est très, très important. Après, j’ai pour projet de monter un nouveau spectacle, que je jouerai. Pourquoi pas ? éventuellement, trouver, un producteur,  un jour qui sait. Mais pour l’instant, on se débrouille. J’ai monté mon association « Vie magique ». « Vie Magique » a un but de faire durer la tradition du café- théâtre, de créer des spectacles pour les enfants malades dans les hôpitaux. Voilà, donc j’ai créé mon association pour pourvoir justement, vivre de ça. Et donc, c’est très, très, important.

Jennifer : Déjà, à ton âge.

Steve : Et bah on essaie hein. On essaie. « Vie Magique » a déjà deux ans. Deux ans. C’est immense. C’est à dire qu’à seize ans, déjà, j’avais monté mon association. Toujours entouré de ma maman et de Jacky. Voilà, donc ma maman est la présidente de l’association et c’est Jacky qui a eu l’idée de monter l’association. Donc c’est super, et maintenant j’en suis très fier. Très, très, fier.

Jennifer : C’est énorme

Steve : Voilà et voilà. J’ai eu la chance de vivre beaucoup de mes rêves avant ma majorité. Voilà, j’ai… A seize ans, j’ai fait le Grand Rex de Paris. Voilà, pour la sclérose en plaques. C’est… Voilà… Le Grand Rex de Paris quoi, c’est une sublime salle. Voilà, j’ai eu cette chance, là. J’ai eu la chance d’avoir, à quatorze ans, une première interview sur « Le Parisien », qui était imprimé en national. Donc toute la France pouvait se procurer l’article. Et puis voilà, après ça s’est enchainé sur « France

Dimanche », sur « Nous Deux ». Après, j’ai eu ma première télé régionale qui s’appelait « TélEssone ». Ensuite j’ai eu encore le journal « France Dimanche » avec Olivier Lejeune. Enfin voilà, j’ai eu beaucoup de chose qui ont fait qu’avant ma majorité déjà, je vivais mon rêve. Maintenant, j’ai qu’une envie, c’est qu’il dure encore très, très, très longtemps.

Jennifer : En fait, tu as encore plus vécu que des enfants qui n’auraient pas eu de pépin de santé ?

Steve : C’est ça. C’est ça.

Jennifer : Tu t’es accroché à la vie.

Steve : Souvent, on me demande, « est-ce que tu aurais aimé ne pas avoir ta maladie ? ». Oui, d’un côté, forcément, on aimerait bien être en bonne santé. Mais d’un autre côté, est- ce que j’aurais été magicien ? Est-ce que j’aurai vécu ce que je vis maintenant ? Je ne sais pas. C’est la question qu’on se pose… Très souvent même. Voilà, c’est ça qu’on se pose comme question.

Jennifer : Donc pleins de projets.

Steve : Pleins, pleins de projets. Et encore d’autres à venir que je ne peux pas dire pour l’instant parce que ça reste secret jusqu’au dernier moment. Mais voilà c’est pleins de choses comme ça qui… Et ça va aller en crescendo. Enfin, je l’espère. Parce que dans ce métier on peut monter et redescendre, mais à nous de tout faire pour rester en hauteur et faut travailler en permanence.

Jennifer : Quand on est magicien ça va.

Steve : Oui, ça va, ça va. Ca va, ce n’est pas… La magie, tout est possible. On est là pour faire rêver les gens et on va le faire encore très longtemps.

Jennifer : D’accord. Euh… Tu nous ferais un petit tour ?

Steve : Pas de soucis. On se retrouve tout de suite. On se met en place et on vous retrouve. A tout de suite.

Jennifer : A tout de suite.

Steve : Bien. Alors, pour se faire, j’ai besoin tout d’abord d’un jeu de cartes. Tout à fait basique pour un magicien. Avec pleins de cartes différentes. Tu en conviens ?

Jennifer : Oui.

Steve : Parfait. Je vais t’inviter à choisir une carte, dans le milieu du jeu. Celle de ton choix. Je ne veux pas t’influencer.

Merci de ton aide. Tu la regardés, tu la montres à la caméra, je te prie.

Parfait, très bien. Et tu vas la signer sur sa face. La face de la carte bien sûr, sinon après je te retrouve, c’est trop simple, s’il te plaît. Tu la signes sur sa face pour être sûr qu’elle soit vraiment unique au monde. C’est fait ?

Jennifer : C’est fait.

Steve : Je te reprends le stylo. Parfait. Je te laisse la remontrer à la caméra, signée.

Très bien. Et maintenant, je t’invite à me dire stop quand tu le souhaite.

Jennifer : Stop.

Steve : Stop, ici?

Jennifer : Oui.

Steve : Tu es sûre de toi ?

Jennifer : Oui.

Steve : Tu ne veux pas changer ?

Jennifer : Non.

Steve : Dommage, on va s’arrêter là. Pose ta carte ici, je te prie.

Parfait.

Ta carte.

Parfait, je vais faire un petit mélange américain pour euh… Juste pour le plaisir, parce que je sais que les gens sont fans des mélanges américains. Un petit mélange belge pour la route. Voilà, ça ne mélange pas, mais c’est le principe des Belges. Je les embrasse quand même pour ceux qui nous regardent. Et malgré tout, sur le dessus du jeu, j’ai une carte et une seule. Est-ce que tu as une idée ? Quelle était ta carte, s’il te plait ?

Jennifer : Un deux de cœur.

Steve : Deux de cœur ? Bon, c’est le cinq de cœur. C’est presque ça, mais pas tout à fait. Est-ce que tu crois aux fantômes ?

Jennifer : Euh… Oui.

Steve : Oui ? Tu vois le cinq de cœur ici. J’ai ici, avec moi, un étui totalement transparent. D’accord ? Parfait. Je vais venir y glisser à l’intérieur, le cinq de cœur. Donc je retourne l’étui. Je vais donc y placer le cinq de cœur. Parfait. Que je vais mettre ici. Tu m’as dit que ta carte c’était le ?

Jennifer : Deux de cœur.

Steve : Deux de cœur. Euh, est-ce que tu penses que c’est possible que le cinq de cœur retrouve ta carte ?

Jennifer : Bah, avec un magicien tout est possible. Mais sinon non.

Steve : Tout est possible avec un magicien, peut-être. Regarde, si par exemple, euh… Je prends le cinq de cœur, et qu’on appelle très fort ta carte. Ta carte, tu m’as dit que c’était le deux de cœur, c’est ça ? Regarde bien.

Jennifer : C’est ça.

Steve : Le cinq de cœur. Ici, on a une carte, signée. Le deux de cœur. Et l’étui est totalement… Est complètement vide bien sûr. Donc le deux de cœur. C’est bien ta carte ?

Jennifer : C’est bien ma carte.

Steve : Je te la laisse en souvenir.

Jennifer : Merci.

Steve : Et la question que je pose c’est : Où est passé le cinq de cœur ? Il y avait le cinq de cœur, il a disparu. Où il est ? Et bah, ce qui est amusant c’est que dans le jeu, si on regarde bien, on a une carte retournée. Le cinq de cœur.

Steve : Encore des questions ?

Jennifer : Non, tout a l’air bien clair.

Steve : Super. Alors, en tout cas, je te remercie, pour cette jolie interview que tu m’as… Que tu me laisse, répondre à tes questions. Bientôt sur YouTube alors ? C’est bien ça ?

Jennifer : C’est bien ça. Dans une quinzaine de jours.

Steve : J’embrasse toutes les personnes de YouTube qui nous regardent. Je suis très heureux de vous avoir accueilli ici dans mon bureau, où je travaille en permanence. Merci à toi. Merci à notre petit caméraman, derrière, que personne ne voit. Et puis, à très bientôt, je l’espère. Et n’oubliez pas, avec Varinou, tout est possible. A bientôt.

Jennifer : Merci beaucoup à toi.

Steve : Au revoir.

Jennifer : Au revoir.

Interview d’Halimata Fofana

Interview d’Halimata Fofana

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le parcours d’une jeune fille qui perdra son insouciance à l’âge de cinq ans, dans l’atrocité de l’excision.

 

Aujourd’hui, je vous invite à découvrir le parcours d’une adolescente qui sera contrainte au silence de sa souffrance.

 

Aujourd’hui, je vous invite à découvrir une femme qui a décidé de se relever, de parler, de vivre.

 

 

Halimata Fofana est l’auteur du livre « Mariama, l’écorchée vive ».

 

Vous pouvez commander son livre sur http://www.karthala.com/hors-collection/2981-mariama-lecorchee-vive.html ou sur Fnac.com : Mariama, l’écorchée vive (ceci est un lien d’affiliation)

 

 

Bonne inspiration

 

 

TRANSCRIPTION

 

Salut à tous, c’est Jennifer Racine, blogueuse sur http://inspiremoidetavie.com et biographe familial.

Il y a quelques jours, j’ai eu la chance de rencontrer Halimata Fofana, auteur du livre « Mariama, l’écorchée vive ». Elle a accepté de me raconter son histoire, que je vous laisse découvrir dès maintenant.

 

Jennifer : Bonjour Halimata.

Halimata : Bonjour Jennifer.

Jennifer : Alors déjà, je te remercie d’être venue.

Halimata : Merci à toi pour l’invitation.

Jennifer : Ce n’est pas facile pour une première d’accepter comme ça, aussi facilement, alors merci beaucoup.

Je voudrais que tu me parles un peu de ton parcours. Pour commencer, j’aime bien parler « A l’état brut ». C’est à dire : comment tu es née ? Où tu es née ?

Halimata : Alors, je suis née à Longjumeau dans l’Essonne, dans le 91, pas très loin d’ici, en région parisienne. Alors, j’ai 35 ans, j’ai eu 35 ans le 13 janvier dernier. Je suis issue d’une famille de six enfants. Mes parents ont immigré du Sénégal vers la France dans les années 60-70. Et nous, la fratrie, nous sommes tous nés en France.

Alors, dans mon parcours, j’ai grandi dans une banlieue défavorisée, dans une cité, j’ai été dans des écoles, qu’on appelle ZEP.

Jennifer : Moi aussi.

Halimata : Voilà, on se retrouve là-dedans. Je pense qu’on est nombreux à avoir fréquenté des ZEP. Mais bon, comme quoi on peut s’en sortir, il n’y a pas de fatalité. J’ai été à l’école primaire, au collège, et après j’ai fait un lycée professionnel où j’ai fait un BEP hôtellerie restauration option cuisine, que je n’ai pas eu. Suite à cela, j’ai passé une année à travailler dans les médias en tant qu’assistante de production. Puis, j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait pour la boite de prod d’Arthur. Je me souviens, il m’avait dit, Halimata reprends tes études, c’est mieux pour toi. Et je l’ai écouté, j’ai préparé l’équivalence du bac en lettre, le DAEU, Diplôme d’Accès aux Études Universitaires, c’était à Epinay Villetaneuse, que j’ai eu, que j’ai obtenu. Suite à cela, j’ai préparé un DEUG en art, puis une licence puis deux années de prépa en littérature et en histoire.

Jennifer : Courageuse.

Halimata : Quand on a envie, surtout quand on a la passion, on y va et suite à cela, j’ai travaillé dans les médias avant mon départ pour le Canada.

Jennifer : Beau parcours.

Halimata : Merci Jennifer.

Jennifer : Quand tu étais enfant, tu définirais comment ton caractère ?

Halimata:Ça dépend, avant ou après ?

Jennifer : Avant.

Halimata : OK, alors avant, j’étais quand même une petite fille assez docile, qui a envie de faire plaisir. Qui a surtout une envie d’être… Moi quand j’étais petite fille, je rêvais d’être fille unique. C’est ce que je voulais, je voulais être fille unique, je trouvais qu’il n’y avait rien de mieux que d’être fille unique. Alors ce n’était pas vraiment le cas puisqu’on était six, mais j’étais une petite fille qui rêvait beaucoup. Qui rêvait d’un avenir meilleur. Depuis petite, j’avais compris ça. Y a une scène même, dont je parle dans mon livre où je vais par la fenêtre et je regarde vers où habitait mon amie et je rêvais d’avoir ses parents, d’avoir son appartement, sa chambre, son lit, parce qu’elle était fille unique. Et j’enviais cela. Mais j’étais quand même assez docile. Très, très docile même. Gentille. Voilà.

Jennifer : Ça répond un peu à ma question, mais quels étaient tes rêves, tes grands rêves, du coup ?

Halimata : Quand j’étais petite, petite fille ?

Jennifer : Petite fille oui.

Halimata : Je voulais ressembler à tout le monde, je ne voulais pas me distinguer, je voulais être dans le moule. Tu vois ? Comme nous étions différents, comme mes parents viennent d’ailleurs, ils ont un accent… Et moi je ne voulais pas ça. Je voulais être la plus discrète possible. Et sinon, de quoi je rêvais d’autre ? C’était… C’est vraiment une bonne question parce qu’on m’a jamais posé cette question, c’est pour ça qu’il me faut du temps pour réfléchir. Surtout quand j’étais petite fille, je rêvais vraiment, c’est d’avoir une autre vie, que celle que je vivais. J’étais dans une espèce de projection. La vie que j’avais petite ne me convenait déjà pas.

Jennifer : Donc t’essayais de vivre par procuration en fait ?

Halimata : Voilà, beaucoup dans les livres, ou sinon en regardant beaucoup, en observant beaucoup les autres. Ça, ça m’a beaucoup, beaucoup aidé.

Jennifer : Très tôt.

Halimata : Très, très tôt ouais.

Jennifer : D’accord. Donc ta situation familiale. Qui sont tes parents ? Comment tu les définirais ?

Halimata : A l’heure actuelle ?

Jennifer : Tout au long du parcours.

Halimata : Bah ça a changé. Vous savez le regard change au fil du temps. A l’heure actuelle, je trouve que mes parents sont très courageux. Mes parents, ils ont fait comme ils ont pu avec ce qu’ils avaient. Je vous ai dit, mes parents sont arrivés en France dans les années 60-70, ils ne maîtrisaient pas la langue. Alors ils ne maîtrisaient ni la lecture, ni l’écriture. Alors c’est très, très dur quand vous arrivez, c’est un peu dans un autre monde, quand vous ne maîtrisez pas cela et vous  ne maîtrisez pas les codes, ce n’est quand même pas facile. Alors ils ont eu six enfants, ils les ont élevé, on s’en est tous sorti, alors je leur tire mon chapeau. A l’heure actuelle, je suis en mesure de vous dire cela. Il y a dix ans, j’aurai sans doute tenu un autre discours. A l’époque, j’étais quand même, très, très rebelle. J’en voulais à me parents, j’en voulais à mes parents de ne pas être comme les autres, j’en voulais à mes parents de ne pas nous aider comme quand je voyais mes amis où les parents étaient très présents, d’un point de vue physique, ils étaient là pour leurs enfants, mais aussi d’un point de vue financier. Ça c’est quelque chose que je trouvais injuste, qu’ils avaient le droit à cela et pas moi. Alors que maintenant je sais qu’ils ont fait comme ils ont pu. Mais à l’époque, je voulais vraiment que mes parents, puisse nous aider concrètement et que sinon, c’était trop dur pour nous.

Jennifer : Et du coup, quelle éducation ils t’ont donné ?

Halimata : Alors mon éducation, nous avons eu une éducation Ouest Africaine. Pas l’ouest Africaine … De campagne ouest africaine, c’est plus juste. Nous sommes trois filles, trois garçons. Parce que nous étions des filles, nous avions des tâches qui nous incombaient. Parce que nous étions des filles, nous avions des devoirs et beaucoup moins de droits. Et quand on était un garçon, c’était l’inverse. C’est plus sympa d’être un garçon que d’être une fille. Il y avait des choses basiques qu’on ne pouvait pas, comme faire du sport. On ne pouvait pas faire de sport parce qu’on était des filles et les filles ce qui était important c’était de maintenir la maison. Nous, en tant que filles, on nous préparait à devenir des épouses et à être des mères. Alors très jeunes, on nous met ça dans la tête. On ne nous a pas laissé grandir. L’objectif, il faut grandir vite, vite, vite, vite, vite parce qu’il va falloir que tu saches tenir ta cuisine, il va falloir que tu saches tenir ta maison, alors il faut aller le plus vite possible. Alors c’était une enfance assez dure sur ce point de vue, là. Il y a aussi une enfance ou on éduque beaucoup avec la violence. Beaucoup, beaucoup avec la violence. Et ça, c’est très, très difficile. Où il y a qu’un seul chemin, et si vous ne prenez pas le chemin et bah ça peut vous coûter très cher. Mais il y a un seul et même chemin. Vous voyez ? Et c’est… Moi j’étais un peu rebelle, un peu beaucoup, alors je prenais un peu la tangente, mais ça me coûtait. Tu vois ?

Jennifer : Oui

Halimata : C’est dans ce sens, là. C’est à dire, une éducation stricte, très conservatrice, où on éduque les enfants avec beaucoup de violence et où on ne nous prépare pas à nous accomplir. Tu vois ?

Jennifer : Oui.

Halimata : On te dit pas : « bah vas-y, le plus important c’est que t’es un métier dans lequel t’es épanoui. » Non, non. Depuis petit on doit te dire, ce qui est le plus important, toi c’est que tu te maries et que tu ais des enfants. On va mettre ça dans la tête des filles.

Jennifer : Il n’y a pas d’enfance en fait. On est adulte directement.

Halimata : Oui, on n’a pas le temps. Et surtout quand c’est une fratrie où nous avons peu d’écart. L’objectif c’est que les grands grandissent pour pouvoir aider la maman. Tu vois ? C’est dans ce sens, là. Et on ne fait pas des enfants, l’objectif, ce n’est pas de… A l’heure actuelle, quand on fait un enfant, c’est qu’on décide d’avoir un enfant. On est dans un couple et on a envie de s’en occuper, on a envie de le choyer… Mais là, on fait des enfants parce qu’il faut faire des enfants. La réflexion ne va pas jusque, là. Tu vois ? On ne se pose pas la question « j’ai envie, j’ai pas envie », non.

Jennifer : « Comment on va l’éduquer ? »

Halimata : Non, non, non, non. Là on est loin

Jennifer : « Ce qu’on va lui apprendre ? Comment on va l’élever ? »

Halimata : Ah non là on est loin, loin, loin, loin, loin. On est loin de tout ça. Les enfants, ils arrivent, c’est comme si un peu, ils tombaient du ciel, tu vois. Voilà, ils arrivent, maintenant il faut s’en occuper. C’est ça. Ils sont là. C’est pour ça qu’on ne se pose pas de question. On se marie, et on se marie pourquoi ? Pour faire des enfants. C’est à dire que la sexualité féminine est uniquement reproductive. C’est rien d’autre. Tu vois ? Tu comprends le contexte ?

Jennifer : Oui, oui.

Halimata : Et c’est pour ça, qu’aux petites filles, même maintenant à des adultes, quand tu discutes un peu avec elles, elles vont te dire… Elles ne vont pas te dire « Bah ouais, j’ai envie d’avoir tel type d’emploi, j’aspire à ça ». Non, parce que c’est l’éducation, c’est là où on se rend compte de la force, c’est que, adulte on finit par croire ce qu’on nous a inculqué. On ne le remet pas vraiment en question.

Jennifer : Oui, c’est très dur de sortir de tout ça.

Halimata : Oui, c’est très dur de sortir de cela. Surtout qu’on n’a pas parlé d’un thème, je pense que tu vas aborder plus tard.

Jennifer : Oui

Halimata : Alors je te laisse l’aborder. Mais on est quand même dans un environnement où l’individu n’existe pas, où c’est le groupe qui prime sur l’individu. Raison pour laquelle on ne se marie pas pour soi mais pour consolider les liens familiaux. Ce qui veut dire que ce n’est pas toi qui va choisir ton mari.

Jennifer : Tu ne choisis pas ?

Halimata : Non, ça va être la famille qui va choisir untel parce que c’est bon pour la communauté. Que ce soit bon pour toi…

Jennifer : La communauté…

Halimata : Oui. Tu vois c’est penser de manière… Penser en groupe. Se penser en groupe et pas en tant qu’individu. Tu vois ? Et déjà petite, on te prépare à ça. Et petite on te fait croire qu’en tant qu’individu, tu n’existes pas et que ce qui prime, c’est le groupe. Mais quand tu grandi là-dedans, tu finis par le croire.

Jennifer : Forcément.

Halimata : Et c’est très, très dur de déconstruire ça. Ça prend beaucoup de temps, ça prend des années. Tu vois ?

Jennifer : Et tu retiens… Qu’est- ce qu’ils t’ont appris tes parents ? Qu’est-ce que tu retiens aujourd’hui ?

Halimata : La force de travail, ce que j’ai appris c’est la force de travail, le goût du travail bien fait, et, le plus important, même si c’est pour un euro, mais que tu l’ais gagné à la sueur de ton front. Ça, ce sont des valeurs que mes parents m’ont inculqué. Le courage aussi. Moi j’ai vu ma mère faire des ménages dans les écoles et ce n’est pas facile. Dans les écoles, dans les établissements scolaires, elle est même tombée. Ma mère, elle est très, très courageuse, moi je lui tire mon chapeau. Arrivée en France, elle s’est vraiment débrouillée, elle a pris aussi des cours alphabétisation. Elle s’est débrouillée, mais, il y a quand même la tradition qui reste. C’est ce que je dis souvent lors de mes conférences [Je vais pauser ça quand même

Jennifer : Tu peux le garder.

Halimata : Non, mais j’avais ça dans la main comme un micro, en train de parler]

Je dis souvent dans mes conférences, que les gens, quand ils arrivent en France, ils ne laissent pas leurs bagages culturels à l’aéroport. Les gens viennent avec. Et avec tout, tout.

Jennifer : Oui mais ça peut être une richesse aussi.

Halimata : Ca peut être. Oui, moi je pense qu’il y a les deux. Mais après le propre de l’adulte, c’est de savoir dissocier ce qui est bon et pas bon. Tu as raison, il y a des aspects positifs, comme ce que j’ai dit, le courage, la détermination, l’honnêteté, le sens de la parole.

 

Halimata : C’est aussi ça qui fait que les gens ne disent rien.

Jennifer : Oui, mais peut-être en parler en sein de la famille ?

Halimata : Non, ça non, c’est tabou.

Jennifer : Parce que c’est la sexualité en fait ?

Halimata : Oui, voilà, c’est lié au sexe de la femme. Vous savez, même d’autres… J’ai reçu de nombreux messages de femmes qui ont subi la même chose que moi. Le temps a passé, mais elles sont incapables d’en parler. Et de le dire aux vues et aux yeux de tous, « j’ai subi l’excision », les femmes n’en parlent pas, les femmes… C’est là que je montre… Ce qui est important de montrer c’est à quel point les non-dits sont forts dans cette question, là. Des femmes qui ont subi et qui sont maintenant… Qui travaillent, qui sont parfois mère de famille, elles vont refuser d’en parler.

Jennifer : Tellement la pression était forte dès le début en fait ?

Halimata : Et c’est resté. Elles ont totalement intégré le tabou lié à l’acte de l’excision. Elles l’ont tellement intégré qu’elles n’en parlent pas. Quand elles m’en parlent c’est via Facebook, ce qui n’engage à rien.

Jennifer : En privé

Halimata : Oui, voilà en privé, voilà c’est ça. Par message, elles me disent « oui, t’es courageuse », elles me disent des choses qui me touchent profondément. Elles me racontent aussi, parfois, ce qu’elles ont subi, les conséquences de l’excision, parce qu’il y a des conséquences importantes, les difficultés qu’elles peuvent avoir dans leurs vies de couple, avec leur conjoint, ça aussi c’est non négligeable. Le rapport qu’elles ont-elles même avec leurs propres filles. Parce que là aussi, il y a une projection. Même si elle-même, même si elles ne font pas cela à leurs propres filles, il y a quelque chose quand même de très ambiguë dans le rapport qu’elles ont avec leurs filles.

Jennifer : C’est à dire ?

Halimata : Bah, il y avait une femme qui m’avait fait cette confidence. Elle a subi l’excision et tout. Elle est plus du tout en contact avec ses parents, elle a fait ce choix, là. Et elle a une petite fille et elle n’est pas en mesure de donner de l’affection à sa fille. Elle peut lui donner… Elle va s’en occuper pour lui donner à manger, pour donner… Voilà, quelque chose d’assez primaire, mais ne serait-ce que de lui mettre la main dans les cheveux, pour elle, c’est une torture. Pour la mère c’est une torture, c’est pour vous montrer à quel point c’est lié à sa propre histoire, de la mère avec sa propre mère. Je pense qu’il faut qu’elle règle ça pour casser, pour éviter de répéter avec sa fille. Mais, c’est tellement fort, c’est tellement complexe, que… Elle a eu une fille, elle a voulu cet enfant, elle l’a désiré, malgré cela, il y a quelque chose qui reste.

Jennifer : Oui, c’est imprégné en fait.

Halimata : C’est ça, c’est pour ça que je dis que c’est une question de projection. Cette petite fille aussi, elle se voit à travers les yeux de sa petite fille. Parce qu’elle même m’avait fait cette confidence que sa mère n’était pas quelqu’un d’affectueux. Elle n’a pas connu les câlins, les bisous et pour elle c’est très dur. C’est très dur quand on n’a pas connu ça, de donner ça.

Jennifer : Oui de refaire… On refait tout le temps le même chemin.

Halimata : Oui, voilà c’est ça. Et c’est vrai que ça n’est pas évident, quand on n’ a pas connu l’affection, à son tour de donner, il faut vraiment aller chercher au fond de soi.

Jennifer : Un travail psychologique qui prend des années.

Halimata : C’est un travail à faire. Il faut le faire, parce qu’il ne faut pas que la fille devienne aussi… On ne peut pas répéter ad vitam æternam, ce que les mères et grand-mères ont reproduit.

Jennifer : Surtout quand on a souffert nous-même.

Halimata : Voilà, mais vous savez, nous sommes nombreux sur cette Terre… C’est Annie Smile qui parle du schéma de répétition. Mais quelque chose de basique : la fessée. Les parents mettent une fessée à un gamin ou une claque. Vous allez dire aux parents « mais pourquoi tu donnes une claque ? ». Il dit « Oh bah moi j’en ai reçu, je ne m’en porte pas plu mal ».Ou, il va vous dire « c’est pour son bien ». Je trouve ça assez contradictoire de parler du bien et de violence. On peut se poser la question.

Jennifer : C’est vrai.

Halimata : Et cet adulte dit que, lui a reçu des claques et qu’il ne s’en porte pas plus mal. Il est dans un schéma de répétition. Il a reçu des claques et il donne des claques à son tour. Et qu’est-ce qui fait que… Elle l’explique très bien Annie Smile… on va s’arrêter et on va faire autrement ? C’est quand, étant adulte, on est capable de se dire que nos parents se sont trompés. De se dire, de remettre en cause nos propres parents, et de nombreux adultes ne le font pas. Parce qu’il y a une sacralisation des parents, il y a, voilà, « mes parents sont merveilleux ».

Mais pour le bien de soi et pour la génération suivante, c’est aussi bien de reconnaître qu’ils se sont peut-être trompés là. Ils ont fait comme ils ont pu certes, mais là ils ont peut-être mal fait. Et à partir du moment où vous êtes en mesure de faire ça c’est que vous êtes en mesure de remettre en cause vos propres parents et donc de remettre en cause leur action.

Jennifer : Et peut-être de se remettre en cause soi-même après.

Halimata : Oui et donc c’est là… Comme vous réfléchissez et vous essayez de voir autrement, de voir les choses de manière différente, vous allez donc ouvrir une autre porte qui va être différente de celle de vos parents et vous serez beaucoup moins dans un schéma de répétition parce que vous verrez… Souvent les petits garçons qui ont connu la violence ils vont battre à leur tour. Là aussi c’est un schéma de répétition. Qu’est-ce qui fait qu’il y a certains qui vont répéter et d’autres qui vont casser ce schéma? C’est la remise en cause ses parents, de ce qu’on a vécu et de reconnaissance, de reconnaissance de sa souffrance : « bah oui quand j’ai pris une claque ça m’a pas fait du bien ». Il faut reconnaître. Si vous reconnaissez qu’avoir pris une claque ça ne vous a pas fait du bien, sans doute, vous allez moins mettre de claque à votre tour.

Jennifer : C’est sûr. Et du coup, le parcours après ça, après la blessure

Halimata : Alors après la blessure de l’excision…

Jennifer : Dans la continuité de la blessure du coup.

Halimata : Je rentre en France. J’étais à l’école maternelle. Et là, moi je pose aussi cette question, là : une petite fille que vous voyez marcher là, mais d’une manière où vous voyez qu’il y a quelque chose. Alors on ne pose pas de question. Moi je pose cette question, là. Une petite fille que vous voyez marcher un peu les jambes écartées, les jambes arquées, et y a pas un adulte qui se baisse pour savoir, pour demander ce qui se passe.

Jennifer : C’est plus facile de fermer les yeux en général.

Halimata : C’est ça. On ferme les yeux et on se rend complice, attention, on se rend complice. Alors même si la petite fille que j’étais ne connaissait pas le mot excision, j’aurais pu dire « oui j’ai mal, j’ai un bobo, on m’a fait ça » avec des mots d’enfant.

Jennifer : Encore aurait-il fallu poser la question.

Halimata : Exactement, exactement, tu as tout dit Jennifer, mais on n’a pas voulu voir. Le PMI, le centre de protection maternelle infantile de la ville où je résidais, avant que je parte, il m’a ausculté. Il a vu que j’étais entière. Et après il a vu qu’il y avait quelque chose qui avait changé. Il n’a rien dit.

Jennifer : Il n’a rien fait.

Halimata : Il n’a même pas fait de cinéma rien du tout. Rien, rien, rien, rien. Et là aussi on peut parler de complicité de la part de ce médecin. Et vous savez pourquoi même ça a reculé au niveau des petites filles qui ont été excisées. C’est toute une campagne qui a été faite par une avocate, Linda Weil-Curiel, qui s’est battue pour que l’excision soit jugée comme un crime et non comme un délit. Parce que voler quelque chose, ça n’a rien à voir avec arriver et amputer, c’est quand même criminel. Elle explique parfaitement bien que… il y a eu des formations au niveau des médecins et des pédiatres, et c’était clairement indiqué que si la maman dit qu’elle va… Qu’elle part en vacances en Afrique avec sa petite fille, le pédiatre doit ausculter la petite et il dit aux parents : « j’ai vu votre fille, elle est complète. Si vous partez et qu’elle revient et qu’elle n’est pas dans l’état dans lequel je l’ai vu, on va faire un signalement et vous aurez à faire à la justice ». Les familles ont eu peur. Ce n’est pas qu’ils ont compris. Ils ont eu peur. Disons la vérité, c’est la peur d’aller en prison.

Jennifer : C’est déjà un premier pas.

Halimata : Oui voilà exactement, c’est un premier pas. Et ça a sauvé de nombreuses petites filles, cette menace de se dire « on va allez… vous allez aller en prison ». Et dans les années 80, c’est une petite fille qui s’appelait Bobo. Le père savait que c’était interdit d’exciser sa fille en France. Le père le savait pertinemment. Alors, la petite, je crois qu’elle a… quatre mois… entre trois et cinq mois. Le papa fait venir une dame exciseuse, ils excisent la petite, le bébé. Le bébé saigne, et saigne abondamment. Mais le père se dit « bah je ne peux pas aller à l’hôpital ». Si il va à l’hôpital, on va lui dire « bah attendez, qu’est-ce qu’il s’est passé avec votre fille ». Le papa décide de ne pas aller à l’hôpital et de rester chez lui alors que la petite se vide de son sang. En fin de journée, il se dit « bah tient, je vais peut-être aller à l’hôpital ». Il arrive à l’hôpital, c’est trop tard, la petite est morte. Elle est morte d’hémorragie. La petite s’est vidée de son sang. Mais c’est là où on se rend compte que c’est quand même incroyable. Et là, à ce moment, là, le chef d’inculpation, pour les parents, vous savez ce que c’était ? « Non- assistance à personne en danger ». C’est des cacahuètes ça.

Jennifer : Un petit peu.

Halimata : Alors que c’est criminel. C’est eux qui ont tué leur fille. Certes, c’est la dame qui a été couper la petite. Mais qui est-ce qui a fait venir cette dame ? Ce sont les parents. Sinon jamais elle serait venue.

Jennifer : C’est rare qu’on sonne à la porte comme ça.

Halimata : Ouais, voilà, c’est ça. C’est rare qu’on sonne à la porte comme ça « coucou c’est moi, je suis exciseuse.

Jennifer : C’est rare.

Halimata : Non, ça ne fonctionne pas comme ça. Mais, c’est pour que les… Parce que parfois ils disent « oh mais non, il faut juger l’exciseuse et pas les parents ». Non. Les parents sont tout autant responsables parce que c’est eux qui apportent leur fille. C’est eux qui prennent leur fille et qui l’amène chez cette femme. Ils sont, pour moi, c’est égalité. Si c’était moi, je mettrai les mêmes peines pour les familles et pour l’exciseuse.

Alors, je reviens à moi. Suite à cela je vous ai dit je suis revenue en France, je me suis mise à faire pipi au lit alors que je ne faisais pas avant d’avoir été excisée mais on n’avait pas fait le rapprochement entre les deux dans ma famille. Moi je l’ai su après coup, en allant voir le chirurgien qui m’a réparé. Nous avons discuté et c’est lui qui m’a appris qu’il y a un lien direct entre l’excision et le fait que je me suis mise à faire pipi au lit. Moi ça a été cela, mais à d’autres femmes ça va être autre chose voyez-vous. Moi je connais des femmes qui après avoir subi l’excision avaient des douleurs constantes au niveau du vagin. Tout le temps, elles avaient mal. Des années et des années, elles avaient mal. Jusqu’à ce qu’elles se fassent opérer par le chirurgien et suite à cela, la douleur s’est arrêtée nette. Vous voyez. Et après je pense qu’il y a… Moi pendant très, très longtemps j’ai eu un dégoût de mon propre corps. J’ai eu un dégoût parce qu’il y avait un étranger qui a osé mettre sa main dans ce que j’avais de plus intime en moi et je trouvais que par cet acte, là, le corps que je portais ne m’appartenait pas. Il était à eux.

Jennifer : Alors que t’y es pour rien finalement.

Halimata : Mais c’est ça le problème. C’est qu’on n’y est pour rien mais on a honte. C’est comme les femmes qui se font violer. Elles y sont pour rien mais tu vois, elles ont honte de ce qu’elles ont subi alors qu’elles sont victimes. C’est ça c’était vraiment très, très dur cette espèce de dégoût de soi, c’est compliqué à gérer

Jennifer : Finalement c’est peut-être ça le plus dur en fait ?

Halimata : Oui c’est sûr parce qu’après il faut apprendre à s’aimer et ça c’est une autre paire de manches. Et alors ce que je faisais c’est que je m’étais dans ma tête… J’avais dissocié mon corps, mon corps et ma tête. Je les avais dissociés. Pour moi mon corps, ce n’était pas moi.

 

Le regarder… J’ai essayé de faire un travail pour me réconcilier moi-même avec moi-même. Vous voyez ? Me réconcilier avec mon histoire et surtout d’accepter ce qui m’était arrivé et de pardonner. Tu vois ?

Jennifer : Long travail

Halimata : Ouais c’est ça. Bah ça prend des années. Je te le dis franchement, ça prend des années.

Jennifer : Et justement quand t’es parti au Canada du coup. Qu’est-ce qu’il en ressort ? Qu’est-ce que tu as vécu là-bas ?

Halimata : Au Canada, c’était une très belle expérience puisque j’y ai vécu cinq ans. Alors je tente de voir le pays, de comprendre un peu le fonctionnement. Le Canada, ça m’a permis vraiment de faire le point. De me retirer vraiment de l’environnement dans lequel j’ai évolué pour voir autrement. Quand vous êtes dans un environnement vous avez tendance à voir toujours de la même manière. Et là, le fait que je sois loin, ça m’a permis… J’ai eu cette chance là parce qu’il y a des gens ou ça fonctionne pas, vous pouvez les amener peu importe où, ils gardent ça. Mais moi, j’ai eu cette chance de rencontrer des gens qui m’ont permis de voir les choses de manière différente. Je n’étais pas fermée à ça, au contraire je voulais apprendre. J’étais dans une espèce de quête pour… Je voulais apprendre à m’aimer, je voulais apprendre à accepter mon histoire, je voulais apprendre à être la vraie Halimata. Et pas celle qui est victime. Je voulais dépasser mon statut de victime, de ce que j’avais subi et je ne voulais surtout pas qu’on me définisse comme victime de l’excision. Je voulais aussi… Parce que, pendant très longtemps, pour moi, je n’étais pas une femme, avant de partir. Comme j’avais subi ça. Malgré la réparation que j’avais faite, pour moi je n’étais toujours pas une femme à part entière. Et là-bas j’ai appris aussi ça. A m’accepter telle que je suis et à me dire « Bah je suis une femme malgré tout. Et que tout est possible. Ça, c’est ce que j’ai appris en Amérique du Nord. Tout est possible. La porte est ouverte quoi. C’est pour ça que je me suis mise à écrire. Là-bas j’ai cru que c’était possible, que je pouvais me mettre à écrire, que mon livre puisse être publié. Là-bas, oui je pense que si j’étais restée en France… Si j’étais restée en France non, j’aurais pensé « bah ce n’est pas pour moi ça. Ça c’est pour les autres mais pas pour moi ».

Jennifer : Quelle est la différence, en fait, entre les deux mentalités, les deux cultures ?

Halimata : En Amérique du Nord, c’est une société qui est très optimiste. C’est une société aussi qui est très portée sur l’entrepreneuriat. Et quand vous dites « oui j’ai envie de faire ceci ou de faire cela », les gens ne vont pas vous dire « ah bah non ». En France, c’est horrible, tu dis que tu veux faire ça, on va te dire « oh bah non, je ne sais pas quoi ».

Jennifer : Dès tout petit en général.

Halimata : Oui c’est terrible alors que là-bas, on va vous dire « bah vas-y go, vas-y essaye et si tu n’y arrives pas ce n’est pas grave. Au moins tu auras essayé ». Et vous savez même du côté des États-Unis ont fait plus confiance à un entrepreneur qui a eu des échecs qu’à un entrepreneur qui réussit du premier coup parce que l’échec ça forge et ça montre que c’est quelqu’un qui est capable de revenir malgré les échecs. Une fois, deux fois, trois fois il ne lâche pas. Il a la niaque.

Jennifer : Détermination en fait.

Halimata : Et c’est ça détermination à fond. Mais si vous avez réussi dès le premier coup…

Jennifer : Ça peut paraître une part de chance.

Halimata : Ça peut être une part de chance. Mais on ne sait pas, ça révèle pas votre caractère parce que c’est vraiment dans les difficultés que les gens se révèlent réellement. Parce que là, ils ne font plus semblant. Mais vraiment pour moi ça a été une expérience très enrichissante. D’ouverture sur le monde aussi. D’accepter les autres tels qu’ils sont, de ne pas être dans le jugement. Ça, j’ai appris ça, là-bas. Qu’on peut être différent aussi. J’ai appris ça. Qu’on peut avoir des chemins de vies complètement différents. Et ce n’est pas parce que c’est différent que c’est mauvais ou pas bien. C’est juste différent. Ça, j’ai appris ça aussi là-bas. J’ai beaucoup appris là-bas.

Jennifer : Plus qu’en France finalement pendant toutes ces années.

Halimata : Bah ce n’était pas du tout la même dynamique. Là-bas vraiment j’avais pris le temps… Bah déjà j’étais malade, je ne pouvais pas travailler. Alors j’ai arrêté de travailler. Et donc j’ai fait un travail sur moi très profond. J’avais commencé à le faire en France mais comme j’étais toujours dans cette dynamique de combat c’est très compliqué pour… Là, là-bas, j’ai lâché prise. Je me souviens, j’avais quitté mon appartement, j’étais partie en collocation, j’étais très tranquille. C’est à dire que les soucis du quotidien, il fallait que j’en ai le moins possible. Voilà. Et c’est là que j’ai pu me regarder. Mais quand vous êtes dans l’urgence… Mais vous n’avez pas le temps de faire ça.

Jennifer : C’est vraiment de vivre l’instant présent et être face à soi.

Halimata : Oui voilà. Exactement, apprendre à vivre dans l’instant présent c’est quelque chose que je ne savais pas faire. Moi, j’étais tout le temps dans la projection. Jamais dans l’instant. J’ai appris ça là-bas aussi

Jennifer : C’est peut-être aussi lié à l’Île-de-France qui est un peu… Très…

Halimata : Mais je pense que tu as sans doute raison parce que même depuis que je suis rentrée, là, ça fait un an que je suis rentrée, je trouve ça dur d’être en Île-de-France. Je trouve… Tu sais les gens sont très pressés. Vraiment très, très pressés. Vraiment pressés mais tout le temps. Tu ne sais pas pourquoi, où est-ce qu’ils vont, mais ils sont toujours très pressés. Je trouve que l’atmosphère, je trouve qu’elle est… Ce n’est pas très… Je trouve ça lourd. Et plus le temps passe et plus je trouve ça lourd l’atmosphère. Alors bon, je vais peut-être m’exiler ailleurs en France. Je ne crois pas que j’irai sur un autre continent. A l’heure actuelle non, je ne crois pas. Mais j’ai envie d’être dans un endroit plus paisible parce que ce que je cherche à l’heure actuelle, c’est que ce soit en adéquation avec l’état d’esprit dans lequel je suis. Tu vois ? Moi je ne suis pas dans une course effrénée. Je ne suis pas du tout là-dedans. Tu sais, je ne suis pas prête à me tuer pour louper le métro alors que deux minutes après il y a un autre métro quoi, tu vois. Tu vois, ça j’ai remarqué ça, tu vois à Rennes… Quand j’étais à Rennes il y avait le métro et ma copine, elle me dit « bah, on prendra le prochain ». Je lui ai dit « Ah ça c’est rigolo, ça serait à Paris on aurait couru alors que deux minutes après, il y en a un.

Jennifer : Alors qu’on est la région la plus desservie normalement.

Halimata : Ouais c’est ça.

Jennifer : C’est important deux minutes.

Halimata : C’est ça, c’est là qu’on se rend compte que deux minutes c’est quand même deux minutes alors il faut quand même les prendre. Et tout compte fait même avec ces deux minutes là, on ne s’en sort pas réellement pour nous parce qu’on court tout le temps, qu’on passe son temps à courir et prendre le temps vraiment d’être tranquille, d’être posée, ça fait vraiment énormément de bien. Et même au niveau de la qualité de vie ça change aussi je pense.

Jennifer : Donc justement après la blessure il y a la reconstruction et comment tu as fait ?

Halimata : A l’époque j’étais encore étudiante. J’avais entendu parler de cette reconstruction par le G.A.M.S qui est l’association qui lutte contre les mutilations génitales faites aux femmes. Je m’y suis rendue, je me suis assise. J’ai entendu une fille demander un numéro, le Docteur Pierre Foldes. J’ai demandé le numéro et je suis partie. Et je n’y suis plus jamais revenue. Et j’appelle. Alors j’obtiens un rendez-vous avec le Docteur Foldes je vais dans sa clinique à Saint-Germain-En-Laye. Il regarde. Il regarde pour voir si je suis opérable parce que toutes les femmes ne sont pas opérables. Tout dépend de la manière dont c’est fait. Il y a des femmes, ce n’est pas possible. Et il me dit « bah oui toi tu es opérable… Vous êtes opérable ». Il prend rendez-vous avec l’anesthésiste, des choses comme pour une opération lambda. Et après le jour de l’opération. Que je n’ai pas dit. Mais je l’ai fait en cachette.

Jennifer : Encore une fois.

Halimata : Je me souviens j’étais à la fac. Alors ça se fait très rapidement, très facilement. « En quarante minutes hop, hop, hop ». C’est vrai c’est hop, hop, hop, pour lui mais pour nous ce n’est pas hop, hop, hop. Et suite à l’opération… Bah là, je me souviens j’avais passé la nuit là-bas. Le Docteur Foldes, il m’avait dit « surtout ne restez pas debout. Si vous restez debout ça gonfle et ça va vous faire mal ». Sauf que comme moi j’avais menti, il fallait que je continue ma vie d’étudiante. Et je me souviens, j’étais à Paris III et je crois que c’est le lendemain ou deux jours après, il fallait que j’aille à la fac. J’avais tellement mal, j’en pleurais sur la route. J’en pleurais tellement la douleur était forte. Vous imaginez ? Parce que c’est très… C’est dans des endroits très sensibles. Alors quand ça se réveillait terrible, terrible, terrible, terrible, terrible. Il m’avait prévenu hein, mais bon c’était moi, il fallait que je fasse comme si de rien n’était. Alors après cette opération, je me suis rendue compte que ce n’était pas magique. Oui, mais faut le dire aux femmes. C’est pas magique, ce n’est pas hop, hop, hop et hop, non. Le gros travail c’est psychologique

Jennifer : Ça ne dure pas quarante minutes.

Halimata : Ouais voilà non. Le gros travail c’est psychologique. Parce que même après le travail, c’est un travail de réappropriation de son corps. Vous devez apprendre à  vous connaître, vous devez vous observer, vous devez aimer aussi ce corps. Parce que là, l’excision, il y a une personne étrangère qui va dans ce qui a de plus intime en vous. Et là, avec la chirurgie, il y a une autre personne qui vient. On va dire, certes elle vient réparer, mais c’est quand même quelqu’un d’autre qui vient encore dans ce qu’il y a de plus intime en vous. C’est-à-dire que ce n’est pas évident ce n’est pas une opération comme ça lambda. Alors moi j’ai eu un très, très long travail thérapeutique pour me réapproprier mon corps, pour accepter ce qui m’était arrivée et  pour aussi comprendre que l’opération ce n’était pas magique. Et que le gros du travail c’est à moi-même de le faire. Et qu’il y a personne qui va pouvoir le faire à ma place. Peu importe le chirurgien, peu importe le psychologue. Peu importe. C’est moi qui vais devoir faire ce travail, là, si je veux être en paix avec moi-même.

Jennifer : Donc déjà le travail de se dire que c’est quelqu’un qui nous a mutilé et qu’il faut soi-même tout réparer en fait, tout reconstruire. Et finalement peut-être enlever cette rancœur pour avancer.

Halimata : C’est ça. Enlever cette rancœur, parfois même cette haine qu’on peut avoir. Et de se dire… Parce que c’est particulier… Parce que l’excision, elle est faite, quand même par des gens de votre propre famille. C’est ça qui est difficile. C’est compliqué quand même à gérer. De se dire « bah attends, cette femme qui dit m’aimer, elle m’a quand même fait subir ça ».

Jennifer : Donc il y a un manque de confiance, en plus, après. On est seule en fait.

Halimata : Bah on est totalement seule. Et là en tout cas, vous savez qu’il y a quelque chose qui s’est brisé. Parce que là, vous vous dites quand même que la mère qui est censée protéger sa fille, bah elle l’a pas fait. Elle ne l’a pas fait. Et donc, bon, il faut trouver un autre… Il faut trouver un autre moyen de… Pour la protection. Vous comprenez que c’est à vous même de vous protéger. Moi c’est ce que j’ai compris. Qu’il n’y a personne qui pourra me protéger. C’est à moi de le faire. Sinon, il y a personne de ce monde qui le fera. J’ai une amie qui me dit « Halimata, tu te trompes » Elle me dit « bah non » parce qu’avec son conjoint, il la protège et tout. Il a toujours été là et tout. D’accord. Mais moi, c’est ce que je me disais. Qu’il y a personne qui pourra me protéger. Après ça dépend de l’histoire de chacun. Y a pas de règle établie « oui c’est lui, ceci, cela, non. Moi, à mon époque… A ce moment-là, pardon… il n’y avait personne qui pouvait me protéger. Et ça, je l’ai compris très tôt.

 

Halimata : Je l’ai écrit, ça devient public. Il va de soi qu’il y en a certains qui ne vont pas être, forcément, en adéquation avec ce que j’écris. Mais il y en a d’autres que ça aide. Et pas forcément que des femmes qui ont subi la même chose que moi. Parce que nous subissons tous des épreuves. Elles sont diverses d’une femme à une autre ou d’un individu à un autre. Mais on se retrouve aussi dans la manière dont je décris la douleur. Dans le ressenti. Et je trouve que c’est ça qui est intéressant. Y a même un homme qui m’a fait des confidences en me disant « Bah oui, Halimata, ce que tu as écris, je me suis retrouvé dedans ». J’ai trouvé ça très beau.

Jennifer : C’est universel après.

Halimata : Oui. Je tends vers… Vers l’universalisme.

Jennifer : Et de quoi tu es la plus fière, en fait, dans ton parcours, du coup, après tout ça ?

 

Halimata : De quoi suis-je la plus fière ? Alors… D’avoir surmonté tout cela. D’être face à toi aujourd’hui et de pouvoir parler de sujets qui sont très, très forts. Vraiment, le numéro un, je dirais, d’avoir surmonté tout cela. Le plus beau compliment qu’on m’ait fait, c’est la conjointe d’une amie qui m’a dit « Halimata, tu es une Warrior ». Pour moi c’était le plus beau compliment qu’on puisse me faire. C’est ça. Malgré tout, j’ai foncé alors que ce n’était pas évident, ce n’était pas facile. Mais j’y suis quand même arrivé.

Jennifer : Donc le jeu en vaut la chandelle finalement.

Halimata: Oui, le jeu en vaut la chandelle.

Jennifer : Même si on est très bas, on peut se relever.

Halimata : Oui je suis convaincue qu’on peut se relever de tout. J’en suis convaincue. De tout. Après, il faut avoir la volonté, il faut avoir envie. Après ça dépend de soi. Mais on peut. Je vous ai dit tout à l’heure « tout est possible ». Dans ce monde tout est possible. Encore faudrait-il y croire. Si vous croyez, tout est possible. Mais si vous n’y croyez pas, non ça ne va pas être possible. C’est déjà ça. Quand vous y croyez, hop, vous avez déjà l’esprit qui va vers. Moi, ça, j’en suis convaincue.

Jennifer : Et du coup quels sont tes projets maintenant ?

Halimata : Alors mes projets… J’ai terminé l’écriture de mon deuxième livre. Je souhaite qu’il paraisse en 2017. Alors je continue à animer des conférences partout en France et je souhaite travailler dans les médias. Avoir une chronique consacrée à la culture, à la littérature. C’est ce que je souhaite faire et je travaille pour. Et je souhaite aussi rencontrer toutes ces femmes… Parce que j’interviens aussi dans les établissements scolaires. Essayer de faire changer l’état d’esprit, de se dire que c’est possible quoi. Même si c’est dur, c’est quand même possible. Il n’y a pas de fatalité. Et que les femmes comprennent que même si on a subi des choses atroces, on ne se résume pas à ce que l’on a subi. On est beaucoup plus forte que cela. Mais il faut sortir de son statut de victime. On n’est pas que victime de quelque chose. On n’est pas qu’une femme excisée ou une femme autre chose. On est une femme avant tout.

Jennifer : Avec pleins de facettes différentes.

Halimata : Exactement. Nous avons toutes des facettes différentes. Voilà, il faut les mettre en lumière. C’est ça tout le parcours, ce que l’on doit faire, c’est mettre en lumière nos compétences, nos capacités, nos belles réalisations, je trouve.

Jennifer : Ce n’est pas facile tout ça.

Halimata : Ce n’est pas facile, mais c’est possible

Jennifer : C’est possible tu en es la preuve vivante d’ailleurs.

Halimata : Bah ça, je ne sais pas si j’en suis la preuve vivante. Mais en tout cas j’y crois.

Jennifer : Bah je te remercie beaucoup en tout cas.

Halimata : Merci à toi.

Jennifer : Je ne sais pas si tu veux rajouter quelque chose.

Halimata : Bah j’invite…

Jennifer : J’attendais

Halimata: Alors j’invite tous les auditeurs à lire mon livre « Mariama l’écorchée vive » aux éditions Karthala. Alors, vous pouvez le commander partout, dans les librairies ou sur Internet. « Mariama l’écorchée vive ». Merci.

Jennifer : Je mettrai un petit lien en-dessous de la vidéo.

Halimata : OK merci.

Jennifer : Merci beaucoup, en tout cas, d’avoir accepté. Surtout pour la première.

Halimata : Bah je suis vraiment ravie d’avoir échangé avec toi sur ces questions. Merci à toi.

Jennifer : Merci beaucoup.

Halimata : Je reviendrai pour le deuxième.

Jennifer : Avec plaisir.

Halimata : OK.

 

Appel à témoins

Appel à témoins

Après avoir écris sur le parcours de personnes connues mais aussi d’inconnus qui ont su se relever après un drame, je vous propose de mettre en avant votre propre parcours.

Si vous aussi, vous voulez prouver aux autres que tout est possible, n’hésitez pas à me contacter à l’adresse jennifer_rv@inspiremoidetavie.com

 

TRANSCRIPTION

Salut à tous, c’est Jennifer Racine, mieux connue sous le nom de Jennifer RV, blogueuse sur http://inspiremoidetavie.com et biographe familial.

Dans la vie, on traverse tous des hauts et des bas. Pour ma part, mon premier très bas, je l’ai connu très tôt sur mon parcours.

Quand j’ai décidé de me relever, j’ai pensé à trois personnes :

A moi, même si on pense très peu à soi dans ces moments-là.

A ma famille.

Et aux autres.

Aux autres, pas pour leur jugement, car ça, on s’en fiche. Mais pour leur prouver que tout est possible.

C’est pourquoi, aujourd’hui, j’aimerai vous interviewer sur ma chaine YouTube, vous qui avez su vous relever, pour prouver aux autres que tout est possible, pour prouver à ceux qui vivent actuellement la même difficulté que vous, qu’ils peuvent s’en sortir et se relever à leur tour.

Je vous laisse toutes les coordonnées en bas de la vidéo. N’hésitez pas à me contacter.

A bientôt !

J’ai neuf ans – Première vidéo YouTube

J’ai neuf ans – Première vidéo YouTube

Aujourd’hui je vous propose de découvrir ma chaine YouTube « INSPIRE-MOI DE TA VIE ».

 

Dans la même lignée que les précédents articles, les vidéos que je vous présenterais feront écho à des parcours difficiles, à des individus qui ont su se relever après un drame.

J’ai grandi en croyant naïvement que le rôle de l’être humain était de faire son maximum pour rendre les autres heureux.

J’ai encore cette naïveté et me bats chaque jour pour la garder jusqu’à mon dernier souffle.

 

Mais mon parcours m’a aussi appris que peu importe les mains tendues, nous ne pouvons pas nous relever si un déclic ne s’opère pas dans notre propre cerveau. Nous ne pouvons pas espérer nous redresser si nous ne croyons pas en nous et en la possibilité d’un avenir meilleur. Nous ne pouvons pas espérer tenir debout si nous ne dépassons pas notre peur de sortir de notre bulle de confort si inconfortable qu’est la monotonie de notre désespoir.

 

Les hommes et femmes que je vous présenterais se sont retrouvés, à une période de leur vie, à terre.

Puis, ont décidé de faire face aux obstacles et, d’un pas après l’autre, les enjamber.

Aujourd’hui, lorsque je discute avec eux, je ressens leur gratitude envers ce chemin parcouru et un amour surdimensionné de la vie.

Ça ne leur a pas pris une journée, ni un mois, ni même une année. Le chemin vers le bonheur est souvent long et sinueux. Mais croyez-moi, si vous vivez un drame à l’heure où vous lisez cet article, le bonheur existe.

J’ai créé cette chaine pour contribuer à la communication sur des situations qui, si on en parle, pourraient être évitées par la suite. Mais aussi, lorsque la sentence n’est pas maitrisable, que le pire est inévitable, qu’un jour, le meilleur puisse en jaillir.

J’espère que les histoires que je vous présenterais vous inspirerons…

 

En attendant, je vous laisse découvrir un texte que j’ai écrit il y a quelques années et qui reprend tout son sens aujourd’hui.

 

J’ai neuf ans

 

J’ai neuf ans,

Le cœur battant dans ma poitrine bise la vitrine de mon âme ,

Comme une lame tranchant mon cœur à chaque pleur,

Je meurs, j’ai peur

 

Coincée  entre la vie et la survie,

La mort et les remords,

Je meurs, j’ai peur

 

Je veux partir, je veux m’enfuir,

Loin de ce corps,

Loin des pores de cette peau ou se noient tous mes maux,

Je meurs, j’ai peur

 

A la recherche de la flamme,

Loin de cette lame,

Renaitre de mes cendres pour ne plus jamais redescendre dans cet enfer,

Et devenir fière un jour,

D’un parcours

 

Ou ces blessures deviendront pures,

Ou mes plaies ne devront plus être pansées,

Ou mes traits ne devront plus être masqués,

Ou de cicatrice en cicatrice,

De chemin en chemin

 

Je pourrais me retourner et me dire que j’y suis arrivée

Que l’enfant fragile est devenu agile,

Car l’écorchée restera écorchée

 

Mais cette faiblesse qui aujourd’hui me blesse,

Laissera place dès demain,

Au creux de ma main,

A la force et au courage

 

Plus de rage,

Plus de rancœur,

Juste mon cœur pour te dire,

Que je veux vivre

 

Je n’ai plus peur, je suis en vie.

MARIE-LAURE PICAT (LA MERE COURAGE)

MARIE-LAURE PICAT (LA MERE COURAGE)

MARIE-LAURE PICAT

(LA MERE COURAGE)

 

Aujourd’hui, je vais vous parler de l’histoire de Marie-Laure Picat, une mère qui a dédié ses derniers mois avant sa mort à chercher une famille d’accueil à Ses quatre enfants afin de leur offrir le meilleur avenir possible après le drame qu’ils s’apprêtaient à vivre.

Son histoire m’a touchée en tous points. D’abord parce qu’elle parle de la force du lien qui lie une mère à ses enfants. Quelle que soit notre histoire avec nos parents ou nos enfants, il est difficile d’être insensible à ce sujet. Bons ou mauvais repères, les parents sont la base de la vie et les enfants deviennent la raison de vivre des parents. C’est le lien qui nous permet souvent de nous surpasser.

Dans cet article, ce que je voudrais mettre en avant, c’est cette persévérance sans faille dont Marie-Laure Picat a fait preuve.

Selon moi, cette mère courage est un exemple pour chacun d’entre nous.

 

I/ A l’état Brut

 

Marie-Laure Picat est née le 2 juillet 1972.

Ce qui la caractérise au premier abord est son humour qui lui permet de dédramatiser les mauvais moments de la vie. Au risque de mettre mal à l’aise certaines personnes, elle se servira d’ailleurs de son humour décapant jusqu’à ses derniers jours déjouant ainsi les principaux drames de la vie à savoir la maladie qui marque pour la plupart d’entre nous une sorte de stand-by, laissant l’espoir d’un retour à la vie, et la mort si redoutée marquant la fin définitive de ce que nous sommes, du moins dans cette seule forme que nous pensons connaitre.

On peut aussi définir Marie-Laure comme une personne directe, déterminée et persévérante. En effet, lorsqu’elle veut quelque chose, elle ne ressent pas le besoin de s’éterniser avec de longs discours complexes, mais préfère les phrases courtes et simples allant toujours droit au but. En revanche, si ce mode de communication ne fonctionne pas, elle est prête à employer tous les moyens qui la mèneront à son but final.

 

C’est probablement ces traits de caractères qui ont permis à Marie Laure Picat de surmonter chacune des épreuves de la vie.

En effet, elle est directe et attend que les gens soient directs avec elle. Selon elle, ça n’est pas la façon dont on annonce les choses qui va changer le problème.

En revanche, une fois que le problème est énoncé, elle a cette capacité à dédramatiser les situations par l’humour.

Ce type de comportement lui permet ainsi de se recadrer sur une énergie positive lui permettant d’une part à éviter l’effet placebo, mais aussi de vivre pleinement ce que la vie peut lui offrir de positif, même dans les moments négatifs.

 

II/ Un environnement familial

 

Sa mère, Marie-France Grison, née le 18 décembre 1949, a quitté le domicile familial peu après la naissance de Marie-Laure. Selon son frère ainé, elle ne travaillait pas, ne s’occupait pas de la maison ni des enfants. Lorsque son mari rentrait du travail, elle se maquillait et sortait avec ses amis. Le seul salaire du foyer était dépensé pour ses vêtements et ses sorties. De plus, elle était violente avec ses enfants.

Son père, Maxime Picat, était ouvrier et faisait les trois huit. En plus de son travail, il était passionné de cyclisme, passion qu’il partageait avec son fils. Il n’était donc pas souvent à la maison. Avec ses filles, il ne partageait rien et ne leur adressait quasiment jamais la parole. Il n’offrait jamais rien à ses enfants et les cadeaux de Noël étaient rares. Son éducation était stricte. Aucune sortie n’était autorisée et les faits et gestes de chacun étaient surveillés.

Après le départ de sa mère, la grand-mère paternelle de Marie-Laure est venue s’installer dans le foyer familial. C’est donc sa grand-mère qui lui donnait l’affection qu’elle n’avait jamais connu.

Elle avait un frère ainé prénommé Richard et une sœur prénommée Christelle.

Par la suite, elle a appris qu’elle avait aussi deux demi-frères du coté maternelle nés d’une seconde union.

Marie-Laure n’a peut-être pas choisi sa famille biologique, mais son chemin a croisé celui de Marie-Thé qui était comme une mère pour elle et deviendra par la suite, la grand-mère de cœur de ses quatre enfants.

 

C’est peut-être cet environnement familial qui a, par la suite, déterminée la mère qu’est devenue Marie-Laure Picat.

Sans l’abandon de sa mère, Marie-Laure n’aurait peut-être pas eu cette détermination à trouver une famille d’accueil à ses enfants pour qu’ils restent unis après sa mort.

Elle a vécu l’absence d’une mère avec comme seule attache son frère et sa sœur.

De plus, on ressent dans sa démarche, ce besoin de ne jamais abandonner ses enfants.

Même si elle ne peut pas contrôler sa mort, elle veut être présente pour ses enfants jusqu’à la fin et après la fin.

 

III/ Ses échecs et ses blessures

 

Après une enfance difficile au sein d’un foyer sombre et hostile, Marie-Laure Picat décide de fonder sa propre famille.

Elle se marie donc avec le père de ses enfants. Au début de leur histoire tout se passe bien comme dans la plupart des jeunes couples. La naissance de leur fille est une joie immense pour les deux parents. Mais après la naissance de leur premier fils, le père change et ne s’occupe plus de rien si ce n’est de sa propre personne. Au fil des années et des nouvelles naissances, Marie-Laure doit tout assumer au sein du foyer, jonglant entre la vie scolaire et sportive de ses trois ainés, l’éducation de la petite dernière, l’entretien de la maison, l’administratif, etc…

Après ces années difficiles, Marie-Laure est confrontée à l’impensable : elle est atteinte d’un cancer. Malgré une année de lourds traitements, son médecin lui annonce qu’il ne lui reste que quelques semaines, dans le meilleur des cas, quelques mois à vivre.

Plongée dans ce dur combat, son médecin lui conseille de régler tous ses problèmes personnels rapidement afin de ne garder de l’énergie que pour vivre au mieux ses derniers moments aux cotés de la maladie. Conseil qu’elle prendra au mot en quittant le domicile familial avec ses quatre enfants, laissant ainsi son mari seul.

Le dernier gros combat de sa vie commence alors : Choisir la famille qui accueillera ses enfants après sa mort, et ce, envers et contre tous.

 

L’humain a souvent besoin d’un malheur pour prendre sa vie en main, pour décider d’être soi et décider d’être le seul capitaine de sa vie.

Lorsqu’on croit que ça va, qu’il n’y a pas de problème particulier, on se laisse porter par la vie, par ce qu’elle décide pour nous. Absorbé par la routine du quotidien, nous n’osons pas aller au-delà de ce que nous vivons et restons sagement dans un mode de vie que nous prenons pour une fatalité. En réalité, nous avons peur de nos décisions. Par peur de vivre le pire, nous nous interdisons le meilleur.

Or, lorsque nous vivons un drame, lorsque la vie décide de nous montrer le pire, que nous  nous rendons compte que nous sommes plus forts que nous le pensions et que nous sommes capables de surmonter les difficultés posées sur notre chemin, nous comprenons que nous pourrons surmonter une seconde épreuve. C’est alors que nous nous libérons pour, généralement, nous offrir le meilleur.

Marie-Laure Picat, même si elle n’a malheureusement pas survécu à son cancer, s’est offert le meilleur qu’elle pouvait s’offrir suite à l’annonce de sa maladie.

En effet, elle est sortie de sa zone de confort, devenue finalement si inconfortable, et s’est autorisée à quitter une routine qui la rongeait un peu plus chaque jour.

 

IV/ Sa réussite

 

Lors de ses derniers mois, cette mère courage a relevé plus de défis qu’elle n’aurait pu le faire dans toute sa vie.

Après sa séparation avec son mari qu’elle ne supportait plus depuis plusieurs années, Marie-Laure Picat a décidé de trouver une famille d’accueil pour ses quatre enfants dans leur ville afin de ne pas chambouler leur vie plus que nécessaire. Ne connaissant pas l’ampleur des procédures administratives et n’ayant pas l’habitude de passer par quatre chemins, elle a d’abord parlé de sa décision à tous ses amis afin que le message circule et arrive jusqu’à une potentielle famille d’accueil. Elle a rapidement fait la connaissance de Valérie et Jean Marc et a décidé qu’ils accueilleraient ses enfants.

Malheureusement, la loi française ne donnant pas le choix aux parents condamnés de décider de l’avenir de leurs enfants, Marie-Laure se voit confrontée à un premier refus d’une longue liste. Mais la persévérance étant mère de la réussite, elle ne se découragera pas et finira par obtenir le droit de décider de l’environnement dans lequel vivront ses enfants.

Marie-Laure Picat a perdu beaucoup de temps et d’énergie pour cet objectif qui était, dans un premier temps personnel. Mais grâce à sa persévérance et à la médiatisation son combat, elle a en plus réussi à ouvrir les yeux à l’Etat sur la longueur et la difficulté des démarches administratives pour les parents en fin de vie qui souhaite décider eux même de l’avenir de leurs enfants.

Marie-Laure Picat a ensuite décidé d’écrire le livre « Marie-Laure Picat, Le courage d’une mère » afin de laisser une trace à ses enfants ainsi que pour raconter son combat et sensibiliser l’administration sur la nécessité de faire changer ce système.

 

On passe beaucoup de temps à se trouver des prétextes pour ne pas réaliser nos objectifs. On est souvent fatigué, on manque souvent temps, on a souvent d’autres choses à faire. Lorsqu’on passe au-dessus de ces excuses, on se demande alors si la réalisation de notre projet est possible.

Penses-tu que Marie-Laure n’a jamais eu peur de ne pas avoir le temps ? Penses-tu qu’elle n’était pas fatiguée ? Qu’elle n’avait pas autre chose à faire ?

Pourtant, malgré la fatigue et les douleurs, Marie-Laure a pris le temps. Elle était focus sur son objectif et elle a réussi. Quant à la question « Est-ce que c’est possible ? », il est fort probable qu’elle n’aurait pas atteint son objectif si elle se l’était posée.

Mais comme le dit David Laroche, « Je ne sais pas ce qui est possible ou non alors j’agis comme si tout était possible ».

On a tendance à se croire intouchable, comme immortelle. On vit comme si le temps était infini, mais on oublie souvent que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. On repousse tout au lendemain sans savoir s’il y en aura un. Puis un jour, on se retourne et on ne voit plus que les traces des fardeaux que l’on a trainés et c’est trop tard car notre âme a quitté notre corps.

 

Si l’histoire de Marie-Laure Picat vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Le courage d’une mère » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article (ceci est un lien d’affiliation)

 

Maintenant que cette mère courage t’a enlevé quelques excuses, quel nouveau prétexte as-tu trouvé pour être sûr de ne pas avancer ?

LAURE MANAUDOU (L’AME SŒUR DE LA VICTOIRE)

LAURE MANAUDOU (L’AME SŒUR DE LA VICTOIRE)

Dotée de réelles capacités pour la natation, Laure Manaudou est la preuve que la possession d’un don ne suffit pas pour devenir la meilleure de sa discipline. Son aptitude naturelle à la natation n’aurait mené nulle part si elle ne l’avait pas allié à la rigueur et la persévérance.

 

I/ A l’état brut

Née le 9 Octobre 1986 sous le signe astrologique de la Balance, Laure Manaudou verra le jour à Villeurbanne. Timide, elle grandira à l’écart des autres enfants, partageant son insouciance avec son seul allié, son frère ainé. Pourtant, son impulsivité ira souvent contre le désir de sa timidité à rester discrète.

Lorsqu’elle veut quelque chose, Laure entend bien l’obtenir. C’est ainsi que tout au long de sa carrière, persévérance et fainéantise seront au coude à coude, même si cette dernière finira toujours vainqueur du sprint final.

Casse- cou dans l’âme, elle n’hésitera pas à se mettre en danger pour gagner quelque soit la nature de la compétition ou l’enjeu. Une simple course de vélo avec ses frères mettra à plusieurs reprises la mauvaise perdante de mauvaise humeur.

Impatiente et entière, elle laissera souvent ses sentiments prendre le dessus sur la raison de sa carrière.

La carrière de Laure Manaudou sera un réel parcours d’équilibrisme entre ses différents traits de caractères versatiles. Tantôt timide et travailleuse, tantôt impulsive et fainéante, Laure apprendra au fil du temps à écouter son corps et son ressentiment pour réguler ses entrainements entre relâchement et travail acharné.

 

II/ Un environnement familial

Laure Manaudou est issue d’une famille de sportif.

Son père, Jean-Luc, est employé de banque. D’abord Handballeur en National 3, en tant qu’arrière gauche dans l’équipe de Vaulx-En-Velin, il deviendra ensuite entraineur de l’équipe de Meximieux.

Sa mère Olga est originaire de la Hollande. Secrétaire quadrilingue à l’office du tourisme de Meximieux quittera son emploi à la naissance de ses enfants pour commencer une carrière d’assistante maternelle afin d’élever ses enfants. Mais elle passera son temps libre en tant que badiste.

C’est dans les années 1970 que Jean-Luc et Olga se rencontrèrent au Cap Fréhel et ceux sont ces falaises qui accueilleront la famille chaque été.

Deuxième d’une fratrie de trois enfants, la fillette, entourée de ses frères, deviendra rapidement un garçon manqué.

Son frère ainé, Nicolas, est né le 9 Octobre 1985, soit un an jour pour jour avant la naissance de Laure. Ensemble, ils partageront leur timidité, leurs jeux, leurs bêtises, dans une relation exclusive. Même si la fusion de leur relation les mettra souvent en confrontation. Il deviendra par la suite entraineur de natation.

Son frère Florent verra le jour le 12 Novembre 1990, soit quatre ans après la benjamine. Ce dernier prendra le même chemin que sa sœur en devenant notamment champion Olympique du 50 mètres nage libre à Londres en 2012.

Baignée dans le sport depuis son plus jeune âge, Laure Manaudou sera surtout motivée par l’entraide compétitive instaurée dans la famille. Sans cette volonté entretenue dès sa naissance, d’être sans cesse la meilleure de la fratrie, elle n’aurait probablement pas eu l’idée de mesurer sa puissance et sa rapidité dans le cercle élargi de l’Olympe.me si le milieu familial nous inspire pour construire notre vie, c’est avant tout le système de pensées que nous nous créons à son contact qui formate notre vision du monde et nos rêves.

 

III/ Ses échecs, ses blessures.

C’est lorsque Laure Manaudou avait cinq ans que ses parents décidèrent de l’inscrire, avec Nicolas, à la natation. A l’époque, le but était tout simplement l’apprentissage de la nage et l’aisance aquatique. En effet, passant toutes leurs vacances au bord des mers bretonnes, les parents voulaient donner toutes les armes nécessaires aux deux casse-cou pour éviter tout risque de noyade.

Mais Laure Manaudou déteste nager et a peur de mettre la tête sous l’eau. Alors elle fait son maximum, à chaque cours, pour arriver le plus tard possible, jouant avec son frère dans les vestiaires. Ainsi, ils arrivaient parfois à gagner vingt minutes sur l’entrainement censé durer une heure. Une fois dans le bassin, ils continuaient à chahuter comme à leur habitude.

Paradoxalement, c’est dans ce même bassin qu’elle se découvrira une vitesse que les autres n’ont pas. Elle n’aimera jamais nager mais aimera toujours remporter la victoire.

C’est à l’âge de sept ans qu’elle connaitra ses premières émotions de nageuse en participant à sa première compétition interne club nommée la « coupe des minots ». Elle apprendra alors la victoire qui l’inondera de joie, ainsi que la défaite qui noiera ses joues de larmes.

L’adrénaline du gain donnera ainsi un minimum de sens à l’heure quotidienne qu’elle passe dans le bassin et qui se verra doublée dès l’année suivante.

En passant au niveau supérieur, elle subit les foudres de Gérard, son entraineur. La fille de ce dernier, Barbara, était la meilleur du groupe, ce qui énervait beaucoup Laure qui voulait sans cesse être la première, ne supportant pas d’arriver deuxième. L’entraineur n’avait d’yeux que pour sa fille et criait sur les autres enfants, avec en champ de mire, la fratrie Manaudou. En effet, les trois frères et sœur n’avait pas besoin de beaucoup travailler pour nager presque aussi vite que Barbara. Il savait que si Laure Manaudou s’entrainait un peu plus sérieusement, elle rattraperait vite les résultats de sa fille alors il préférait la rabaisser à longueur de cours. Ne se doutant pas un seul instant que cela produirait, quelques années plus tard, exactement l’effet contraire sur la jeune fille.

L’impact de la défaite, pour Laure, est tellement important qu’elle décidera de mettre un terme à ses entrainements de natation à l’âge de douze ans, ne supportant plus d’être la deuxième.

Mais, à force d’observer son frère en compétition, le manque de la victoire se fait sentir et elle décide de retourner à la piscine un an et demi plus tard, ignorant alors que sa carrière était sur le point de prendre un nouveau tournant.

C’est en Avril 2001, au Championnat de France senior, qu’un certain Philippe Lucas la remarque. Très vite, elle quittera le cocon familial et emménagera chez ce dernier pour vivre au rythme de ses entrainements. L’adolescente n’a alors que 14 ans et souffre de l’éloignement de sa famille. En plus de ce chamboulement, Laure Manaudou devra assumer un emploi du temps chargé. En effet, elle devra se lever à 05h15 tous les matins pour nager dès 06h00 du matin, elle se rendra ensuite en cours à 08h30 à 17h00, enfin elle regagnera les bassins de 17h30 à 21h chaque soir, ne disposant que du samedi après-midi et du dimanche pour se reposer. N’aimant ni étudier, ni nager, c’est ainsi que débuteront de longues années d’ennui pour Laure, laissant ainsi sa vie d’adolescente de côté. Quelques mois plus tard, elle décidera d’ailleurs de quitter l’école, afin de se concentrer sur son unique objectif principal à savoir s’entrainer pour devenir championne Olympique.

Lorsqu’on a un rêve, on est souvent découragé à l’avance par tous les efforts que l’on devra fournir et le temps que l’on devra sacrifier pour atteindre notre but. Alors résigné, on se donne le prétexte de la fatigue dû à notre activité principale pour procrastiner dans ce qui nous tient le plus à cœur. Alors on finit par se complaire dans la facilité d’une vie que l’on n’a pas choisi. Pourtant, Laure Manaudou, malgré son jeune âge, saura mettre toute excuse de côté pour faire de son planning une norme vers la victoire.

 

IV/ Sa réussite

Lors de sa pause loin des bassins, Laure Manaudou a grandi contrairement à Barbara qui, contrainte à un programme d’entrainement trop intensif, n’arrivera plus à se développer. A son retour à la piscine, Laure vaincra sa grande ennemie à un quatre cents mètres quatre nages à Oyonnax, surprise par les encouragements du père de cette dernière ayant soudain viré de bord.

Il l’avait déjà observé au Championnat de France senior en 2000 à Rennes, à Sarcelles, puis à Chamalières, mais c’est lors de sa montée à la deuxième marche du podium des Championnats de France, que Philip Lucas prendra cet engagement personnel.

Même si Laure Manaudou considérera cette seconde position au cent mètre dos comme un échec, il s’agit bien d’une victoire puisque le vainqueur de la compétition ne sera autre que Roxana Maracineanu, la nageuse professionnelle qu’elle admire depuis ses onze ans.

Trois mois plus tard, Laure Manaudou remporte une médaille d’argent au cinquante, ainsi qu’au cent mètre dos au championnat du monde juniors de Malte. Ces nouvelles données ajoutées à son palmarès, Philip Lucas décidera de contacter les parents de Laure afin de leur faire part de ses projets pour la jeune nageuse.

C’est en admirant la victoire des Australiens au relais des Jeux Olympiques de Sidney en 2000 que Laure Manaudou décidera de devenir championne Olympique. Elle ne le saura pas tout de suite mais c’est cet argument que Philip Lucas a choisi pour convaincre ses parents de la prendre sous son aile. En effet, selon lui, trois années lui suffiront à entrainer Laure pour qu’elle devienne championne Olympique.

Il n’a pas tort puisque la carrière de Laure Manaudou s’accélère dès 2001.

En décembre, elle battra le record de France du cent mètre dos en petit bassin, détenu par Roxana, son exemple, en effectuant la traversée en 59 secondes et 44 centièmes.

En Avril 2002, elle devient Championne de France toutes catégories en cinquante mètre dos et se sélectionne aux championnats d’Europe Senior. Finalement, elle préfèrera disputer ses derniers championnats d’Europe Junior préférant attendre l’année suivante pour se livrer à la compétition sénior. Ainsi, elle remportera la médaille d’or au cent mètres dos et celle d’argent au cinquante mètre dos et au deux cent mètres quatre nages.

La saison suivante, Philippe Lucas décide d’entrainer Laure Manaudou au quatre cent mètres alors que, selon les professionnels de la discipline, elle n’est pas faite pour cette épreuve. Elle gagnera ainsi le quatre cent mètres des interclubs d’Antibes, finira les Championnats du Monde petit bassin avec une médaille de bronze et battra le record national au Championnat de France.

Puis, elle remportera trois médailles d’or aux Championnat d’Europe Senior.

Enfin, vint le jour tant attendu. Voilà quatre ans qu’elle rêve des Jeux Olympique et c’est le 15 Aout 2004 que tout va se jouer. Habituée aux emplois du temps chargés et qualifiée pour trois épreuves, elle devra enchainer quatre courses dans la journée.

Malgré une blessure à l’épaule provoquée par l’entrainement accompli le matin, Laure Manaudou réalisera bien son rêve ce jour là, puisqu’après avoir fait les meilleurs temps des séries pour la finale du quatre cents mètres et la demi-finale du cent mètre, elle deviendra Championne Olympique du quatre cents mètre avec le quatrième meilleur temps de l’histoire. En étant la première nageuse française à remporter ce titre, elle donnera un nouveau souffle à son sport qui, à l’époque, ne comptait pas beaucoup de licenciés.

Laure replongera dès le lendemain pour disputer la finale du cent mètres dos où elle obtiendra la médaille de bronze.

Enfin, elle deviendra vice championne Olympique au huit cent mètre nage libre.

Laure Manaudou avait un rêve, celui de devenir championne Olympique. C’est en se dirigeant vers l’immensité de ce rêve qu’elle réalisera une performance encore plus importance puisqu’elle deviendra la nageuse la plus titrée du monde avec 127 médailles dont 86 en Or. Bien avant de se donner les moyens de réaliser ses rêves, elle s’est d’abord autorisée à le construire.

Souvent, lorsque l’on se surprend à rêver, on reprend conscience au plus vite pour se secouer et oublier nos illusions. Puis on passe à autre chose, on continue à avancer sur le chemin qui se trace en pilote automatique devant nous car nous nous pensons incapable de changer de route. Pourtant, nous sommes tous capable d’atteindre les sommets de nos ambitions. Pour cela, il suffit d’imaginer la vie de nos rêves, d’enlever le bandeau de nos yeux, de mettre un pas devant l’autre, et de vivre notre rêve éveillé.

 

Si le parcours de Laure Manaudou vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Entre les lignes » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, veux-tu rester dans le vortex d’une vie qui ne te correspond pas ?

Ou trouveras-tu le courage d’en sortir pour rejoindre le couloir de tes rêves ?

 

PATRICIA PATTYN (Un chêne sorti de Terre)

PATRICIA PATTYN (Un chêne sorti de Terre)

Dans son livre « Mon enfance assassinée », Patricia Pattyn trouve le courage de lever le voile sur le calvaire vécu par de nombreux enfants nés pendant ou au lendemain de la guerre à l’intérieur des campagnes éloignées de toute humanité.

 

I/ A l’état brut

Patricia Pattyn est née le 18 mars 1947 sous le signe du poisson.

Elle n’aura pas le temps de goûter à l’insouciance de l’enfance. La violence ne laissera aucune place à l’expression de la légèreté de ses traits de caractère inconscient.

On peut, peut-être retenir sa peur de grandir, cette envie de rester un bébé toute au long de sa vie. Cette volonté est souvent observée chez le benjamin d’une fratrie. Néanmoins, nous ne pouvons affirmer avec certitude que les sévices subis alors, n’ont fait qu’accentuer ce phénomène.

De la même façon, j’ignore si Patricia aurait bénéficié d’une entière confiance en elle si elle n’avait pas ce vécu. Ce que je pense pouvoir affirmer en revanche, c’est qu’elle ne souffrirait pas de ce panel de phobies qui dicte sa vie.

Patricia Pattyn se voit comme quelqu’un de peureux, de honteux, d’insignifiant.

Pourtant beaucoup serait mort d’avoir su souvent eu peur, de devoir subir ces supplices dans le silence assourdissant, accompagnés de cette infâme solitude. Patricia a eu le courage de survivre. Les bourreaux n’ont aucun mal à se débarrasser de leur propre honte sur le dos de leurs victimes, tournant ainsi le courage en peur, la souffrance en honte, l’importance d’une âme bien vivante en corps meurtri insignifiant.

Arrêtons de pactiser avec ces monstres en mettant en avant leurs qualités morbides dans nos médias, nos discussions, nos pensées terrifiantes. Et occupons nous plutôt d’accompagner les victimes sur le chemin de la résilience.

 

II/ Un environnement familial

Sa mère, Lucienne, est née en 1918. Sa famille étant plongée dans la pauvreté d’après guerre, elle dû travailler dès son plus jeune âge. A 13 ans, elle fut abusée par son patron. C’est à l’âge de 18 ans qu’elle se marie avec celui qui deviendra le père de Patricia Pattyn.

Cheminot de profession, cet homme alcoolique écumera les excès de violence envers sa femme ainsi que ses enfants.

Malheureuse, sa mère, dotée d’un physique avantageux prendra l’habitude de se consoler dans les bras d’autres hommes.

Elle a trois frères et une sœur : Roger, l’ainé solitaire, né en 1937, qui finira par reproduire l’inceste dont il a été victime ; Pierre, le rebelle, né en 1942 qui fuguera à de nombreuses reprises malgré les coups qui l’attendent à chaque retour ; Marie-Claire, la silencieuse, née en 1943, attendra la fin de son adolescence pour créer une relation fraternelle avec sa petite soeur ; Jean-Marie, le protecteur, né en 1945, veillera sur Patricia jusqu’à ce que le décès de leur mère ne les sépare.

Mais face aux coups, aux humiliations, puis quelques années plus tard, aux viols, l’instinct de survie poussera la fratrie à s’écarteler voyant en chacun de ses membres, tel un miroir, le reflet de ses propres peurs, de sa propre honte, de ses propres douleurs.

A la suite du décès de son père causé par sa mère, Patricia connaîtra un beau père violent et violeur.

A l’annonce du décès de sa mère et de son compagnon, elle passera les vacances chez son oncle incestueux. Sa tante, Marthe, se rendra comme complice de son mari, par son aveuglement face aux regards pervers de son mari.

Le lien fraternel est généralement un lien d’amour, d’amitié, de soutien, d’écoute, de réconfort. Patricia et ses frères et sœurs prouvent que pour aider son prochain, aussi proche de nous qu’il soit, il faut être sain soi-même. Or, dans certaines familles, comme celle des Pattyn, la douleur commune peut couper tout dialogue laissant chacun vivre sa souffrance en solitaire. On n’arrêtera jamais de prôner la nécessité de parler pour exorciser la douleur. Mais cette thérapie est rarement bénéfique lorsqu’on la partage avec quelqu’un qui vit ici et maintenant les mêmes problèmes que nous.

 

III/ Ses échecs, ses blessures

Peu après sa naissance, Patricia Pattyn rejoint ses frères et sœur dans le coin de la maison où survivaient les enfants de la famille : la cave. Elle était privée de nourriture et voyait ses frères et sœurs se faire attacher pour mieux recevoir les coups de poing ou de tisonnier.

Sa mère, ne supportant plus les coups infligés par l’homme de la famille, mettra fin aux jours de ce dernier avec l’aide d’un homme et de ces deux fils ainés. Mais elle n’imagine pas, à ce moment là, que l’homme qu’elle rencontrera un mois plus tard, prendra à cœur de remplacer le géniteur dans son rôle de bourreau, infligeant de nouveaux sévices jusqu’alors inconnus par la famille, assassinant à jamais l’insouciance de ses jeunes enfants.

Cet homme avait 18 ans, soit dix ans de moins que Lucienne. Dès leur rencontre, il se mit à la recherche d’une maison pour accueillir ses nouvelles victimes. C’est après avoir quitté le village de Cassel dont les voisins ne supportaient pas d’entendre les cris des enfants battus, qu’il trouva une cabane isolée du reste du monde.

Ici, ils vivront à même le sol dans le froid, dormiront sur une paillasse, et seront une nouvelle fois, privés de nourriture et battus.

A quatre ans, elle doit parcourir plusieurs kilomètres dans le froid hivernal, chaque jour, pour mendier de l’autre coté de la forêt ou à la frontière belge pendant que ses frères servaient de passeurs de cigarettes et de café entre la Belgique et la France. Ils ignorent alors que l’argent qu’ils feront ainsi gagner au bourreau servira à financer la moto et le fusil qui les terrorisera à chaque coucher de soleil.

En plus de sa souffrance, elle souffrait de la douleur ressentit par sa mère suite à l’opération qu’elle avait subit suite à la perte de son sixième enfant lorsqu’elle était encore avec son ex mari. L’opération vite faite, mal faite, obligera la mère à garder des agraffes. Mais, celles-ci ne résistaient pas aux coups du nouveau mari, et le ventre de cette martyre se rouvrait laissant couler le sang. Patricia devait alors vider le pot ensanglanté mis sous sa paillasse.

Mais pour Patricia, il y a un avant et un après.

C’est à l’âge de cinq ans que la vie de Patricia bascula à jamais.

Quelques mois auparavant, le bourreau n’avait fait « que » regarder à travers les culottes des deux fillettes. Mais c’est un jour de Mars, alors qu’elle n’avait que cinq ans, que son enfance s’envola dans une douleur inhumaine. Le reste de la fratrie partis, elle se retrouva seule avec le monstre qui profita de cet instant pour la violer. A partir de ce jour, cet acte inhumain entrera dans la routine de sa misérable vie. Après chaque viol, elle courra à la rivière pour laver le sang qui coule d’entre ses cuisses et tenter irrémédiablement de laver sa mémoire du souvenir de ce sexe, de ce regard amusé, de cette douleur. Puis elle se cachera dans son taillis attendant chaque fois le retour de sa famille, pétrifiée. Pourtant, elle ne dira jamais rien à sa mère, ni à ses frères et sœur. Pire, la honte, la culpabilité et la peur que quelqu’un sache, se rajoutera au nombre déjà incalculable de préoccupation de la petite fille. Même si elle se doute qu’elle n’est pas la seule à subir cette incompréhensible inhumanité. En effet, sa sœur était souvent trainée jusqu’au frère amputé du bourreau avec lequel elle se retrouvait seul alors qu’elle n’avait que huit ans.

Puis vint le « jeu de la moto ». Lui armé d’un fusil sur sa moto rouge, eux sans autre outil que leurs jambes frêles pour courir. Chaque soir, il laissait les enfants se cacher, puis allait à leur recherche. Le premier qu’il trouvait se voyait basculé en travers de la moto et rammené dans la cabane. Une fois la victime de ses sévices sexuels quotidiens choisit, le reste de la fratrie rentre à la fois soulagé mais aussi horrifié de savoir que tout le monde n’a malheureusement pas eu leur « chance ».

C’est à l’âge de 7 ans que Patricia Pattyn perdit sa mère dans un accident de moto où son beau père trouvera aussi la mort. La nuit suivant le drame, les enfants dormirent à l’hospice. Mais Patricia est la seule de la fratrie à ne pas comprendre que sa mère est décédée. Elle se retrouve alors encore un peu plus seule dans ce cauchemar qu’elle ne conçoit pas.

Elle attendra longtemps le retour de sa mère, mais aussi celui de son bourreau. En effet, chaque nuit, elle cherchera la lumière de la moto rouge.

C’est lors de l’enterrement de sa mère qu’elle a rencontré pour la première fois ses oncles et tantes maternelles.

Chaque enfant est alors placé chez un membre de la famille. Patricia sera accueilli chez sa tante Denise où plutôt dans son cabanon à outils où elle prendra la mesure, chaque nuit, de la punition grandissante qui l’attendra si elle retourne chez son bourreau.

Une semaine plus tard, elle sera confiée à sa tante Alice qui aura besoin de main d’œuvre pour glaner dans les champs afin de gagner de l’argent.

Ici, elle apprendra à se servir de couverts, découvrira l’utilité des toilettes et appréciera l’eau de la pompe. Mais elle obtiendra surtout un court instant de répit loin des coups et des viols, même si l’œil pervers du grand père de ses cousines suivra chacune de ses toilettes pour lesquelles elle devra mettre à nu son corps meurtri à la vue de tous.

A la fin de l’été, les cinq enfants firent placés en orphelinat. Dès leur arrivée, leurs vêtements tout neufs ont été troqués contre ceux que personne ne voulait, laissant les leurs aux privilégiés. Leurs noms ont été échangés contre des numéros. Patricia deviendra alors le numéro 74. Ici, elle subira les humiliations comme celle de faire le tour de la cour en courant, sa culotte sale sur la tête, lorsqu’elle n’aura pas su se retenir d’aller aux toilettes ouvertes seulement deux fois par jour. Elle y connu aussi le pinçon, le tapis à piques, le martinet à plomb, le cachot… Ainsi qu’aux attouchements d’autres orphelines.

A partir de ses 13 ans, Patricia passa toutes ses vacances chez son oncle Georges qui était aussi son tuteur officiel. Mais le seul homme en qui elle avait confiance deviendra son nouveau bourreau et la violera chaque fois qu’il se retrouvera seul avec elle.

Enfin, à l’âge de 15 ans, voulant fuir loin de son oncle, elle trouva un emploi de femme de ménage auprès d’une famille bourgeoise. Malgré ses efforts quotidiens pour être à la hauteur des exigences de sa patronne, Patricia n’aura pour seule nourriture que les restes. Puis, réduite à l’esclavage, les coups de cravache ne tarderont pas à pleuvoir. Elle quittera son emploi à la suite d’un malaise provoqué par tous ses mauvais traitements et qui lui offrira six mois en maison de repos.

 

Je pense que le mot choqué n’est qu’un euphémisme pour décrire ce que nous ressentons tous à la lecture de parcours comme ceux de Patricia Pattyn.

Pourtant certains ont vu, ont entendu mais n’ont rien dit. La violence et l’inceste à l’intérieur d’une cabane ou d’une maison. La violence à l’intérieur d’une institution tenue par des bonnes sœurs.

Nous sommes horrifiés par tant de malheurs aujourd’hui, face à un récit nourrit de détails inimaginables. Mais l’histoire de Patricia ne doit pas nous faire réfléchir un soir, seul dans notre lit, mais nous faire agir tout au long de notre vie, face aux situations dont les victimes n’auront pas d’autres possibilités que de taire l’innommable.

 

IV/ Sa réussite

A partir d’un certain âge, les corvées de l’orphelinat ne sont plus que matérielles. Elles peuvent aussi prendre forme humaine avec la prise en charge d’un enfant plus jeune que soi. C’est à l’âge de 11 ans que Patricia se vit confier le numéro 124 pour une semaine. C’est à ce moment qu’elle découvrit ce qui pouvait s’apparenter à l’amour maternel. Elle s’occupait de Claudine, la protégeait, l’aimait irrévocablement. Finalement, ce qui ne devait durer qu’une semaine se prolongea, pour la première fois dans l’histoire de l’orphelinat, durant deux ans.

Alors qu’elle a rarement reçu l’amour, qu’elle n’a jamais reçu la protection, Patricia sait aimer ; Patricia sait protéger.

Après six longues années à subir les humiliations et maltraitances de l’orphelinat, le moment qu’elle avait tant attendu arriva : la porte qui s’était ouverte alors qu’elle n’avait que 7 ans, allait enfin se refermer derrière ses pas. Encore une fois, Patricia Pattyn avait survécu à l’horreur.

A la demande de sa sœur, elle rejoint la maison de redressement où on s’inquiéta enfin pour elle. Les bonnes sœurs tentent de la questionner sur la vie qu’elle mène en dehors des institutions. Même si ses secrets sont bien gardés, ces dernières restent à l’écoute de Patricia en tentant de la guider au mieux.

Après être entrée à l’école à l’âge de 10 ans, et malgré les moqueries des autres élèves, Patricia passa ses nuits à réviser pour se maintenir au niveau de ses camarades. Contrairement à ce que pense son entourage, Patricia finira par obtenir son certificat d’étude à l’âge de 15 ans.

Pour la récompenser, les sœurs l’envoyèrent à l’hôpital pour qu’elle puisse subir une opération destiné à estomper les douleurs que lui procurent ses pieds.

Suite aux six mois passés en maison de repos après son malaise, Patricia décida de travailler dans un service pédiatrique, loin des hommes pervers, proche des enfants malades. Elle posa donc une candidature à l’hôpital de Lille, où elle fut embauchée. Elle put enfin donner toute son énergie, son temps, son amour à de petits êtres fragiles. Ses insomnies lui permirent de travailler dans l’équipe de nuit. Elle se mit à travailler dur, jusqu’à 16 heures par jour. Puis, le travail à l’hôpital devint une excuse pour ne pas rentrer chez son oncle pendant les fêtes.

Epuisée d’être le témoin impuissant de la détresse et de la mort bien trop fréquente d’enfants innocents, allié à la fatigue des heures accumulées et du harcèlement à distance de son oncle, Patricia pris la décision de quitter l’hôpital pour partir en clinique privée.

Elle commença alors par le ménage et le service des plateaux repas. Mais manquant du contact humain, elle fit part à son directeur, de son envie de partir nuit et jour à la découverte des différents services afin d’obtenir son diplôme d’infirmière. Elle se mit alors à travailler sans relâche jonglant entre les heures à l’hôpital et les heures d’apprentissage. Elle échoua à l’examen, mais n’abandonna pas l’année suivante.

Puis vint le jour dont elle a rêvé pendant tant d’année : le 18 Mars 1968. Elle a 21 ans et prend le train en direction de la maison de son oncle pour la dernière fois. Les papiers sont signés.

Patricia est libre et en vie.

Même s’il est difficile de partager son malheur devant le miroir de notre propre douleur, nous surmontons souvent les obstacles de notre vie par l’aide que nous offrons aux autres. Après s’être tut, nous voulons exorciser les âmes de souffrances inavouées. Après avoir tant pleuré, nous avons besoin de redonner le sourire aux visages attristés. Après avoir tant souffert, nous avons besoin de mettre du baume aux cœurs meurtris.

Alors, nous n’attendons pas de merci. Nous n’attendons rien en échange. Mais notre inconscient connaît aussi la magie du miroir. Sourire pour faire sourire son prochain. Puis sourire d’avoir donner le sourire. Des actes parfois simples qui nous mèneront, quelques soit le chemin parcouru, à la fierté. La fierté d’avoir la force de porter son prochain, la fierté d’avoir contribuer à la réussite de son prochain, la fierté de sa propre réussite La fierté d’être soi, vivant, malgré tout

 

Si l’histoire de Patricia Pattyn vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Mon enfance assassinée » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, as-tu déjà été témoin d‘un cauchemar dont une victime ne peut se sortir toute seule ?

Qu’as-tu fait ? Comment t’es- tu sentis ?

Selon toi, qu’elle vitesse de frappe faut-il pour démolir le mur du son ? Faut-il attendre que l’irréversible mort vienne le fracasser ?

 

CHARLES AZNAVOUR (Le dictateur de son destin)

CHARLES AZNAVOUR (Le dictateur de son destin)

CHARLES AZNAVOUR

(Le dictateur de son destin)

 

Pour ce nouvel article j’aimerai mettre à l’honneur un grand Monsieur de la chanson française, du cinéma français, de la littérature française, Charles Aznavour.

Lorsque je parle de grand Monsieur, je veux bien entendu parler, d’une part de son immense répertoire, mais surtout du long chemin parcouru avant de devenir l’homme connu et reconnu qu’il est aujourd’hui car Charles Aznavour, n’est ni plus, ni moins le dictateur de son propre destin.

 

I/ A l’état brut

 

Charles Aznavour est né le 22 Mai 1924 sous le signe du Gémeaux, dans un hôpital du 6ème arrondissement de Paris, à côté de la Rue Monsieur-Le-Prince.

Ce Français d’origine arménienne se définit lui-même comme dictateur, dictateur de sa propre vie. Ainsi il déclare « Je suis un homme fort. Je suis un homme très fort. Je suis un dictateur dans mon domaine. Je dicte ce qui doit m’arriver et ce qui doit m’arriver m’arrive ».

Cet homme discipliné et persévérant est avant tout un grand passionné. Passionné par la vie et pour tout ce qu’elle comporte.

Charles Aznavour a compris deux choses que nous oublions souvent : Nous sommes Maîtres de notre destin, mais nous n’avons qu’une seule vie. Cette vie, il faut en prendre soin, mais surtout profiter de chaque instant pour vivre, aimer, apprendre de la vie et des autres.

 

II/ Un environnement familial

C’est à Paris que Charles Aznavour grandira entouré de son père, Misha Aznavourian, sa mère Knar Baghdassarian, ainsi que de sa sœur ainée, née en Grèce durant le périple effectué par ses parents pour rejoindre les Etats-Unis.

Sa mère de formation littéraire, enchaine les petits emplois de couturière.

Il dira de son père qu’il était « un être merveilleux et fantasque et un travailleur responsable mais piètre homme d’affaire ».

En effet, Misha Aznavourian était un père désireux d’offrir une meilleure vie financière à sa famille. C’est pourquoi il a ouvert un restaurant Rue de la Huchette au cœur du quartier Latin.

Malheureusement, cet homme courageux était aussi doté d’une générosité sans faille.

En effet, c’est à force d’offrir des repas aux étudiants de médecine sans argent et de faire des crédits aux amis de passage, que son restaurant a rapidement fait faillite. Mais pour ce grand optimiste, « les lendemains étaient faits pour changer les choses et en mieux ».

Mais c’est autour de leur passion commune que se réunissent souvent les membres de cette famille avec leurs amis émigrés : la création de spectacle.

En 1939, son Misha s’engage pour la guerre pour remercier le pays qui l’a accueilli et devient chef cuisinier pour la troupe des engagés volontaires étrangers et apatrides.

A son retour, Misha Aznavourian et sa famille accueillent des arméniens, juifs et émigrés russes pendant l’Occupation.

Lorsque l’on échoue professionnellement et financièrement, on se préoccupe souvent du regard des autres et en particulier de sa propre famille, de ses propres enfants.

En fait, je crois que les enfants dont les parents n’ont pas d’argent, n’en manquent en fait que très peu. Ils manquent surement moins d’argent que l’enfant riche dont les parents comblent les manques affectifs par de nouveaux biens.

Lorsqu’on lit l’autobiographie de Charles Aznavour, on sent la fierté qu’il éprouve envers sa famille. L’amour qu’il a pour ses parents est éternel et on ressent la gratitude qu’il a d’avoir appris tant de valeurs de ceux qui l’ont élevé.

Aucune richesse ne vaut celles de l’amour, du partage, de l’aide de son prochain.

Comme le dit Charles Aznavour, « l’argent n’est pas important, il est utile ».

 

III/ Ses échecs et ses blessures

Un des plus gros regrets de Charles Aznavour est d’avoir quitté les bancs de l’école à neuf ans, avec pour seul diplôme en poche, son certificat d’étude. En effet, ses parents, n’avaient pas les moyens financiers de payer les études de leurs enfants. Il passera donc sa vie à combler ce manque de culture, notamment par la lecture. Ainsi, pas une journée ne se passe sans qu’Aznavour ne prenne une heure pour lire.

C’est donc à l’âge de neuf ans que Charles Aznavour à commencer à travailler aux côtés de sa sœur, dans le milieu artistique afin d’aider sa famille financièrement avec notamment quelques apparitions dans des pièces de théâtre.

Au début, Charles Aznavour ne fait que des remplacements lorsque les artistes sont absents. Cela lui rapporte quelques pièces mais il a l’impression de ne servir que de « bouche trou ».

Au lieu de se lamenter sur son sort, le jeune artiste saisit toutes les opportunités pour apprendre de son métier, pour évoluer et diversifier son savoir faire dans ce large monde qu’est l’art. Ainsi il apprend la danse, la comédie, la composition, l’interprétation pour finalement se passionner pour la littérature. L’écriture devient alors vitale. Il ne passera plus une seule journée sans noircir une page blanche.

En 1948, Charles Aznavour tente de conquérir l’Amérique aux côtés de Pierre Roche. Ils  partent alors à New York sans un centime en poche, sans un mot anglais en bouche, sans aucun contact. Le rêve américain prend vite fin.

Face à cet échec, les deux musiciens, partent s’installer au Québec où ils connaitront enfin le succès escompté. Mais après plus de 440 concerts au Faisan Doré en une quarantaine de semaines, Charles Aznavour a le mal du pays et décide de rentrer en France. Mais son acolyte s’installe définitivement à Montréal. Charles doit alors recommencer à zéro dans le pays où il est né mais qui ne le connaît pas encore.

C’est Edith Piaf, qu’il avait rencontré peu avant son départ pour New York qui le prend alors sous son aile, l’emmenant partout avec elle. Tout d’abord, elle commencera par arranger le physique de Charles Aznavour en lui payant une opération nasale. Aussi, elle lui présentera tous les artistes du moment. Elle ira même jusqu’à l’héberger.

En échange de cet apprentissage, il deviendra l’homme à tout faire de Piaf et devra être toujours disponible pour elle quelque soit l’heure du jour ou de la nuit.

C’est alors que sa passion pour l’écriture deviendra vitale. Là encore, sa meilleure amie exige que Charles lui présente en avant première chacune de ses chansons afin qu’elle ne passe pas à coté d’un succès qui pourrait être remis à une autre interprète.

Malgré son talent, Aznavour n’arrive pas à percer en solitaire.

Les médias s’acharnent sur lui, critiquant son physique, sa taille, sa voix, ses gestes… Etant alors qualifié à de gnome, d’infirme, d’un handicapé, d’un nabot.

Alors que la plupart d’entre nous se seraient découragés de tant d’échecs mais surtout de tant de haines, Charles Aznavour lui, a toujours su profiter de l’ombre dans laquelle on le contraignait à rester pour apprendre.

Au lieu de se morfondre sur ses complexes comme celui de ne pas être très cultivé, il a toujours travaillé pour ne plus souffrir de ses faiblesses.

 

IV/ Sa Réussite

Ce fils d’apatrides ayant quitté les bancs de l’école avec pour seul bagage son certificat d’étude, aura finalement comblé toutes ses lacunes et bien plus encore puisqu’il obtiendra un second diplôme à l’âge de 70 devenant alors Doctor honoris Causa de plusieurs universités à travers le monde.

Il a été gratifié de nombreuses récompenses aussi bien cinématographiques que musicales. C’est aux Victoires de la Musique, lorsqu’il sera récompensé dans la catégorie « artiste interprète masculin » qu’il répondra aux critiques « je voudrais dire une chose importante puisqu’on en est aux moment des remerciements Je voudrais remercier particulièrement ceux qui ont dit que je ne savais pas chanter, que je ne savais pas écrire, que j’étais petit, que j’étais laid et que je ne ferais aucune carrière. »

Au-delà de tous ses succès, Charles Aznavour deviendra aussi un homme historique oeuvrant pour le pays de ses origines. Ce dernier, fier de la réussite de son ressortissant donnera son nom à une place d’Erevan, capitale Arménienne en 2001.

Sa statue sera hissée à Gumiri, ville Arménienne la plus frappée par le séisme de 1988.

Le 26 Décembre 2008, il obtient la citoyenneté Arménienne. Deux mois plus tard, il devient ambassadeur de l’Arménie en Suisse. Il est aussi représentant permanent de l’Arménie auprès de l’Organisation des Nations Unies de Genève.

Il possède aussi de nombreuses distinctions dont la Légion d’Honneur, la médaille de l’Académie Française et la médaille de Marseille qui le rend particulièrement fier.

L’auteur de « Je m’voyais déjà », « For me formidable », « La bohême », « Hier encore », Emmenez-moi », possède aujourd’hui plus de 800 chansons.

Aujourd’hui, on ne peut parler de la chanson française ou de l’Arménie sans évoquer le nom de Charles Aznavour.

Nous abandonnons souvent nos rêves et nos ambitions suite aux critiques et aux moqueries des autres. Nous passons notre vie, inconsciemment, à essayer de plaire aux autres, à rechercher leur approbation. Alors si quelque chose ne convient pas à quelqu’un on a tendance à changer radicalement de voie.

Charles Aznavour a toujours su que sa mission de vie était liée à l’art et plus particulièrement à l’écriture et la musique. Il avait des choses à dire et il comptait bien les exprimer avec ou sans l’approbation des critiques.

Au lieu de prendre une autre route, Aznavour s’est servi des critiques et insultes pour avancer. Non pas en écoutant le fond des remarques infondées, mais en se servant de la forme comme carburant. Un carburant de rage, lui procurant l’énergie suffisante pour se rapprocher, dans l’ombre, de l’homme et de l’artiste, que lui seul voulait devenir. Ainsi il a dû travailler plus dur que les autres pour conquérir son public.

Finalement, malgré de nombreuses années à contourner les obstacles, empruntant parfois les fossés humides et boueux, Charles Aznavour a souvent zigzaguer pour trouver le bon rythme, la bonne mélodie mais il n’a jamais changé de route et d’objectif. Objectif qu’il n’a pas atteint mais littéralement dépassé.

 

Si le parcours de Charles Aznavour vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Tant que battra mon cœur » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article (ceci est un lien d’affiliation) 

 

Et toi, quel est ton rêve ? Quelles sont tes ambitions ?

Es-tu près à parcourir le Mud Day pour atteindre tes objectifs ou comptes- tu rentrer chez toi à la première averse ?

 

MERE TERESA (LA MERE DES PAUVRES)

MERE TERESA (LA MERE DES PAUVRES)

MERE TERESA

(La mère des pauvres)

 

Aujourd’hui j’ai décidé de vous parler d’une femme qui a décidé de se mettre à la place de ceux qu’elle veut aider. Mais pas par un simple jeu de rôle, pas par une simple expérience. Agnès Gonxha abandonnera tout bien matériel pour devenir pauvre parmi les pauvres, pour devenir Mère Teresa.

 

I/ A l’état brut

Agnès Gonxha naitra le 26 aout 1910 à Skopje.

Très tôt, l’enfant débordera d’attentions envers les autres. En effet, elle sera toujours à leur écoute, soit pour pouvoir leur venir en aide, soit pour répondre à des questions existentielles qu’elle se pose déjà sur l’amour, la vie, et le lien qui les unis.

Joyeuse, la petite fille sourira à la vie et exprimera ses émotions à travers la musique et le chant. Au-delà d’une curiosité enfantine, réside chez la jeune fille une soif de développement aussi bien personnel, que spirituel et intellectuel.

Agnès Gonxha a soif de lumière, de vie, d’apprentissage. Elle est l’exemple de la chaine d’humanité qui relie chacune de nos âmes. Elle apprendra des autres en les observant et en les écoutant. Ses nouvelles connaissances assimilées ainsi que son esprit, plus ouvert après chaque expérience, lui permettront d’aider les plus démunis. De ces derniers, elle emmagasinera de la gratitude de voir un sourire sur un visage, de la gratitude à la vue d’un esprit apaisé. Et la vie continuera son cours gravitant autour du noyau du partage.

 

II/ Un environnement familial

La famille Gonxha, très unie inspirera l’amour et le bonheur. Pourtant, c’est probablement dans la douleur que la complicité entre Agnès et sa mère, Drana, prendra toute son importance. Cette mère dynamique et généreuse, n’hésitera pas à emmener sa fille, dès son plus jeune âge, à la rencontre des plus démunis. Ensemble, elles iront, dès qu’elles disposeront d’un instant, donner un peu de nourritures et de compassion aux pauvres. Durant toute son enfance, Drana inculquera à sa fille l’importance de porter secours à ses semblables.

Son père, Kolle, partageant la générosité de sa femme, sensibilisera Agnès sur l’importance de la discrétion du don. Il mettra un point d’honneur à ce que le plaisir de donner ne bascule pas dans l’humiliation pour celui qui reçoit. Si donner n’est pas honteux, il veut que le bonheur soit transmis avec le présent. Pour lui, la seule façon de ne pas entacher cette dernière, sera que le destinataire ne connaisse pas l’identité de l’expéditeur. A la fois engagé, notamment pour la libération de l’Albanie, et optimiste, il incarnera pour sa famille, la sécurité. Pour Agnès, son père est un vrai repère détenant la vérité absolue.

Le couple accueillera souvent des familles démunies pour un moment de partage autour d’un repas réchauffant l’estomac et le cœur de chacun.

Dernière d’une famille de trois enfants, Agnès profitera d’une enfance heureuse aux côtés de sa sœur ainée, Aga, qui jouera son rôle de protectrice, et de son frère, Lazare.

La famille d’Agnès Gonxha jouera un grand rôle dans son évolution. Voyant leur fille partager cette soif d’amour qui les caractérise, les parents ne poseront jamais de barrière en travers du chemin lumineux d’Agnès. On a tendance à critiquer les nouvelles générations, à mettre en avant leur côté égoïste. Mais, la plupart des enfants naissent insouciants, généreux, spontanés. Selon moi, c’est la transmission de nos peurs, notamment, celles de l’inconnu et du malheur, qui pousse les plus jeunes à s’éloigner de leurs semblables.

 

III/ Ses blessures, ses échecs

La première blessure d’Agnès Gonxhe pourrait paraitre enfantine, pourtant, ce sera l’un de ses moteurs. En effet, la perte du Père Noël résonne en elle comme un abandon des plus pauvres. Cette joie de l’attention donnée à chaque enfant, qu’elle pense partager avec le Monde, n’est en fait en fait qu’une illusion. C’est pendant ce moment de tristesse qu’elle commencera à imaginer une voie, sa voie, vers l’amour inconditionnel.

Mais le bonheur de la famille basculera lorsque son père mourra dans d’atroces souffrances, sans que l’on sache pourquoi, après des vomissements de sang qui surviendront à la suite d’une réunion politique. La petite fille n’aura alors que neuf ans. Cette perte de l’être cher lui donnera la sensation de se rapprocher des pauvres.

Mais la signification de la pauvreté prendra tout son sens lors de son noviciat qu’elle effectuera à travers les villes les plus pauvres d’Inde. Elle découvrira alors la pauvreté matérielle de ces êtres qui vivent dehors, mais aussi la pauvreté de l’âme de ces gens abandonnés. Elle verra des corps sans vie répandu un peu partout dans les rues, peinant à s’habituer à l’odeur de corps brûler sur les bûchers funéraires.

Le plus difficile, pour Mère Teresa, sera le rejet de certains pauvres qui, ne comprenant pas son action, ne voudront pas saisir la main qu’elle leur tendra. Ce refus de recevoir, ce refus d’amour et de lumière la bouleversera.

En plus de ces souffrances, elle sera troublée par un sentiment d’abandon. Au plus profond de son âme, elle se sentira terriblement seule. Ne ressentant plus la présence de Jésus, ce sentiment désagréable durera et se renforcera tout au long de sa vie, jusqu’à, à certain moment, frôler dangereusement avec l’insupportable.

Mère Teresa sera aussi victime de nombreuses menaces de la part d’individus, penseront ses actes motivés par la volonté de convertir religieusement les femmes ayant besoin de ses services. Selon eux, la missionnaire chercherait à embaucher ses patientes. Pourtant, le vrai moteur qui la pousse chaque matin à prendre soin de ces êtres est la souffrance, qui la rongera chaque soir, de ne pas être en capacité de s’occuper de tous les pauvres.

Alors que nous passons notre vie à fuir le malheur, le notre, et parfois, inconsciemment, celui des autres, de peur qu’il nous déteigne dessus, Mère Teresa n’hésitera pas à baigner dans une foule de blessures. Pour elle, nous ne pouvons comprendre les autres qu’en devenant les autres. La tristesse, l’abandon et la pauvreté, la motivent chaque jour à construire un futur meilleur. Qu’importe les critiques, elle connait l’importance de sa mission, et l’accomplira jusqu’à la fin de ses jours.

 

IV/ Sa réussite

Agée de sept années seulement, Agnès Gonxha, consciente de l’importance de l’amour au sein de sa famille, comprendra que la plus grande pauvreté n’est pas liée à une carence pécuniaire mais d’amour.

C’est à l’âge de douze ans, qu’elle décidera de donner l’amour inconditionnel aux pauvres.

Mais sa grande révélation aura lieu lors d’une discussion avec des missionnaires de Jésus qui rentreront d’Afrique, après avoir parcouru de nombreux pays et aidé de nombreuses populations. Leurs récits l’a feront rêver jusqu’à la réalité.

C’est ainsi qu’elle prendra la décision de quitter sa famille, le 26 Septembre 1928, à l’âge de 18 ans, pour rejoindre la congrégation des sœurs de Lorette à Rathfarnham en Irlande. Elle y enseignera durant quatorze années. Parallèlement aux ressources intellectuelles qu’elle offre aux enfants, elle partira, dans durant les années 1940, à la rencontre des plus démunis de Motijheel.

Le 25 mai 1931, lors de la cérémonie de ses premiers vœux, Agnès deviendra Teresa. Ses vœux définitifs seront prononcés six ans plus tard. Teresa, âgée de vingt-six ans, deviendra alors Mère Teresa.

Le cœur démuni face à la pauvreté et la tête remplie de questionnement vis-à-vis des solutions encore inconnues qui pourraient atténuer la douleur de l’humanité, elle sera forcée de partir effectuer sa retraite à Darjeeling. Le 10 Septembre 1946, dans le train qui l’y mènera, lors d’une de ses nombreuses méditations, elle ressentira ce qu’elle qualifiera d’ « appel dans l’appel ». Le message qu’elle percevra sera la nécessité de quitter tout confort matériel pour s’immerger au milieu des pauvres afin de ressentir leurs douleurs et d’être en mesure de les apaiser le mieux possible.

Après une longue attente, notamment dû aux refus de sa hiérarchie, elle obtiendra finalement l’autorisation de quitter Loreto House, le 6 janvier 1948, dix-neuf ans jour pour jour après son entrée au couvent. Elle devra néanmoins attendre la fin des démarches administratives pour partir, le 16 Août 1948, avec pour seules richesses, son sari et cinq roupies.

Le rêve de sa vie va commencer à prendre forme sous le nom des « Missionnaires de la Charité ». Après des mois à ne pouvoir soulager les pauvres que dans les rues de Calcutta, une maison lui sera offerte au 14, Creek Lane. Elle pourra désormais accueillir les malades afin de les soigner, ou quand il sera trop tard, pour leur apporter chaleur et amour jusqu’à leur dernier soupir.

Mère Teresa marquera de nombreux esprits sur son passage, elle le comprendra le 20 mars 1949 en voyant arriver Shubashini Das, une ancienne élève de Loreto. Malgré ses mises en garde et après mûre réflexion, cette dernière prendra la décision de s’engager auprès de son ancienne professeure.

Trois ans après sa création, « Les Missionnaires de la charité » réuniront sept sœurs réparties dans cinq centres.

Nirmal Hriday, la maison du cœur pur, verra le jour le 22 Août 1952. Comme l’indiquera la pancarte, la bâtisse cédée par la ville de Calcutta, fera office de « foyer pour les mourants abandonnés ».

Une autre preuve de la reconnaissance portée à Mère Teresa et son institution résidera dans le don qui lui sera fait par un inconnu. En effet, un musulman quittant le pays suite à l’assassinat de Gandhi laissera sa demeure pour un prix symbolique.

Gandhiji Prem Nivas sera créé à la fin des années 1950. La seule fabrique de saris pour missionnaire n’embauchera que des lépreux qui garderont ainsi un lien social malgré la maladie.

Puis, après avoir été élue Supérieure générale de la Congrégation, obtient l’accord nécessaire à l’ouverture de deux nouvelles missions à Delhi et Ranchi.

En 1962, la médaille Padma Shri lui sera remise. Elle ne finira par l’accepter qu’ « au nom des pauvres ».

En 1963, naitra la communauté des frères missionnaires. Le premier objectif sera d’accueillir les jeunes sans abri ou handicapés et de guider les jeunes délinquants vers le bon chemin.

Mais Mère Teresa commencera à s’éloigner physiquement des nombreux foyers existants. Sollicitée dans le monde entier pour trouver des remèdes à tous les maux de la planète, la dernière partie de sa vie sera dédiée à parcourir le globe.

En 1970, elle recevra le Good Samaritan des Etats-Unis et le prix Jean XXIII d’Italie. De nombreuses récompenses lui seront ensuite attribuées dont le Prix Nobel de la Paix en 1979.

Aujourd’hui, les Missionnaires sont des centaines à travers le monde. Divisé en huit branches, l’ordre des Missionnaires de la Charité, est représenté par des hommes, des femmes, des religieux, des laïcs, des individus en pleine santé comme des malades. Chacun d’entre eux aide comme il le peut ceux qui n’ont plus la force de s’aider, ceux qui n’ont plus la force de s’aimer.

Mère Teresa, goutte d’eau dans cet océan de larmes, deviendra la goutte d’eau qui fera déborder de nombreux vases de pauvreté, pour les immerger dans des flots d’amour et de paix. Elle le sait, la vraie richesse, n’est pas palpable, n’est pas chiffrable. Elle n’est pas quantitative, mais qualitative. La vraie richesse est celle du cœur et de l’âme, de l’altruisme et de l’action, de l’amour et de la paix.

Mère Teresa, lélectron libre se rapprochant des neutrons sera rapidement poursuivi par les protons biens décidés à former l’atome de l’humanité. La force s’alliant à la faiblesse et l’amour s’attachant au désamour, c’est finalement l’espoir qui deviendra l’atome crochu de l’humanité.

 

Si le parcours de Mère Teresa vous inspire, je vous invite à lire la biographie « Le Royaume de sa nuit » écrite par Olympia Alberti, sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article (Ceci est un lien d’affiliation) 

 

Et toi, quel électron es-tu ?

Dans quel puit de potentiel immergerais-tu les vases débordants de désespoir ?

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