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Mois : octobre 2016

TAIG KHRIS (L’enfant du Trocadéro devenu homme du Monde)

TAIG KHRIS (L’enfant du Trocadéro devenu homme du Monde)

TAIG KHRIS

(L’enfant du Trocadéro devenu homme du Monde)

 

Si j’ai décidé de parler de Taïg Khris aujourd’hui, ce n’est pas pour son palmarès ou son record à la Tour Eiffel, mais bel et bien pour le parcours qui a précédé ces exploits. Taïg est la preuve que la persévérance est la mère de la réussite et que la chance ne se trouve pas dans une pochette surprise.

 

I/ A l’état brut.

Né le 27 juillet 1975 sous le signe du Lion, Taig Khris verra le jour à Alger. Son prénom le prédestine à faire de grandes choses puisqu’en dialecte berbère, Taig veut dire « capable ».

Passionné par la vie et par tout ce qui la compose, la poursuite de ses rêves est le leitmotiv de son existence. Anticonformiste et entêté, il ne supporte pas l’évocation  de l’impossibilité. Créatif, le rider n’hésitera pas à se mettre en danger pour réaliser de nouvelles figures et le Businessman autodidacte n’hésitera pas à travailler nuit et jour pour gérer lui-même les différentes parties de son entreprise. Mais la principale qualité de Taïg Khris reste la persévérance.

Le rêve et la persévérance sont, selon moi, les deux facteurs indispensables pour vivre une vie passionnée.

En effet, sans la création de l’idée, sans le rêve, nous ne saurions pas après quoi courir et nous nous perdrions dans le tourbillon de la vie conformiste. Mais la persévérance est notre couteau suisse face à l’adversité. C’est elle qui nous donne les ressources nécessaires à la survie de nos ambitions lorsque les tempêtes s’abattent sur notre passage. Sans elle, aucun rêve n’est atteignable.

Sans la persévérance, Taïg Khris n’aurait probablement jamais été Champion de Roller.

 

II/ Un environnement familial.

Son père, Reda, passionné de théâtre, était comédien, auteur et metteur en scène à Alger. Il avait notamment collaboré à une pièce de théâtre sur la libération des femmes. Entre succès et censure, cette dernière n’était en tout cas, pas passée inaperçue.

C’est d’ailleurs dans une salle de théâtre qu’il rencontrera Aléka, une jeune sculptrice grecque ayant dû quitter son pays suite à la montée de la dictature des colonels.

Cette union créera des tensions entre Aléka et son père. En effet, ce grand architecte grec imaginait marier sa fille à un docteur et non à un artiste.

Athée de surcroit, le père de famille devra quitter sa terre natale, sans argent en poche, durant la montée de l’intégrisme en 1980. C’est ainsi que le couple Kris s’installera à Paris avec ses deux enfants.

L’humanisme de Reda dirigera sa reconversion vers le métier d’éducateur de prévention dans les cités, alors qu’Aléka décidera de poursuivre son métier de sculpteur à son domicile pour s’occuper de ses deux fils. L’argent gagné grâce à ces activités servait à nourrir la famille et financer les voyages. En effet, si aucun excès n’est toléré dans les dépenses des Khris qui ne disposent même pas de la télévision, ces derniers n’entendent pas rester à Paris toute l’année. Quittant leur appartement Parisien de 45 mètres carrés qui est d’ailleurs le seul bien matériel appartenant à la famille, ils vivront dans des tentes deux mois par an au village natal d’Aléka nommé Ilia, avec pour seule nourriture les produits pêchés dans la journée. Ils passeront les quatre mois suivants à visiter le Monde au gré de leurs envies.

Taïg grandira ainsi dans un climat d’amour et de confiance. Donnant libre court aux envies de leurs enfants, les parents les laisseront décider de s’inscrire ou non à l’école. Ils les soutiendront ensuite dans leur apprentissage guidé par la conviction de sa mère que c’est la vie, elle-même, qui leur apprendra d’elle tout ce qu’ils doivent connaitre. Cette éducation anticonformiste le conditionnera à vivre pleinement chaque instant sans peur du lendemain.

C’est ainsi que Taïg passera le plus clair de son enfance avec son frère, Eline, de dix-huit mois son ainé. Sa grand-mère trouvant son prénom trop féminin, il sera surnommé Lino.

Alors que certains adolescents scolarisés tombent dans la délinquance, Taïg Khris, élevé et éduqué par ses parents, sans l’aide de l’éducation nationale, vivra une enfance tranquille et sans faux pas. Démuni de richesse matérielle, Taïg Kris dispose, au sein de sa famille, d’amour, de dialogue et surtout de confiance. On ne laisse pas l’adolescent dehors pour s’en débarrasser, mais pour qu’il vive et apprenne de la vie. En parallèle, sa liberté est sans cesse accompagnée d’un dialogue bienveillant. Peu importe la conformité de l’apprentissage, peu importe la nature de l’enseignement, le dialogue est à la base de toute chose. Le dialogue est la principale raison de l’échec comme de la réussite, de la délinquance comme de l’humanité.

 

III/ Ses blessures, ses échecs

Dans un premier temps, Taïg Khris commencera le patin pour suivre son frère dans son nouveau passe temps. Sa première blessure d’enfance sera d’ailleurs un sentiment d’infériorité face à ce frère qui réussit dans chaque domaine qu’il entreprend.

Ce malaise le motivera à se surpasser pour le dépasser. C’est ainsi que, profitant de l’absence de Lino au Trocadéro, lieu où ils se rassemblent chaque jour avec leurs amis, Taïg, découvrira, grâce à un ami, le patin sur rampe. Ayant pris de l’avance sur son apprentissage, il compte bien saisir l’opportunité de faire de ce sport la discipline où il sera meilleur que son frère.

Quelques mois plus tard, Taïg Khris participera à sa première compétition. L’argent lui faisant défaut, il fera appel au système D en achetant comme seule protection, des genouillères au magasin de bricolage, qu’il disposera sur chaque articulation et os à protéger. Un ami lui prêtera un casque de moto pour sécuriser son crâne. Submergé par la peur, il finira onzième alors que l’accès à la finale sera réservé au dix premiers.

Plus tard, Taïg Khris tentera sa chance au Championnat du Monde en Allemagne. Muni de son passeport Algérien et d’un visa obtenu in extrémiste mais toujours sans le sou, il négociera avec le magasin « Hawaii Surf » pour qu’il finance son billet de train. Mais la halte de ce dernier en Belgique mettra le jeune homme, démuni de visa belge, dans l’illégalité. Il devra alors supplier le contrôleur de fermer les yeux sur sa présence. Arrivé à Münster avec son ami, Magik, ils passeront la nuit à la gare, puis chassés par la police, ils la  finiront dehors, sur un banc. Réveillés par le froid, à quatre heures du matin, ils se rendront à la rampe de compétition que Taïg voudra rapidement tester. Torse nu et malgré la fatigue, il s’élancera avant de chuter et de se brûler le dos. Il se relèvera pour faire effectuer  une nouvelle tentative, mais tombera, cette fois, sur la tête. Il perdra alors conscience et se réveillera avec une hanche cassée. Le parcours du combattant devant le mener à son rêve se terminera finalement à l’hôpital.

Taïg Khris tentera sa chance l’année suivante. Fort de sa première expérience, il règlera tous les problèmes administratifs bien avant la compétition. Titulaire d’un billet d’avion, il sera victime d’un carambolage sur la route de l’aéroport. L’avion ne l’attendra pas et il devra se résigner à prendre le train en urgence. Arrivé à temps pour la compétition, Thaïg est fin prêt pour son premier essai. Malheureusement, ça n’est pas le cas de la rampe qui s’écroule sous ses patins faisant de nombreux blessés. La compétition n’aura plus jamais lieu à Münster.

Il retentera sa chance à Lausanne en 1996, mais cette fois, c’est en essayant une figure jamais réalisée auparavant qu’il tombe sur la tête et s’écrase les cervicales.

Taïg Khris devra, très tôt, soutenir sa famille financièrement. Son père ayant arrêté de travailler après avoir économisé durant de nombreuses années pour donner une dernière chance à sa passion, dilapidera son pécule d’un seul geste de générosité. En effet, un jeune qu’il avait aidé  à monter sa société de transport se fera voler de la marchandise qui ne sera pas remboursée par l’assurance. Pour le sauver de la prison, Reda remboursera la marchandise d’une valeur de deux cent trente mille francs, remettant ainsi ses comptes à zéro. Pour subvenir aux besoins de la famille, les parents ouvriront un restaurant dans lequel Taïg travaillera dès l’âge de douze ans. Mais, ne rapportant pas d’argent à la famille, le commerce mettra le jeune homme face à la peur du lendemain pourtant chassée jusqu’à présent pas ses parents. Il arrêtera alors le roller pendant deux ans pour assumer ses responsabilités familiales.

La gestion financière de son père sera la base des seuls conflits qui les opposeront. En effet, bien plus tard, le père ouvrira un magasin de roller qui deviendra rapidement un gouffre financier que Taïg devra assumer. Enfin, ce dernier perdra cent mille euros après un mauvais investissement en Bourse de son père qui décidera de dépenser l’intégralité d’un de ses comptes dont il lui avait donné procuration pour l’achat d’une action.

Alors que la plupart d’entre nous aurait attendu quelques années pour se faire passer pour un héros ayant survécu à  une mauvaise chute au Championnat du Monde de Münster et se serait caché pour pleurer sur sa déchue carrière, Taïg Khris, lui, est devenu un véritable héros dans le monde du roller et de la survie. Il savait d’où il partait, où il voulait aller, et la difficulté de la randonnée qui l’attendait lui importait peu, tant qu’elle menait à l’objectif.

 

IV/ Sa réussite

La première réussite de Taïg Khris aura lieu en Avril 1990, le lendemain de sa première compétition. Malgré son échec, sa passion le poussera à aller voir la finale. Repéré dans le public, il sera appelé pour remplacer un finaliste qui se sera blessé à l’entrainement. N’ayant pas le temps de réfléchir, il se lancera et remportera une planche de skate en souvenir de son premier podium puisqu’il finira deuxième de la compétition. Cette victoire sera un déclic dans la vie de Taïg puisqu’elle lui donnera la force de croire en lui pour le reste de sa vie.

Mais c’est en 1996, que débutera réellement sa carrière. Après deux années loin de rampes, il décidera d’apprendre le roller in line pour participer à une importante compétition se déroulant à Bercy. C’est suite à cette cinquième place, qu’il décrochera son premier contrat de sponsor avec RollerBlade pour un salaire de deux mille marks par mois. Il partira en tournée en Allemagne dès le lendemain matin. Malgré la mise en avant d’une éthique égalitaire entre les salaires des différents membres du Team Européen de Rollerblade, Taïg apprendra rapidement que ses collègues ne touchent pas deux mille marks mais deux mille sept cent marks. Malgré ses problèmes d’argent, il rappellera le responsable de la marque pour lui annoncer qu’il refusait le contrat à moins d’une proposition à quatre mille marks. Cinq minute après le refus de Rollerblade, l’entreprise change d’avis et recontacte Taïg en lui proposant trois mille huit cent marks. Deux ans après la signature de ce contrat, il aura remboursé les deux cent mille euros de dettes de ses parents, levé l’hypothèque de leur maison et remboursé les deux amis qui avaient aidé ses parents à ouvrir le restaurant.

En dix ans, Taïg Kris remportera soixante-quinze victoires sur cent quinze compétitions professionnelles et deviendra triple champion du Monde. Il obtiendra son premier titre de Champion du Monde, en 1997, après avoir réalisé le 900 degré qui l’avait fait chuter une année auparavant.

Malgré une subluxation de l’épaule durant un entrainement, qui aurait mérité une opération et la rupture des ligaments de son genou durant la compétition, Taïg deviendra le premier sportif à réaliser un double flatspin durant les Gravity Games.

Après deux ans de travail acharné, de discussions et de négociations avec les différentes institutions de la ville de Paris qui lui promettront de nombreuses réponses négatives, après de longues recherches de sponsor et de financement, le rêve de Taïg Khris se réalisera. S’il avait projeté de réaliser un saut en longueur au dessus de la Seine, face à Notre Dame, les nombreuses restrictions qu’impose la ville de Paris alliées à la sueur de son front le mèneront jusqu’à la Tour Eiffel. Le 29 Mai 2010, Taïg Khris entrera dans le livre des records en s’élançant d’une plateforme située an niveau du premier étage de la Tour Eiffel.

Un an après ce record de saut dans le vide, il décrochera le record du saut en longueur en sautant de la basilique du Sacré-Cœur sur une longueur de 29 mètres.

Au final, Taïg écrira « Ma plus grande victoire aura été de croire jusqu’au bout que tout est possible ».

La persévérance, l’altruisme et la passion pour la vie et son apprentissage, ont fait de Taïg Khris un Champion de Roller et un Businessman invétéré. Sa maitrise totale des différents domaines qu’il rencontre sur le chemin de ses objectifs font de lui un véritable couteau Suisse de la débrouille. A l’âge ou la plupart d’entre nous subissaient les enseignements de l’Education Nationale, Taïg apprenait la vie par la vie. La vie pratique et l’analyse de ses problèmes lui a permis de connaitre la nature de l’enseignement théorique qui allait réellement lui servir. Au final, l’autodidacte, contraint par son seul désir d’apprentissage finira par emmagasiner bien plus de connaissance que la population moyenne. En janvier 2014, l’enfant du Trocadéro deviendra PDG et fondateur de la société Onoff Télécom.

 

Si le parcours de Taïg Kris vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie Courber le destin sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, qu’as-tu appris à l’école que la vie n’aurait pas pu t’apprendre ?

Penses-tu que la théorie de notre enfance nous donne les armes psychologiques nécessaires pour affronter les difficultés de la vie réelle ?

SIBYLLE CLAUDEL (Un cœur tendre dans un corps de pierre)

SIBYLLE CLAUDEL (Un cœur tendre dans un corps de pierre)

SIBYLLE CLAUDEL

(Un cœur tendre dans un corps de pierre)

 

Aujourd’hui, je vais vous parler du parcours d’une femme dont toute l’adolescence a été ponctuée d’abandon. Malgré tout ce que la vie et ses proches lui font endurer, son corps de pierre, la tiendra en vie pendant que la tendresse de son cœur continuera à porter un amour sans faille à ceux qui l’entourent.

 

I/ A l’état brut

Sibylle Claudel est né en 1969.

Introvertie, la petite fille n’a aucune estime envers sa propre personne. Trop occupée à penser au bien-être des autres, elle a tendance à s’effacer et s’oublier.

Hypersensible, elle a la peur omniprésente de l’abandon. En particulier de celui de sa mère. En effet, chaque jour d’école est source d’inquiétude pour Sibylle qui, chaque matin, hurle à sa mère de ne pas la laisser. Chaque jour, la peur ne faiblit pas avant 16H30, heure à laquelle elle se jette dans les bras de son seul repère sur Terre.

Faisant tour à tour office de qualité et de défaut, son impulsivité la plongera dans des montagnes russes. La faisant d’abord glisser dans la rue et la petite délinquance, puis s’élancer vers une carrière de comédienne.

Les parents ont souvent tendance à s’inquiéter lorsqu’ils donnent naissance à un enfant introverti et hypersensible. Pourtant, je pense que cette combinaison de faiblesses peut devenir une force une fois bien apprivoisée. En effet, je crois que c’est souvent cette hypersensibilité qui entraine l’impulsivité. Même si cette dernière sera d’abord un défaut pouvant mener sur la mauvaise route, je pense qu’avec un peu de travail, il est possible de la transformer en un énorme atout. L’introverti, à défaut de s’extérioriser, passe énormément de temps à observer, à penser, à réfléchir. Il finira par trouver un équilibre entre ses deux traits de caractère pour que leur fusion le remette sur le droit chemin et lui donne une nouvelle force : celle de se battre.

En fait, je pense que ceux sont les faiblesses de Sibylle Claudel qui lui ont sauvé la vie.

 

II/ Situation familiale

Dès sa petite enfance, Sibylle appellera sa mère, qu’elle admire pour sa bravoure, sa serviabilité et sa générosité, Maria. Malgré sa profession d’infirmière, la famille monoparentale a des difficultés financières.

Quelques années après la naissance de Sibylle, la mère de famille donnera naissance à un petit garçon, Nicolas, qui ne sera reconnu par aucun père. Il ne vivra que durant sept mois et onze jours.

Un mois après le décès du bébé, Maria rencontre Simon avec qui elle aura un troisième enfant qu’elle prénommera Antoine.

Son père, Jean l’a abandonné à la naissance. Lorsqu’elle sera dans l’obligation d’aller vivre chez son père, ce kinésithérapeute aura refait sa vie avec Magalie qui lui aura donné deux fils, Jean-Baptiste et Thomas.

Sa grand-mère, qu’elle rencontrera à l’âge de 12 ans, s’appelle Simone. Elle vivra chez elle quelques mois avant de partir à la DDASS.

Malgré les trois foyers familiaux dans lesquels elle vivra, personne ne lui apportera d’affections, d’écoute, ni d’amour. Elle vivra sans aucune considération de la part de sa propre famille.

On oublie souvent l’importance du dialogue au sein d’une famille, d’une communauté ou d’un peuple. Le manque de dialogue se transforme peu à peu en non-dits qui, généralement se transforment en secrets familiaux, en secrets d’Etat.

Je crois que l’écoute doit être le ciment de la relation enfant-parents.

Sibylle Claudel vivra toute sa vie sans la moindre écoute familiale. Elle gardera tout pour elle. Ses émotions positives comme négatives, ses nombreux malheurs, ses rares petits bonheurs, ses questionnements, ses doutes et ses peurs.

Un être humain, aussi fort qu’il soit ne peut vivre sans communication, tôt ou tard, tout ce qu’on garde à l’intérieur de nous forme un effet boule de neige et la montagne que nous croyons être s’effondre.

C’est pourquoi il faut toujours accepter de dialoguer mais surtout, encourager les autres à le faire.

 

III/ Ses échecs, ses blessures

C’est dans sa petite enfance que Sibylle Claudel a connu son premier drame en perdant son petit frère Nicolas. Alors qu’elle ne voyait plus que par ce bébé, sa mère lui annonça, sans aucune explication « Ma chérie, ton petit frère est mort ». Accablée par le chagrin, elle n’osera pas parler de son chagrin à sa mère pour ne pas alourdir la peine de cette dernière. Pourtant, Sibylle sera, toute sa vie, persuadée que Maria est à l’origine de ce décès.

Mais c’est à l’âge de onze que tout bascule pour Sibylle Claudel. En effet, c’est à cet âge que sa mère, dépressive, ne se sentant plus apte de l’élever, lui donna son premier dilemme : aller à la DDASS ou partir à la rencontre de son père.

A cet âge où nous avons plus que jamais, besoin d’être guidé par ses parents, elle se retrouva seule face à cet abandon et sa première prise de décision.

Elle réfléchit un moment et en vint à la l’analyse suivante : « Je ne sais pas ce que c’est la DDASS, elle n’a pas de nom, de nom de famille. Mon père, je ne le connais pas, mais au moins c’est quelqu’un. Et puis il connait, enfin il connaissait ma mère». C’est ainsi qu’elle fut contrainte de prendre la décision d’aller vivre chez son père.

Elle découvre alors un père très pris part son travail n’accordant pas beaucoup de temps à sa famille, une belle mère qu’elle comparera à celle de Cendrillon et ses deux jeunes demi-frères.

Elle subira les humiliations de la nouvelle femme de son père comme celle d’être interdite de repas lorsque ce dernier avait été commandé chez le traiteur.

Souffrant de ne rien avoir, ni au niveau affectif ni au niveau matériel, face à ses demi-frères qui ont tout, elle deviendra violente avec ces derniers et les frappera de toutes ses forces. Elle veut les entendre hurler, pleurer et voir leur terreur. C’est sa façon de se venger de son mal-être, des humiliations de sa belle mère, de ce manque d’attention et de cette solitude omniprésente.

C’est alors que, tel un « colis qu’on se refile comme une patate chaude », elle sera expédiée chez la mère de son père. Cette dernière maniaque et catholique est stricte mais ne lui donne que très peu d’amour. Simone finira finalement par l’envoyer, quelques mois plus tard à la DDASS.

Elle va alors connaître la douloureuse vie des foyers remplis d’enfants et d’adolescents en souffrance ne pensant qu’à se venger sur ceux qui les entourent.

Alors Sibylle commencera à enchainer les fugues.

C’est à l’âge de 13 ans qu’elle rencontre son premier petit ami. Elle ne l’aime pas vraiment et n’est pas prête à perdre sa virginité. Mais la peur d’être une nouvelle fois abandonnée par la seule personne qui lui donne de l’amour la poussera à lui offrir son premier rapport charnel.

C’est aussi chez lui qu’elle se réfugie lors de ses premières fugues. Dans un premier temps, elle fuit pour qu’on la rattrape, pour ressentir l’importance qu’on lui donne aux moments des recherches. Ensuite, elle partira à la recherche de la liberté, consciente de la difficulté de vivre dehors sans nourriture, sans lit, sans toit, mais déterminée à vivre par ses propres moyens.

Submergée par un nouveau rejet de sa mère lorsqu’elle lui rendra visite après une énième chute, Sibylle tentera de se suicider en avalant des cachets.

A son retour au foyer, elle tentera d’adopter un comportement exemplaire, mais la tentation du monde extérieur sera trop forte.

C’est alors qu’elle errera des journées entières dans les rues, préférant passer son temps en garde à vue plutôt qu’à l’école. C’est ainsi que la DDASS la renverra chez son père.

Mais, son père, ne voulant pas s’en occuper, laissera sa fille de 15 ans à la rue, lui laissant pour seule aide financière, 200 francs.

Elle devra alors se débrouiller seule pour survivre, se laissant faire lorsque Claude veut faire l’amour, juste pour avoir un toit sous lequel dormir.

C’est en faisant de petits ménages et avec l’argent de Claude, qu’ils trouveront un studio où loger. Mais après une crise de jalousie où ce dernier frappera Sibylle, ils se sépareront.

Elle fera donc la manche et rencontrera son nouveau compagnon, Francis, qu’elle n’aimera pas non plus, mais qui la laissera dormir dans sa voiture en échange de rapports sexuels.

A 16 ans, elle se réfugie dans une maison abandonnée sans porte ni fenêtre. Elle n’a pas assez d’argent pour se nourrir convenablement, pour s’habiller, ni pour se soigner. Elle n’a plus de force, sa santé se détériore jusqu’au malaise qu’elle subira en faisant la manche. Elle se réveillera dix jours plus tard à l’hôpital.

Après un long séjour d’un mois, elle réintègrera un foyer provisoire en attendant d’entrer dans un Service d’Accueil en Ville où elle sera enfin épaulée par une éducatrice qui lui donnera toute sa confiance et où elle recevra une aide financière de 1000 francs par mois.

Elle suivra alors une formation d’esthéticienne et décrochera un emploi de serveuse en discothèque, mais ne trouvera pas encore la force de s’occuper de son ménage.

Puis, elle tombera amoureuse de Jean Charles avec qui elle décidera rapidement d’emménager. Mais elle ne s’intégrera pas dans cette nouvelle vie, dans cette nouvelle famille.

De retour d’un séjour chez sa mère qui a décidé de reprendre contact avec elle, elle quitte son ami, trouve un emploi d’hôtesse et s’installe dans une chambre d’hôtel « minable ».

Lorsqu’elle a 20 ans, son père décède. Peu de temps après, son demi-frère perd, à son tour, la vie.

Mais malgré tous ces drames, malgré le décès de sa mère qu’elle aura aidé pendant de nombreux mois à lutter contre la dépression et les tentatives de suicides, Sibylle Claudel veut vivre. Elle veut s’éloigner du malheur pour croire au bonheur.

Même si les organismes d’aide, comme la DDASS, offrent aux enfants le nécessaire vital et le confort d’avoir un toit, ils ne donnent souvent pas toute l’attention que ces jeunes individus méritent. Ces derniers, pour la plupart, déséquilibrés émotionnellement, exprimeront alors leurs rancœurs par la violence, envers eux même mais aussi envers les autres, créant ainsi un climat inconfortable, invivable.

Alors certains, comme Sybille Claudel, préfèreront quitter cette prison argentée en perdant tout confort matériel au nom de la liberté. Malgré les difficultés qui incombent à la vie de rue, malgré ses risques et ses dangers, ces adolescents sont prêts à tout affronter pour s’extraire de leurs chaines les reliant à un univers sans considération, sans âme, sans vie.

 

IV/ Sa réussite

Malgré cette adolescence brisée, Sibylle Claudel à choisi de vivre.

Habituée à se débrouiller par ses propres moyens, elle connaît l’importance de travailler, mais, à défaut d’avoir de beaux souvenirs personnels, elle décide de vivre de ses envies, de ses passions.

Alors elle profitera d’une rencontre qui lui mettra le pied à l’étriller.

C’est dans le restaurant luxueux et fréquenté par les personnalités du show-biz qu’elle discutera avec un présentateur de télévision à qui elle confiera être intéressée par le milieu de la télé. C’est alors qu’il lui proposera de devenir standardiste pour l’émission « La Roue de la Fortune ». Elle découvre ainsi un métier qu’elle aime ainsi qu’une vie sociale avec des collègues qui s’inquiètent vraiment pour elle et avec qui elle peut parler de choses plus légère que tout ce qu’elle a vécu jusqu’à présent.

Mais Sibylle veut évoluer, elle profite de ses moments de libre pour poser sa candidature dans d’autres maisons de production.

C’est ainsi que Nicolas Hulot, convaincu par son courrier et sa prestation lors de  son entretien d’embauche, lui propose de devenir assistante de production à seulement 19 ans.

Après une dépression, notamment due au décès de son père, elle décide d’aller devant l’immeuble de Canal Plus où elle restera pendant trois jours à interpeller le personnel sortant du parking.

Le troisième jour, Didier Froëli, un réalisateur d’émissions télévisées, touché par sa démarche lui offre la formation qu’elle désire.

Elle devient alors scripte pour une émission littéraire et gagne bien sa vie.

C’est là qu’elle rencontrera Vincent, le caméraman avec qui elle découvrira enfin l’amitié réciproque, sincère et sans arrière pensée.

En parallèle, elle suit des cours de comédie. La comédie la passionne, mais c’est aussi une forme de thérapie qui s’impose à elle.

Suite à un courrier court mais audacieux, Sibylle est convoquée à Canal où elle présentera désormais la Météo.

Les gens la reconnaissent dans la rue et Sibylle se sent enfin importante.

Après de nombreux castings, elle décroche un rôle de comédienne. Son rêve se réalise.

Après tous les nuages qu’elle a traversé, Sibylle Claudel trouve enfin son soleil. « Même pas morte », elle est dans la lumière, la lumière de la vie.

On a tendance à se plaindre quand ça ne va pas, quand nos proches sont un peu moins proches de nous, parce qu’ils ont parfois d’autres choses à penser, d’autres problèmes à régler.

Mais à force de se prendre pour le nombril de la Terre, on oublie souvent que d’autres n’ont pas cette chance que la plupart d’entre nous avons.

Alors, trop occupé à se plaindre sur notre sort, trop habitué à vivre dans notre cocon de confort et d’amour, nous passons à côté d’instants uniques, d’opportunités.

Sibylle Claudel n’avait rien et elle s’est battue jusqu’au bout. Elle n’avait rien et savait qu’elle ne risquerait pas d’avoir moins que rien alors elle a tenté le tout pour le tout.

 Elle a osé ce que beaucoup d’entre nous n’oseraient, pour obtenir ce que beaucoup d’entre nous n’avons pas.

 

Si l’histoire de Sibylle Claudel vous inspire, je vous invite à lire son autobiographie Même pas morte . (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, si tu n’avais rien, si tu ne risquais rien, qu’oserais-tu dire ? Qu’oserais-tu faire ?

Ne t’est-il jamais arrivé d’avoir des remords de ne pas avoir risqué de regretter ?

 

GREGORY LEMARCHAL (L’artiste insufflant l’espoir)

GREGORY LEMARCHAL (L’artiste insufflant l’espoir)

GREGORY LEMARCHAL

(L’artiste insufflant l’espoir)

 

Aujourd’hui je voulais rendre hommage à un jeune artiste dont le nom a su rejoindre ceux des plus grands en à peine trois ans. Doté d’une voix extraordinaire, c’est surtout le courage de Grégory Lemarchal ainsi que sa vision de la vie qui me touche. Lui qui aurait eu toutes les raisons d’en vouloir à cette dernière, l’aimera démesurément et la remerciera de chaque instant de bonheur offert.

 

I/ A l’état brut

Né le vendredi 13 Mai 1983 sous le signe du Taureau, Grégory Lemarchal a vu le jour à l’hôpital de La Tronche.

Même si la vie l’obligera à gagner une importante maturité bien avant l’âge requis, Gregory est et restera un enfant plein de vie, chahuteur et farceur. Des années plus tard, il avouera d’ailleurs à sa mère, que l’école maternelle et primaire, bercée par l’insouciance enfantine faisait partie des plus belles années de sa vie.

De nature optimiste, et sûrement influencé par son combat contre la maladie, Gregory ne s’attardait jamais bien longtemps sur ses problèmes et ne pouvait supporter de voir son entourage se trouver des excuses pour ne pas avancer.

Il développera alors une rage immuable contre sa maladie, mais surtout pour la vie. Grégory savoure chaque petit moment qu’elle lui offre. Et si le bonheur n’arrive pas jusqu’à lui de lui-même, il s’arme de courage et part à sa rencontre. Sa pudeur alliée à la peur de ce bonheur ne tenant qu’à un fil, le contraindra néanmoins à garder ses sentiments pour lui, peinant souvent à les exprimer. D’un naturel calme et gentil, il gardera d’ailleurs la majeur partie de ses colères pour ses défaites ou celle de ses équipes sportives préférées. Compétiteur dans l’âme, il se surpassera toujours pour être le meilleur dans tout ce qu’il entreprendra.

Sûrement trop occupé à courir après le bonheur, il ne trouvera pas toujours le temps d’arriver à l’heure à ses rendez-vous et pour les tâches ménagères. Pourtant, lorsqu’il est présent, il déteste que les autres lui fassent perdre du temps par leurs retards.

L’être humain a tendance à se plaindre pour un rhume ou une mauvaise journée passée. Un rhume nous apparaît alors comme le Mont Everest et une journée maussade, comme un iceberg en pleine débâcle glacière. Nous pensons avoir le temps de nous écouter et nous le prenons. Mais Grégory connaît la valeur du sable qui s’écoule dans le sablier de la vie et compte bien l’utiliser à bon escient. Pour Grégory, la vie ne doit pas être subie mais bel et bien vécue.

 

II/ Un environnement familial

Le carré d’AS comme il aimait la nommée, est la famille qu’il forme avec ses parents et sa sœur, qui lui donne la force d’avancer chaque jour, dans chaque instant de joie, de peine, de doute.

Sa mère Laurence Lemarchal, arrêtera de travailler pour se consacrer à l’éducation de son fils. C’est auprès d’elle, qu’il confiera ses secrets pouvant ainsi discuter durant des heures. Lorsque ses enfants seront plus grands, elle travaillera en tant que visiteuse médicale.

Son père Pierre Lemarchal, militaire engagé dans les chasseurs alpins fut appelé pour partir au Liban pendant 6 mois lorsque Gregory avait 1 an. Puis, il jonglera entre son métier de responsable informatique et celui d’entraineur de basket avant de se reconvertir dans l’animation évènementiel. Leur complicité sera nourrit par leurs nombreuses passions communes, aussi bien sportives qu’artistiques. En 2005, il abandonnera d’ailleurs, à la  demande de son fils, toute activité professionnelle afin de suivre ce dernier à plein temps, tout au long de sa carrière d’artiste, aussi bien psychologiquement que physiquement. Il mettra ainsi à son service de grands dialogues lorsque cela sera nécessaire, une certaine logistique pour ses affaires personnelles et traitements médicamenteux, mais aussi paramédicaux puisque Pierre était apte à lui administrer les massages respiratoires dont il avait tant besoin pour avancer chaque jour.

Sa relation avec sa sœur, Leslie, née cinq ans après Grégory sera aussi aimante et bienveillante que celle qu’il entretient avec ses parents. Protecteur l’un envers l’autre, ils seront toujours présents l’un pour l’autre.

Lorsqu’il gagnera la Star Académy, Grégory remerciera ses parents et sa petite sœur en déclarant que sans eux « il n’aurait pas fait le quart de ce qu’il a fait dans sa vie ».

En effet, ses parents se sont toujours battus pour élever leurs deux enfants à vivre leur vie pleinement et à profiter de chaque instant comme si c’était le dernier. Laissant leurs craintes de coté, ils pousseront toujours Grégory à vivre ses passions et réaliser ses rêves. Pour eux, il était hors de question que la mucovisidose dirige leur vie.

Lorsque nous mettons un enfant au monde, il est généralement accompagné d’une tirade de peurs. Il arrive alors qu’il soit enveloppé par ses parents dans une bulle de confort visant à réconforter ces derniers. Malheureusement, cette bulle confortera aussi l’enfant dans la fragilité de sa naissance l’empêchant ainsi à grandir et s’épanouir.

Si les parents de Grégory l’avaient laissé dans cette bulle que préconisent les médecins en cas de maladie génétique, il n’aurait vu ses passions qu’à travers la fenêtre de sa chambre d’hôpital, persuadé que sa seule raison de vivre aurait été l’inconfort de son lit.

 

III/ Ses échecs, ses blessures

Grégory Lemarchal est un enfant fragile qui subit, dès sa naissance, de nombreuses bronchiolites et rhinopharyngites. Le jeune garçonnet découvre alors le monde qui l’entoure accompagné d’aérosols et de kinésithérapeutes, en se heurtant bien trop souvent aux murs blancs d’une chambre d’hôpital bien terne. Malheureusement, tout cela ne sera qu’un avant goût de la vie qui l’attend.

C’est peu après le retour de Pierre Lemarchal du Liban, que tout s’est effondré autour des jeunes parents. En janvier 1985, alors que Grégory était âgé de 20 mois, le diagnostic médical s’abat froidement sur la famille qui apprend que leur fils est atteint de mucovisidose et qu’il ne dépassera pas les 15 ans.

A partir de ce jour, le quotidien de Grégory sera rythmé par les médicaments en tout genre et les séances de kinésithérapies respiratoires. Car, rappelons-le, un muco absorbe environ 30 cachets par jour et subit deux séances de kinésithérapie respiratoire quotidienne, sans parler des nombreuses cures d’antibiotiques qu’il devra subir tout au long de sa vie, faisant ainsi passer l’hôpital au rang de deuxième maison.

Ces années de petite école passées, Grégory entre au collège et souffre de la paradoxalité confrontant son esprit d’adulte à son corps d’enfant. Les garçons lui rappelant sans cesse son retard pubertaire, il préfère se tourner vers la maturité des filles de son école pour se lier d’amitié.

C’est durant sa seconde, alors qu’il avait 15 ans, qu’il mit un terme à ses études. Ses problèmes de santé et les hospitalisations suivant chacune de ses crises ont fini par prendre le dessus sur ses résultats scolaires. Mais la vrai raison qui le pousse à abandonner les bancs de l’école est sa passion pour la musique pour laquelle il veut consacrer sa vie. A la demande de ses parents, il poursuivra ses études par correspondance, mais sa volonté d’apprentissage face à ce type de discipline s’évanouira au bout d’un an.

Suite à de nombreux concours de chant, Grégory décide de se rendre au casting de la Nouvelle Star. Mais cette fois, on ne laissera pas Grégory aller jusqu’au jury de l’émission. Personne n’osera remettre en cause la grandeur de sa voix, mais on ne se gênera pas de juger la jeunesse qui lui appartient encore, affirmant qu’il a tout son temps pour grandir et retenter sa chance plus tard.

Après avoir travaillé deux ans sur le projet musical Adam et Eve, ce dernier ne verra finalement jamais le jour. Grégory sombre alors dans le désespoir entrainant son corps un peu plus profondément dans les ténèbres de la maladie.

Par la suite, alors qu’il attache une grande importance à ne rien laisser paraître des difficultés liées à sa maladie, la mucoviscidose le rattrapera lors de son séjour au château de la Star Académy. En effet, même si tout semble aller pour le mieux pour Grégory, les médias joueront pleinement leur rôle de pense-bête, osant prédire la victoire de Grégory du seul fait qu’il soit atteint de la mucoviscidose. Certains s’amuseront aussi de rebaptiser Grégory par le nom de « Mucoviscidose ».

Malheureusement, c’est tout au long de sa carrière que Grégory devra subir ce genre de réflexions. Ses parents recevront aussi des appels téléphoniques et des courriers leur rappelant que Gregory allait mourir de la mucoviscidose ou bien au contraire l’accusant d’avoir inventé sa maladie afin d’être populaire.

Pourtant, lorsqu’il s’agira de diffuser son titre « A Corps Perdu » en radio, Gregory essuiera de nombreux échecs car ces dernières la trouveront trop autobiographique donc forcément trop triste puisqu’il s’agissait de la parole d’un artiste atteint de la mucoviscidose. Son message d’espoir pour la vie échappant cruellement aux médias, ils ne verront dans ce texte qu’un recueil pour la mort.

Après avoir gagner de nombreuses batailles contre la mucoviscidose durant 23 ans, c’est cette mort qui le défiera pour un dernier combat le 2 Avril 2007. En effet, c’est à cette date que Grégory sera hospitalisé après une simple « visite de contrôle ». Grégory s’inscrira à la liste des demandeurs de greffe huit jours après son arrivée à l’hôpital. Mais il ne lui reste que quelques jours à vivre et le greffon n’arrivera malheureusement pas à temps. Grégory décèdera le 30 Avril 2007.

Alors que Grégory avait fait de sa maladie une affaire personnelle, il a finalement dû composer avec l’ambiguïté de la mucoviscidose. A force de se battre pour être considéré comme un homme que l’on s’oblige à juger de « normal », certains ont été dérangé par sa force et son courage d’exister. La société s’attachant à mettre les individus dans des cases, un malade est alors perçu comme un être en perpétuelle perte de vie, devant alors pleurer chaque jour, ne souriant jamais, au risque qu’on le croit inconscient de ses propres failles. Mais ce que les détracteurs oublient c’est que nous perdons tous 24 heures de vie par jour et que nous sommes au même titre que les personnes atteintes d’une maladie, de futurs morts.

Malgré la cruauté de certains individus, Grégory a su prendre l’amour de ses soutiens et avancer dans sa vie d’homme. La maladie n’étant qu’une partie de lui, Grégory s’occupait d’elle lorsqu’il était l’heure des soins, mais le reste du temps c’était de lui-même qu’il s’occupait. Cette phrase de Pierre Lemarchal, résonne encore en moi : « Dites aussi à ceux qui se sont trouvés drôles un jour, que mon nom n’était pas mucoviscidose mais bien Grégory Lemarchal »

 

IV/ Sa réussite

Malgré sa maladie, Gregory Lemarchal, ne se gênera pas pour vivre pleinement ses passions, pratiquant tour à tour les sports qu’il aime comme le Basket ou le tennis.

Comme la plupart des garçons, la récréation est sacrée surtout quand on lui donne un ballon. Il se vantera longtemps d’avoir le record des 120 buts marqués en une seule année scolaire.

A l’âge de 12 ans, Grégory pratiquera aussi plusieurs danses, mais se passionnera surtout pour le Rock Acrobatique. Il deviendra Champion de France de cette discipline alors souffrant d’inflammation aigue aux tendons d’Achille dû à la prise d’un antibiotique quinze jours auparavant.

C’est le 12 juillet 1998 que Grégory Lemarchal chantera pour la première fois en public. Son père l’ayant entendu chanter en cachette, savait que son fils était timide. Mais il savait aussi qu’il ne se défilait jamais devant un défi. Il somme alors son fils de chanter au karaoké du camping où il passe leurs vacances, si la France remporte la Coupe du Monde. Comme l’avait prévu Pierre Lemarchal, Grégory surmonta sa peur et pris le micro pour chanter « Je me voyais déjà » de Charles Aznavour. Le silence soudain des touristes et leurs applaudissements sonnent comme un nouveau départ dans la vie du jeune homme de 15 ans.

Malgré un premier échec au casting de « Graine de Star » où il sera élu quatrième chanteur alors que le jury ne devait en sélectionner que trois, c’est bien dans cette émission que Grégory fera sa première apparition télévisée quelques mois plus tard, le 8 Octobre 1999.

Quelques jours plus tard, il participera à son premier concours de chant, qui plus est international, puisqu’il finira deuxième sur deux cents chanteurs au « Tremplin des étoiles » de Montélimar. Mais une fois de plus, sa prestation avait été sous noté au risque, selon un  membre du jury, que Grégory, vu son jeune âge et sa maigre expérience, « attrape la grosse tête ».

Un an plus tard, après avoir enchainé les cours de chant, les concours et les scènes, Gregory remportera cette fois la première place du « Tremplin des étoiles ».

Alors que le corps médical avait alerté les parents de Grégory sur le fait que la chanson n’était « pas faite pour lui », il enverra, en juin 2004, un enregistrement de sa voix posée sur ses quatre chansons préférées à un contact que Brice Davoli lui communiquera afin de tenter de participer à la Star Académy.

Sa vie telle qu’il l’a toujours rêvée débutera 20 ans, jour pour jour, après ses premiers pas, puisque Gregory apprendra sa participation à la Star Académy le 13 juillet 2004.

En effet, il intègrera le château en septembre 2004, à l’âge de 21 ans. Sa santé n’ayant jamais été aussi bonne, il prendra même quatre kilo durant l’aventure atteignant son poids maximum de 59Kg.

Le 22 décembre 2004, Grégory ne saura retenir ses larmes lorsqu’il deviendra le vainqueur de la Star Académy 4. Le cri qu’il poussera ce soir là en dira long sur son parcours acharné, sur son amour de la vie, sur lui, Gregory Lemarchal.

Le 21 janvier 2006, Grégory Lemarchal remportera le NRJ Music Award de la révélation francophone de l’année suite à la sortie de son premier album « Je deviens moi ».Il le dédira à sa grand-mère maternelle, Simone, décédée quelques semaines auparavant.

Il partira ensuite en tournée à travers la France en passant par l’Olympia à trois reprises. Malgré la fatigue et la douleur dût à une opération de l’appendicite subie une semaine plus tôt, Grégory finira son tour de chant en beauté dans cette salle mythique.

Par son parcours et son talent artistique, Grégory a surtout su redonner l’espoir à de nombreux muco qui s’identifiaient à ce jeune homme qui, souffrant des mêmes maux, se levait chaque jour pour réaliser ses rêves.

La santé de beaucoup de ces muco s’est dégradée à l’annonce du décès de Gregory, prouvant une nouvelle fois le pouvoir que son aura avait sur l’humanité.

Si Grégory n’a pas eu le temps de parler, son nom, grâce à sa famille et Karine Ferri, la femme qui a partagé sa vie jusqu’à son dernier souffle, restera l’espoir de tous les malades.

Au lendemain de son décès, les donneurs d’organes se sont multipliés. Les chiffres indiquent d’ailleurs une augmentation du nombre de greffes d’organe de 35,2% entre 2006 et 2015. Grâce à son image, l’Association Grégory Lemarchal continue à ce jour d’informer et de sensibiliser la nation sur la mucoviscidose ainsi que sur le don d’organes et des produits du corps « pour que plus jamais la mucoviscidose ne nous arrache à ceux qu’on aime ». L’argent des donateurs sert aussi à financer les recherches scientifiques et à accompagner les patients pour qu’ils vivent au mieux leur maladie à l’hôpital mais aussi dans leurs familles. Ainsi, la première mission de l’association fut de créer un service de pneumologie à l’hôpital Foch de Surenes, où Gregory s’est éteint, où la médecine rimait avec confort, avec la vie. Pour la première fois, les patients pourraient se faire soigner dans des chambres décorées, disposant d’un système de rafraichissement de l’air et équipées de terminaux multimédias afin qu’ils ne soient plus jamais coupés du monde. Le service doté à présent d’une salle de détente pour les patients ainsi que pour leurs familles fut inauguré le 13 novembre 2008.

Si Gregory ne voulait pas parler de la mucoviscidose lorsqu’il a passé les tests pour intégrer la Star Académy, il a vite compris qu’elle faisait partie de lui et quil ne pourrait la cacher très longtemps. Comme il l’a toujours fait, il a donc préféré prendre ses responsabilités et donner cette information avant qu’elle ne soit révélée à son insu. Il ne voulait pas de pitié ou de jugement par rapport à une unique facette de sa vie. Mais je pense que chaque chose que nous faisons pour nous, ne peut pas entièrement marcher si nous ne pensons pas à la valeur ajoutée que nous donnons au reste de l’humanité. Si ce grand artiste nous procurait autant d’émotions lorsqu’il chantait, c’est parce qu’il pensait à l’humanité et au bonheur qu’il pourrait donner aux autres. Si ce grand homme se levait tous les matins, c’était pour se lever mais aussi pour prouver à l’humanité que tout est possible. Et si son nom perdure aujourd’hui, ce n’est pas pour la gloire de Gregory Lemarchal, mais bel et bien pour que « Plus jamais, la mucoviscidose ne nous arrache à ceux qu’on aime ».

Si l’histoire de Gregory Lemarchal vous inspire, je vous conseille de lire la biographie Sous ton regard écrite par sa mère, Laurence Lemarchal, sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

De plus, si son combat vous touche, je vous invite à faire un don sur le site de l’association Grégory Lemarchal : http://www.association-gregorylemarchal.org/faire_un_don.php

 

Et toi, as-tu tendance à subir ta vie ou te sers-tu de tes faiblesses pour devenir plus fort ?

Laquelle de tes larmes voudrais-tu transformer en arme pour protéger l’humanité de la douleur ?

MARTIN LUTHER KING (LA VOIX D’UN PEUPLE)

MARTIN LUTHER KING (LA VOIX D’UN PEUPLE)

Martin Luther King a donné sa vie à l’Humanité. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’a pas œuvré simplement pour l’égalité entre blancs et noirs mais pour l’égalité dans sa globalité aussi bien raciale, qu’économique ou sociale. Malgré les menaces et les coups, la peur de Martin Luther King n’a jamais pris le dessus sur son combat.

 

I/ A l’état brut

Michael King, né le 15 janvier 1929, poussera son premier cri à Auburn Avenue, en Géorgie.

Sérieux et rigide à l’université, Martin Luther King est aussi un garçon sociable et bienveillant ne manquant pas d’humour.

Inspiré par l’aura de son père, l’enfant, se passionnant pour l’art des mots, se révèlera d’une nature très convaincante.

Curieux, King Jr ne se satisfait pas de simple lecture pour s’instruire. Qu’il s’agisse de religion ou de politique, il cherche sans cesse à confronter les idéologies de différents experts afin de se créer sa propre vision du Monde.

La sociabilité et l’ouverture d’esprit de Martin Luther King le poussant à l’instruction s’équilibre avec sa rigidité le menant à se faire sa propre idée de chaque information.

Sans cette seconde caractéristique, sans discernement réfléchi, le brouhaha constitué par le mélange d’informations n’aurait pu donner lieu à une idéologie fondée et fondamentale. Pire encore, sans réflexion poussée, la simple lecture de ces différents courants idéologiques aurait pu le mener à faire des erreurs d’interprétation qu’il aurait pu mettre en application.

 

II/ Un environnement familial

Issu d’une famille afro-américaine, Martin Luther King, baignera dès son plus jeune âge dans la religion catholique.

En effet, après avoir été victime des humiliations de son maitre blanc lorsqu’il était travailleur agricole, son père, Martin Luther King Sr, trouva la paix intérieure en se tournant vers l’Eglise. Il partira ensuite s’installer à Atlanta pour devenir le troisième pasteur de l’Eglise d’Ebenezer. Au-delà de l’homme d’Eglise, l’homme est un militant des droits économiques et sociaux des noirs. A. D. Williams, son futur prédécesseur, l’aidera à entrer au Morehouse College, ce qui lui permettra d’évoluer au rang restreint de la bourgeoisie noire d’Atlanta. Ses convictions le mèneront au Social Gospel. Né Michael en 1897, il donnera d’abord ce prénom à son fils ainé puis le rebaptisera, à l’âge de cinq ans par celui qu’il eut choisi en 1934 pour lui-même. Ce dernier rentrera parfois en confrontation avec lui au sujet de la religion. En effet, il ne partage pas les mêmes opinions concernant les rivevals qu’il considère trop expressif corporellement. Selon lui, l’énergie distribuée pendant les cérémonies sont trop caricaturale. Pour King Jr, la religion doit s’exprimer par le cœur et l’âme. Parfois maltraité par son père, Martin Luther King Jr, s’émancipera rapidement, d’un point de vue physique puisqu’il quittera la maison afin de poursuivre ses études, mais surtout par le fruit de ses dernières puisqu’il s’autorisera à croire en une autre vision de la religion que celle inculquée par son père.

En 1926, ce dernier épousera Alberta, la fille du pasteur Wiliams, alors institutrice et pianiste pour l’Eglise.

En 1927, elle donnera naissance à Willie Christine. Le frère cadet de Martin Luther King Jr, Alfred Daniel, verra le jour en 1930.

Martin Luther King Jr s’est d’abord inspiré de son père pour constituer son avenir. Restant sur la lignée pastoral, il a néanmoins ressentit le besoin de construire son propre chemin et ses propres idées.

L’émancipation nous effraie tous. Parents comme enfant s’y confrontent avec appréhension. Pourtant, elle est nécessaire à chacun pour se construire en tant qu’individu. L’émancipation n’est pas un détachement de nos parents, de nos racines, mais, au contraire un attachement à ce que nous sommes et la personne que nous voulons devenir et deviendrons. Un individu capable d’apporter encore plus de ressources aux êtres qu’elle chérie ainsi qu’à l’humanité.

 

III/ Ses blessures, ses échecs

Même s’il est élevé à l’abri dans le quartier bourgeois de « Sweet Auburn », Martin Luther King Jr restera traumatisé par la pauvreté et la violence subie par les Noirs dont il sera témoin. En s’émancipant, il sera lui-même victime de l’humiliation et de la violence des blancs. Même s’il sera choqué par la gifle reçue par une femme blanche l’insultant de « nègre », c’est le rejet d’un ami d’enfance blanc qui le sensibilisera au conflit racial.

S’il traversera des phases de dépression tout au long de sa vie, c’est à l’âge de treize ans que Martin fera ses premières tentatives de suicide. Croyant à la mort de sa grand-mère, il tentera de mettre fin à ses jours avant de réitérer l’expérience en apprenant la mort véritable de cette dernière.

A l’âge de 15 ans, l’adolescent de retour d’un concours régional d’élocution qu’il gagnera, se verra dans l’obligation de céder son siège à un blanc. Avec son institutrice réduite au même sort, il restera debout durant 130 kilomètres.

Alors qu’il commencera à croire en la rédemption de l’homme, un camarade blanc croyant avoir été victime d’une mauvaise blague de sa part, le menacera d’une arme sur la tempe.

Quelques mois plus tard, il se verra, avec des amis noirs, refuser l’entrée d’un bar. Lorsqu’ils demanderont des explications sur le motif de ce refus, ils seront  insultés et menacés d’un pistolet.

En 1949, Martin Luther King entretiendra une relation amoureuse avec une blanche, Betty Moatz, qui n’est autre que la fille du cuisinier de l’école. Mais son parrain, le Révérend Barbour, lui fait prendre conscience de l’incompatibilité de son couple avec la mission dans laquelle il s’apprête à s’engager. En effet, il aurait, à cette époque été impossible de rentrer dans le Sud ségrégué avec une blanche. C’est pourquoi il mettra fin à cette relation avortant ainsi ses projets de mariage.

N’abandonnant pas sa quête d’un Monde où règneraient la paix et l’égalité, King passera plusieurs années perdu au milieu de ses lectures, ne sachant plus discerner sa propre vérité, ses propres convictions sur la manière de mener à bien sa lutte contre la ségrégation. Son savoir sera, dans un premier temps, un handicap. Lors de ses prêches, il sera qualifié par ses enseignants, d’arrogant ne sachant pas captiver son auditoire noir illettré.

A 25 ans, sa capacité à adapter un langage aussi bien approprié aux bourgeois blancs qu’aux pauvres noirs le mène à la direction de la MIA. Cette décision honorifique est aussi un défi permanent contre la mort. En effet, d’abord accusé de détourner l’argent de son association, King sera, tout au long de son combat persécuté par l’opposition à l’égalité raciale, notamment par le FBI.

En 1956, harcelé par la police, il sera arrêté pour un supposé excès de vitesse qui le mènera en prison avant que son ami Ralph Abernathy ne le libère sous caution.

Alors que, lors d’un sermon, il énumère les harcèlements, insultes et menaces de mort dont il est victime en indiquant que « cela n’était pas cher payé pour la cause qu’il défendait », il apprend qu’une bombe vient d’exploser dans sa maison familiale ne faisant, heureusement, aucune victime.

Suite au boycott des bus, King n’échappera pas non plus à la violence dont seront victimes les noirs. En effet, des coups de feu seront tirés sur son presbytère, quelques mois avant que douze bâtons de dynamites ne soient cachés devant la porte d’entrée de sa maison. Plus tard, il retrouvera aussi la croix du Ku Klux Klan dans son jardin.

Le 27 Octobre 1957, la parole est donnée à King lors d’une émission de NBC afin qu’il s’exprime au sujet de son combat non-violent et de l’avenir attendu pour le peuple américain. Mais, il ne sera pas entendu puisque l’émission sera censuré par un anonyme qui endommagera les câbles de transmission.

En février 1960, il sera arrêté pour des présumés fraudes fiscales et parjures.

Participant au « sit-in » au restaurant du magasin Rich’s, il fera partie des deux cent quatre-vingts militants emprisonnés. Il sera rapidement libéré, mais étant sous liberté conditionnelle suite à une infraction au code de la route, il sera considéré comme récidiviste, puis remis en prison. Il sera ensuite jugé et condamné à quatre mois de travaux forcés au pénitencier de l’Etat de Reidsville.

King sera une nouvelle fois emprisonné à la suite d’une marche contre la ségrégation en Albany. Cette fois, il refusera d’être libéré sous caution et invitera son peuple à le rejoindre.

Alors que son discours du 28 Aout 1963 traversera les générations à travers le Monde, « I have dream » lui donnera d’abord le rôle de « Noir le plus dangereux du pays » selon le FBI.

En apprenant, le 22 Novembre 1963, l’assassinat du Président Kennedy, le pasteur avouera avoir conscience de la tragédie qui accompagnera son destin, persuadé d’être assassiné avant ses quarante ans. De plus, la perte de cet allié laissera le projet de loi des droits civiques en stand-by.

Sous le poids des responsabilités, de la violence et des critiques notamment énoncées par les militants de la jeune génération, King souffrira d’hypertension et d’une infection virale orchestrées par un stress post-traumatique qui l’enverra en cure de repos en octobre 1964 à l’hôpital d’Atlanta.

Le jour de son assassinat, le 4 Avril 1968, Martin Luther King comptabilisera trente emprisonnements et sera à la tête de trente-neuf années de souffrances, confronté inlassablement aux insultes, humiliations, menaces de mort, coups à mains nues comme armées.

Au-delà de sa vie, Martin Luther King a sacrifié les trente-neuf années qui l’ont composé au service de l’humanité. Même s’il lui est arrivé de douter de ses stratégies mises en place afin de créer un Monde d’amour, d’égalité et de tolérance, il n’a, en revanche jamais douté de sa volonté à se sacrifier pour son peuple.

Pourtant, la plupart d’entre nous, sont incapables de procéder à un tel geste de courage et d’amour envers soi et ses propres convictions. Nous nous plions parfois à des lois injustes par crainte des représailles juridiques. Certain allant même jusqu’à cacher ce qu’ils sont réellement pour échapper cette fois au jugement de leurs concitoyens.

 

IV/ Sa réussite

Martin Luther King Jr donnera son premier discours pastoral à l’âge de quatorze ans. A cet âge déjà, le pasteur est déterminé par la croyance en un possible Monde égalitaire.

Le 5 décembre 1955, c’est en tant que Président de la MIA que King donnera son premier discours dans l’Eglise de Holt Street, rassemblant des milliers de paroissiens autour du mouvement de désobéissance civile non-violent qu’il instaure alors.

En effet, suite à l’amende reçue par Rosa Parks pour avoir refusé de céder sa place à un blanc, Martin Luther King demande au peuple noir de boycotté les bus.

Malgré ses nombreuses phases de découragement, de peur et de culpabilité de mettre sa propre famille en danger, Martin Luther King ne cessera jamais de motiver et d’encourager ses compatriotes à croire en eux et au pouvoir de leur lutte non-violentes.

Vivant mal, dans un premier temps, ses nombreuses arrestations, il finira par voir en la prison, un nouveau moyen de pression. Le peuple enfermé ne peut alimenter l’économie et les prisons arriveront rapidement à saturation.

Suite à 381 jours de boycott à Montgomery, King et le peuple noir sera enfin entendu puisqu’en novembre 1956, la Cours suprême des Etats-Unis confirmera la décision du 5 juin 1956, proclamée par une cour fédérale d’interdire la ségrégation dans les bus de Montgomery. Lui qui disait « Plutôt marcher dans la dignité que d’être convoyé dans l’humiliation », prendra place dans le premier bus dénué de ségrégation le 20 décembre 1956, accompagné de ses principaux collaborateur dont Rosa Parks.

L’engagement de Martin Luther King inspirera de nombreux étudiants encore dotés d’une part d’insouciance et de rébellion. Au début de leur lutte, ils s’opposent à toute autorité, rejetant leur model. Mais, soumis à leur tour aux violences verbales et physiques, ils finiront par demandé l’aide du Pasteur qui apportera la sagesse dont manque alors ces jeunes radicaux, devenant un véritable trait d’union avec les différentes associations non-violentes.

Le 2 juillet 1964, après une énième arrestation et grâce à la persévérance d’un peuple et la collaboration du nouveau Président Lyndon Johnson, la loi des droits civiques est enfin adoptée.

En Octobre 1964, Martin Luther King deviendra, à trente-cinq ans, le plus jeune Prix Nobel de la Paix, ainsi que le deuxième Noir Américain à recevoir ce prix.

Le 6 Aout 1965, une loi interdisant toute tentative d’opposition à la jouissance du droit de vote des Noirs est signée par Lyndon Johnson. Ainsi, les tests de connaissance ne seront plus tolérés.

Moins de deux semaines après la mort de Martin Luther King qui, au-delà de son combat pour les noirs, s’était aussi mobilisé pour l’égalité économique, la Mairie reconnaitra partiellement les droits des travailleurs victimes de la précarité. Désormais, ils auront par exemple, le droit de se syndiquer.

Quelques semaines plus tard, Lyndon Johnson signera une loi interdisant la discrimination au logement.

Si on ne peut nier la valeur inestimable du prix qu’à payé Martin Luther King, on ne peut quantifier le nombre de vie qu’il a sauvé, à travers les décennies en donnant la sienne.

En effet, même si de nombreux militants ont été tués durant les manifestations, King entouré de ses collaborateurs et de ses compatriotes a eu le courage de lever le voile sur de nombreuses injustices et d’aider l’humanité à prendre conscience de ces dernières.

Sans lui, les mentalités n’auraient peut-être jamais évoluées à moins de glisser une nouvelle fois dans l’obscurité de l’esclavage.

Sans lui, les Noirs Américains auraient probablement continué à mourir sous les coups, le manque de nourriture et dépourvus de logement.

Sans lui, les Noirs Américains seraient sûrement morts de se taire.

Si la plupart d’entre nous estimons que notre vie mérite d’être vécue, nous pourrions sûrement trouver un équilibre entre notre vie et celle de l’humanité toute entière. L’humain est né pour vivre pour soi et pour les autres. Alors ne faisons pas mine d’être indifférent, ne soyons pas sourd et muet. Regardons les faits en face, ne nous taisons pas, exprimons nous et bougeons-nous pour rendre un Monde meilleur à nos enfants.

 

Si le parcours de Martin Luther King vous inspire, je vous invite à lire Martin Luther King Une Biographie de Sylvie Laurent, livre sur lequel je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Pense un instant au moment où tu rendras ton dernier souffle, au moment où, cette fois, tu te retrouveras complètement seul face à toi-même.

A ce moment précis, voudras-tu penser aux problèmes que tu as rencontré dans ta vie ou au soutien que tu auras apporté aux individus en détresse croisés sur ton chemin?

A ce moment précis, voudras-tu te dire que ta vie n’a été qu’une goutte d’eau dans le fleuve de l’humanité ou qu’elle a été un ruisseau d’amour pour accueillir les larmes de tes semblables avant de les faire disparaitre à jamais ?

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