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Mois : décembre 2016

MARIE-LAURE PICAT (LA MERE COURAGE)

MARIE-LAURE PICAT (LA MERE COURAGE)

MARIE-LAURE PICAT

(LA MERE COURAGE)

 

Aujourd’hui, je vais vous parler de l’histoire de Marie-Laure Picat, une mère qui a dédié ses derniers mois avant sa mort à chercher une famille d’accueil à Ses quatre enfants afin de leur offrir le meilleur avenir possible après le drame qu’ils s’apprêtaient à vivre.

Son histoire m’a touchée en tous points. D’abord parce qu’elle parle de la force du lien qui lie une mère à ses enfants. Quelle que soit notre histoire avec nos parents ou nos enfants, il est difficile d’être insensible à ce sujet. Bons ou mauvais repères, les parents sont la base de la vie et les enfants deviennent la raison de vivre des parents. C’est le lien qui nous permet souvent de nous surpasser.

Dans cet article, ce que je voudrais mettre en avant, c’est cette persévérance sans faille dont Marie-Laure Picat a fait preuve.

Selon moi, cette mère courage est un exemple pour chacun d’entre nous.

 

I/ A l’état Brut

 

Marie-Laure Picat est née le 2 juillet 1972.

Ce qui la caractérise au premier abord est son humour qui lui permet de dédramatiser les mauvais moments de la vie. Au risque de mettre mal à l’aise certaines personnes, elle se servira d’ailleurs de son humour décapant jusqu’à ses derniers jours déjouant ainsi les principaux drames de la vie à savoir la maladie qui marque pour la plupart d’entre nous une sorte de stand-by, laissant l’espoir d’un retour à la vie, et la mort si redoutée marquant la fin définitive de ce que nous sommes, du moins dans cette seule forme que nous pensons connaitre.

On peut aussi définir Marie-Laure comme une personne directe, déterminée et persévérante. En effet, lorsqu’elle veut quelque chose, elle ne ressent pas le besoin de s’éterniser avec de longs discours complexes, mais préfère les phrases courtes et simples allant toujours droit au but. En revanche, si ce mode de communication ne fonctionne pas, elle est prête à employer tous les moyens qui la mèneront à son but final.

 

C’est probablement ces traits de caractères qui ont permis à Marie Laure Picat de surmonter chacune des épreuves de la vie.

En effet, elle est directe et attend que les gens soient directs avec elle. Selon elle, ça n’est pas la façon dont on annonce les choses qui va changer le problème.

En revanche, une fois que le problème est énoncé, elle a cette capacité à dédramatiser les situations par l’humour.

Ce type de comportement lui permet ainsi de se recadrer sur une énergie positive lui permettant d’une part à éviter l’effet placebo, mais aussi de vivre pleinement ce que la vie peut lui offrir de positif, même dans les moments négatifs.

 

II/ Un environnement familial

 

Sa mère, Marie-France Grison, née le 18 décembre 1949, a quitté le domicile familial peu après la naissance de Marie-Laure. Selon son frère ainé, elle ne travaillait pas, ne s’occupait pas de la maison ni des enfants. Lorsque son mari rentrait du travail, elle se maquillait et sortait avec ses amis. Le seul salaire du foyer était dépensé pour ses vêtements et ses sorties. De plus, elle était violente avec ses enfants.

Son père, Maxime Picat, était ouvrier et faisait les trois huit. En plus de son travail, il était passionné de cyclisme, passion qu’il partageait avec son fils. Il n’était donc pas souvent à la maison. Avec ses filles, il ne partageait rien et ne leur adressait quasiment jamais la parole. Il n’offrait jamais rien à ses enfants et les cadeaux de Noël étaient rares. Son éducation était stricte. Aucune sortie n’était autorisée et les faits et gestes de chacun étaient surveillés.

Après le départ de sa mère, la grand-mère paternelle de Marie-Laure est venue s’installer dans le foyer familial. C’est donc sa grand-mère qui lui donnait l’affection qu’elle n’avait jamais connu.

Elle avait un frère ainé prénommé Richard et une sœur prénommée Christelle.

Par la suite, elle a appris qu’elle avait aussi deux demi-frères du coté maternelle nés d’une seconde union.

Marie-Laure n’a peut-être pas choisi sa famille biologique, mais son chemin a croisé celui de Marie-Thé qui était comme une mère pour elle et deviendra par la suite, la grand-mère de cœur de ses quatre enfants.

 

C’est peut-être cet environnement familial qui a, par la suite, déterminée la mère qu’est devenue Marie-Laure Picat.

Sans l’abandon de sa mère, Marie-Laure n’aurait peut-être pas eu cette détermination à trouver une famille d’accueil à ses enfants pour qu’ils restent unis après sa mort.

Elle a vécu l’absence d’une mère avec comme seule attache son frère et sa sœur.

De plus, on ressent dans sa démarche, ce besoin de ne jamais abandonner ses enfants.

Même si elle ne peut pas contrôler sa mort, elle veut être présente pour ses enfants jusqu’à la fin et après la fin.

 

III/ Ses échecs et ses blessures

 

Après une enfance difficile au sein d’un foyer sombre et hostile, Marie-Laure Picat décide de fonder sa propre famille.

Elle se marie donc avec le père de ses enfants. Au début de leur histoire tout se passe bien comme dans la plupart des jeunes couples. La naissance de leur fille est une joie immense pour les deux parents. Mais après la naissance de leur premier fils, le père change et ne s’occupe plus de rien si ce n’est de sa propre personne. Au fil des années et des nouvelles naissances, Marie-Laure doit tout assumer au sein du foyer, jonglant entre la vie scolaire et sportive de ses trois ainés, l’éducation de la petite dernière, l’entretien de la maison, l’administratif, etc…

Après ces années difficiles, Marie-Laure est confrontée à l’impensable : elle est atteinte d’un cancer. Malgré une année de lourds traitements, son médecin lui annonce qu’il ne lui reste que quelques semaines, dans le meilleur des cas, quelques mois à vivre.

Plongée dans ce dur combat, son médecin lui conseille de régler tous ses problèmes personnels rapidement afin de ne garder de l’énergie que pour vivre au mieux ses derniers moments aux cotés de la maladie. Conseil qu’elle prendra au mot en quittant le domicile familial avec ses quatre enfants, laissant ainsi son mari seul.

Le dernier gros combat de sa vie commence alors : Choisir la famille qui accueillera ses enfants après sa mort, et ce, envers et contre tous.

 

L’humain a souvent besoin d’un malheur pour prendre sa vie en main, pour décider d’être soi et décider d’être le seul capitaine de sa vie.

Lorsqu’on croit que ça va, qu’il n’y a pas de problème particulier, on se laisse porter par la vie, par ce qu’elle décide pour nous. Absorbé par la routine du quotidien, nous n’osons pas aller au-delà de ce que nous vivons et restons sagement dans un mode de vie que nous prenons pour une fatalité. En réalité, nous avons peur de nos décisions. Par peur de vivre le pire, nous nous interdisons le meilleur.

Or, lorsque nous vivons un drame, lorsque la vie décide de nous montrer le pire, que nous  nous rendons compte que nous sommes plus forts que nous le pensions et que nous sommes capables de surmonter les difficultés posées sur notre chemin, nous comprenons que nous pourrons surmonter une seconde épreuve. C’est alors que nous nous libérons pour, généralement, nous offrir le meilleur.

Marie-Laure Picat, même si elle n’a malheureusement pas survécu à son cancer, s’est offert le meilleur qu’elle pouvait s’offrir suite à l’annonce de sa maladie.

En effet, elle est sortie de sa zone de confort, devenue finalement si inconfortable, et s’est autorisée à quitter une routine qui la rongeait un peu plus chaque jour.

 

IV/ Sa réussite

 

Lors de ses derniers mois, cette mère courage a relevé plus de défis qu’elle n’aurait pu le faire dans toute sa vie.

Après sa séparation avec son mari qu’elle ne supportait plus depuis plusieurs années, Marie-Laure Picat a décidé de trouver une famille d’accueil pour ses quatre enfants dans leur ville afin de ne pas chambouler leur vie plus que nécessaire. Ne connaissant pas l’ampleur des procédures administratives et n’ayant pas l’habitude de passer par quatre chemins, elle a d’abord parlé de sa décision à tous ses amis afin que le message circule et arrive jusqu’à une potentielle famille d’accueil. Elle a rapidement fait la connaissance de Valérie et Jean Marc et a décidé qu’ils accueilleraient ses enfants.

Malheureusement, la loi française ne donnant pas le choix aux parents condamnés de décider de l’avenir de leurs enfants, Marie-Laure se voit confrontée à un premier refus d’une longue liste. Mais la persévérance étant mère de la réussite, elle ne se découragera pas et finira par obtenir le droit de décider de l’environnement dans lequel vivront ses enfants.

Marie-Laure Picat a perdu beaucoup de temps et d’énergie pour cet objectif qui était, dans un premier temps personnel. Mais grâce à sa persévérance et à la médiatisation son combat, elle a en plus réussi à ouvrir les yeux à l’Etat sur la longueur et la difficulté des démarches administratives pour les parents en fin de vie qui souhaite décider eux même de l’avenir de leurs enfants.

Marie-Laure Picat a ensuite décidé d’écrire le livre « Marie-Laure Picat, Le courage d’une mère » afin de laisser une trace à ses enfants ainsi que pour raconter son combat et sensibiliser l’administration sur la nécessité de faire changer ce système.

 

On passe beaucoup de temps à se trouver des prétextes pour ne pas réaliser nos objectifs. On est souvent fatigué, on manque souvent temps, on a souvent d’autres choses à faire. Lorsqu’on passe au-dessus de ces excuses, on se demande alors si la réalisation de notre projet est possible.

Penses-tu que Marie-Laure n’a jamais eu peur de ne pas avoir le temps ? Penses-tu qu’elle n’était pas fatiguée ? Qu’elle n’avait pas autre chose à faire ?

Pourtant, malgré la fatigue et les douleurs, Marie-Laure a pris le temps. Elle était focus sur son objectif et elle a réussi. Quant à la question « Est-ce que c’est possible ? », il est fort probable qu’elle n’aurait pas atteint son objectif si elle se l’était posée.

Mais comme le dit David Laroche, « Je ne sais pas ce qui est possible ou non alors j’agis comme si tout était possible ».

On a tendance à se croire intouchable, comme immortelle. On vit comme si le temps était infini, mais on oublie souvent que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. On repousse tout au lendemain sans savoir s’il y en aura un. Puis un jour, on se retourne et on ne voit plus que les traces des fardeaux que l’on a trainés et c’est trop tard car notre âme a quitté notre corps.

 

Si l’histoire de Marie-Laure Picat vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Le courage d’une mère » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article (ceci est un lien d’affiliation)

 

Maintenant que cette mère courage t’a enlevé quelques excuses, quel nouveau prétexte as-tu trouvé pour être sûr de ne pas avancer ?

LAURE MANAUDOU (L’AME SŒUR DE LA VICTOIRE)

LAURE MANAUDOU (L’AME SŒUR DE LA VICTOIRE)

Dotée de réelles capacités pour la natation, Laure Manaudou est la preuve que la possession d’un don ne suffit pas pour devenir la meilleure de sa discipline. Son aptitude naturelle à la natation n’aurait mené nulle part si elle ne l’avait pas allié à la rigueur et la persévérance.

 

I/ A l’état brut

Née le 9 Octobre 1986 sous le signe astrologique de la Balance, Laure Manaudou verra le jour à Villeurbanne. Timide, elle grandira à l’écart des autres enfants, partageant son insouciance avec son seul allié, son frère ainé. Pourtant, son impulsivité ira souvent contre le désir de sa timidité à rester discrète.

Lorsqu’elle veut quelque chose, Laure entend bien l’obtenir. C’est ainsi que tout au long de sa carrière, persévérance et fainéantise seront au coude à coude, même si cette dernière finira toujours vainqueur du sprint final.

Casse- cou dans l’âme, elle n’hésitera pas à se mettre en danger pour gagner quelque soit la nature de la compétition ou l’enjeu. Une simple course de vélo avec ses frères mettra à plusieurs reprises la mauvaise perdante de mauvaise humeur.

Impatiente et entière, elle laissera souvent ses sentiments prendre le dessus sur la raison de sa carrière.

La carrière de Laure Manaudou sera un réel parcours d’équilibrisme entre ses différents traits de caractères versatiles. Tantôt timide et travailleuse, tantôt impulsive et fainéante, Laure apprendra au fil du temps à écouter son corps et son ressentiment pour réguler ses entrainements entre relâchement et travail acharné.

 

II/ Un environnement familial

Laure Manaudou est issue d’une famille de sportif.

Son père, Jean-Luc, est employé de banque. D’abord Handballeur en National 3, en tant qu’arrière gauche dans l’équipe de Vaulx-En-Velin, il deviendra ensuite entraineur de l’équipe de Meximieux.

Sa mère Olga est originaire de la Hollande. Secrétaire quadrilingue à l’office du tourisme de Meximieux quittera son emploi à la naissance de ses enfants pour commencer une carrière d’assistante maternelle afin d’élever ses enfants. Mais elle passera son temps libre en tant que badiste.

C’est dans les années 1970 que Jean-Luc et Olga se rencontrèrent au Cap Fréhel et ceux sont ces falaises qui accueilleront la famille chaque été.

Deuxième d’une fratrie de trois enfants, la fillette, entourée de ses frères, deviendra rapidement un garçon manqué.

Son frère ainé, Nicolas, est né le 9 Octobre 1985, soit un an jour pour jour avant la naissance de Laure. Ensemble, ils partageront leur timidité, leurs jeux, leurs bêtises, dans une relation exclusive. Même si la fusion de leur relation les mettra souvent en confrontation. Il deviendra par la suite entraineur de natation.

Son frère Florent verra le jour le 12 Novembre 1990, soit quatre ans après la benjamine. Ce dernier prendra le même chemin que sa sœur en devenant notamment champion Olympique du 50 mètres nage libre à Londres en 2012.

Baignée dans le sport depuis son plus jeune âge, Laure Manaudou sera surtout motivée par l’entraide compétitive instaurée dans la famille. Sans cette volonté entretenue dès sa naissance, d’être sans cesse la meilleure de la fratrie, elle n’aurait probablement pas eu l’idée de mesurer sa puissance et sa rapidité dans le cercle élargi de l’Olympe.me si le milieu familial nous inspire pour construire notre vie, c’est avant tout le système de pensées que nous nous créons à son contact qui formate notre vision du monde et nos rêves.

 

III/ Ses échecs, ses blessures.

C’est lorsque Laure Manaudou avait cinq ans que ses parents décidèrent de l’inscrire, avec Nicolas, à la natation. A l’époque, le but était tout simplement l’apprentissage de la nage et l’aisance aquatique. En effet, passant toutes leurs vacances au bord des mers bretonnes, les parents voulaient donner toutes les armes nécessaires aux deux casse-cou pour éviter tout risque de noyade.

Mais Laure Manaudou déteste nager et a peur de mettre la tête sous l’eau. Alors elle fait son maximum, à chaque cours, pour arriver le plus tard possible, jouant avec son frère dans les vestiaires. Ainsi, ils arrivaient parfois à gagner vingt minutes sur l’entrainement censé durer une heure. Une fois dans le bassin, ils continuaient à chahuter comme à leur habitude.

Paradoxalement, c’est dans ce même bassin qu’elle se découvrira une vitesse que les autres n’ont pas. Elle n’aimera jamais nager mais aimera toujours remporter la victoire.

C’est à l’âge de sept ans qu’elle connaitra ses premières émotions de nageuse en participant à sa première compétition interne club nommée la « coupe des minots ». Elle apprendra alors la victoire qui l’inondera de joie, ainsi que la défaite qui noiera ses joues de larmes.

L’adrénaline du gain donnera ainsi un minimum de sens à l’heure quotidienne qu’elle passe dans le bassin et qui se verra doublée dès l’année suivante.

En passant au niveau supérieur, elle subit les foudres de Gérard, son entraineur. La fille de ce dernier, Barbara, était la meilleur du groupe, ce qui énervait beaucoup Laure qui voulait sans cesse être la première, ne supportant pas d’arriver deuxième. L’entraineur n’avait d’yeux que pour sa fille et criait sur les autres enfants, avec en champ de mire, la fratrie Manaudou. En effet, les trois frères et sœur n’avait pas besoin de beaucoup travailler pour nager presque aussi vite que Barbara. Il savait que si Laure Manaudou s’entrainait un peu plus sérieusement, elle rattraperait vite les résultats de sa fille alors il préférait la rabaisser à longueur de cours. Ne se doutant pas un seul instant que cela produirait, quelques années plus tard, exactement l’effet contraire sur la jeune fille.

L’impact de la défaite, pour Laure, est tellement important qu’elle décidera de mettre un terme à ses entrainements de natation à l’âge de douze ans, ne supportant plus d’être la deuxième.

Mais, à force d’observer son frère en compétition, le manque de la victoire se fait sentir et elle décide de retourner à la piscine un an et demi plus tard, ignorant alors que sa carrière était sur le point de prendre un nouveau tournant.

C’est en Avril 2001, au Championnat de France senior, qu’un certain Philippe Lucas la remarque. Très vite, elle quittera le cocon familial et emménagera chez ce dernier pour vivre au rythme de ses entrainements. L’adolescente n’a alors que 14 ans et souffre de l’éloignement de sa famille. En plus de ce chamboulement, Laure Manaudou devra assumer un emploi du temps chargé. En effet, elle devra se lever à 05h15 tous les matins pour nager dès 06h00 du matin, elle se rendra ensuite en cours à 08h30 à 17h00, enfin elle regagnera les bassins de 17h30 à 21h chaque soir, ne disposant que du samedi après-midi et du dimanche pour se reposer. N’aimant ni étudier, ni nager, c’est ainsi que débuteront de longues années d’ennui pour Laure, laissant ainsi sa vie d’adolescente de côté. Quelques mois plus tard, elle décidera d’ailleurs de quitter l’école, afin de se concentrer sur son unique objectif principal à savoir s’entrainer pour devenir championne Olympique.

Lorsqu’on a un rêve, on est souvent découragé à l’avance par tous les efforts que l’on devra fournir et le temps que l’on devra sacrifier pour atteindre notre but. Alors résigné, on se donne le prétexte de la fatigue dû à notre activité principale pour procrastiner dans ce qui nous tient le plus à cœur. Alors on finit par se complaire dans la facilité d’une vie que l’on n’a pas choisi. Pourtant, Laure Manaudou, malgré son jeune âge, saura mettre toute excuse de côté pour faire de son planning une norme vers la victoire.

 

IV/ Sa réussite

Lors de sa pause loin des bassins, Laure Manaudou a grandi contrairement à Barbara qui, contrainte à un programme d’entrainement trop intensif, n’arrivera plus à se développer. A son retour à la piscine, Laure vaincra sa grande ennemie à un quatre cents mètres quatre nages à Oyonnax, surprise par les encouragements du père de cette dernière ayant soudain viré de bord.

Il l’avait déjà observé au Championnat de France senior en 2000 à Rennes, à Sarcelles, puis à Chamalières, mais c’est lors de sa montée à la deuxième marche du podium des Championnats de France, que Philip Lucas prendra cet engagement personnel.

Même si Laure Manaudou considérera cette seconde position au cent mètre dos comme un échec, il s’agit bien d’une victoire puisque le vainqueur de la compétition ne sera autre que Roxana Maracineanu, la nageuse professionnelle qu’elle admire depuis ses onze ans.

Trois mois plus tard, Laure Manaudou remporte une médaille d’argent au cinquante, ainsi qu’au cent mètre dos au championnat du monde juniors de Malte. Ces nouvelles données ajoutées à son palmarès, Philip Lucas décidera de contacter les parents de Laure afin de leur faire part de ses projets pour la jeune nageuse.

C’est en admirant la victoire des Australiens au relais des Jeux Olympiques de Sidney en 2000 que Laure Manaudou décidera de devenir championne Olympique. Elle ne le saura pas tout de suite mais c’est cet argument que Philip Lucas a choisi pour convaincre ses parents de la prendre sous son aile. En effet, selon lui, trois années lui suffiront à entrainer Laure pour qu’elle devienne championne Olympique.

Il n’a pas tort puisque la carrière de Laure Manaudou s’accélère dès 2001.

En décembre, elle battra le record de France du cent mètre dos en petit bassin, détenu par Roxana, son exemple, en effectuant la traversée en 59 secondes et 44 centièmes.

En Avril 2002, elle devient Championne de France toutes catégories en cinquante mètre dos et se sélectionne aux championnats d’Europe Senior. Finalement, elle préfèrera disputer ses derniers championnats d’Europe Junior préférant attendre l’année suivante pour se livrer à la compétition sénior. Ainsi, elle remportera la médaille d’or au cent mètres dos et celle d’argent au cinquante mètre dos et au deux cent mètres quatre nages.

La saison suivante, Philippe Lucas décide d’entrainer Laure Manaudou au quatre cent mètres alors que, selon les professionnels de la discipline, elle n’est pas faite pour cette épreuve. Elle gagnera ainsi le quatre cent mètres des interclubs d’Antibes, finira les Championnats du Monde petit bassin avec une médaille de bronze et battra le record national au Championnat de France.

Puis, elle remportera trois médailles d’or aux Championnat d’Europe Senior.

Enfin, vint le jour tant attendu. Voilà quatre ans qu’elle rêve des Jeux Olympique et c’est le 15 Aout 2004 que tout va se jouer. Habituée aux emplois du temps chargés et qualifiée pour trois épreuves, elle devra enchainer quatre courses dans la journée.

Malgré une blessure à l’épaule provoquée par l’entrainement accompli le matin, Laure Manaudou réalisera bien son rêve ce jour là, puisqu’après avoir fait les meilleurs temps des séries pour la finale du quatre cents mètres et la demi-finale du cent mètre, elle deviendra Championne Olympique du quatre cents mètre avec le quatrième meilleur temps de l’histoire. En étant la première nageuse française à remporter ce titre, elle donnera un nouveau souffle à son sport qui, à l’époque, ne comptait pas beaucoup de licenciés.

Laure replongera dès le lendemain pour disputer la finale du cent mètres dos où elle obtiendra la médaille de bronze.

Enfin, elle deviendra vice championne Olympique au huit cent mètre nage libre.

Laure Manaudou avait un rêve, celui de devenir championne Olympique. C’est en se dirigeant vers l’immensité de ce rêve qu’elle réalisera une performance encore plus importance puisqu’elle deviendra la nageuse la plus titrée du monde avec 127 médailles dont 86 en Or. Bien avant de se donner les moyens de réaliser ses rêves, elle s’est d’abord autorisée à le construire.

Souvent, lorsque l’on se surprend à rêver, on reprend conscience au plus vite pour se secouer et oublier nos illusions. Puis on passe à autre chose, on continue à avancer sur le chemin qui se trace en pilote automatique devant nous car nous nous pensons incapable de changer de route. Pourtant, nous sommes tous capable d’atteindre les sommets de nos ambitions. Pour cela, il suffit d’imaginer la vie de nos rêves, d’enlever le bandeau de nos yeux, de mettre un pas devant l’autre, et de vivre notre rêve éveillé.

 

Si le parcours de Laure Manaudou vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Entre les lignes » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, veux-tu rester dans le vortex d’une vie qui ne te correspond pas ?

Ou trouveras-tu le courage d’en sortir pour rejoindre le couloir de tes rêves ?

 

PATRICIA PATTYN (Un chêne sorti de Terre)

PATRICIA PATTYN (Un chêne sorti de Terre)

Dans son livre « Mon enfance assassinée », Patricia Pattyn trouve le courage de lever le voile sur le calvaire vécu par de nombreux enfants nés pendant ou au lendemain de la guerre à l’intérieur des campagnes éloignées de toute humanité.

 

I/ A l’état brut

Patricia Pattyn est née le 18 mars 1947 sous le signe du poisson.

Elle n’aura pas le temps de goûter à l’insouciance de l’enfance. La violence ne laissera aucune place à l’expression de la légèreté de ses traits de caractère inconscient.

On peut, peut-être retenir sa peur de grandir, cette envie de rester un bébé toute au long de sa vie. Cette volonté est souvent observée chez le benjamin d’une fratrie. Néanmoins, nous ne pouvons affirmer avec certitude que les sévices subis alors, n’ont fait qu’accentuer ce phénomène.

De la même façon, j’ignore si Patricia aurait bénéficié d’une entière confiance en elle si elle n’avait pas ce vécu. Ce que je pense pouvoir affirmer en revanche, c’est qu’elle ne souffrirait pas de ce panel de phobies qui dicte sa vie.

Patricia Pattyn se voit comme quelqu’un de peureux, de honteux, d’insignifiant.

Pourtant beaucoup serait mort d’avoir su souvent eu peur, de devoir subir ces supplices dans le silence assourdissant, accompagnés de cette infâme solitude. Patricia a eu le courage de survivre. Les bourreaux n’ont aucun mal à se débarrasser de leur propre honte sur le dos de leurs victimes, tournant ainsi le courage en peur, la souffrance en honte, l’importance d’une âme bien vivante en corps meurtri insignifiant.

Arrêtons de pactiser avec ces monstres en mettant en avant leurs qualités morbides dans nos médias, nos discussions, nos pensées terrifiantes. Et occupons nous plutôt d’accompagner les victimes sur le chemin de la résilience.

 

II/ Un environnement familial

Sa mère, Lucienne, est née en 1918. Sa famille étant plongée dans la pauvreté d’après guerre, elle dû travailler dès son plus jeune âge. A 13 ans, elle fut abusée par son patron. C’est à l’âge de 18 ans qu’elle se marie avec celui qui deviendra le père de Patricia Pattyn.

Cheminot de profession, cet homme alcoolique écumera les excès de violence envers sa femme ainsi que ses enfants.

Malheureuse, sa mère, dotée d’un physique avantageux prendra l’habitude de se consoler dans les bras d’autres hommes.

Elle a trois frères et une sœur : Roger, l’ainé solitaire, né en 1937, qui finira par reproduire l’inceste dont il a été victime ; Pierre, le rebelle, né en 1942 qui fuguera à de nombreuses reprises malgré les coups qui l’attendent à chaque retour ; Marie-Claire, la silencieuse, née en 1943, attendra la fin de son adolescence pour créer une relation fraternelle avec sa petite soeur ; Jean-Marie, le protecteur, né en 1945, veillera sur Patricia jusqu’à ce que le décès de leur mère ne les sépare.

Mais face aux coups, aux humiliations, puis quelques années plus tard, aux viols, l’instinct de survie poussera la fratrie à s’écarteler voyant en chacun de ses membres, tel un miroir, le reflet de ses propres peurs, de sa propre honte, de ses propres douleurs.

A la suite du décès de son père causé par sa mère, Patricia connaîtra un beau père violent et violeur.

A l’annonce du décès de sa mère et de son compagnon, elle passera les vacances chez son oncle incestueux. Sa tante, Marthe, se rendra comme complice de son mari, par son aveuglement face aux regards pervers de son mari.

Le lien fraternel est généralement un lien d’amour, d’amitié, de soutien, d’écoute, de réconfort. Patricia et ses frères et sœurs prouvent que pour aider son prochain, aussi proche de nous qu’il soit, il faut être sain soi-même. Or, dans certaines familles, comme celle des Pattyn, la douleur commune peut couper tout dialogue laissant chacun vivre sa souffrance en solitaire. On n’arrêtera jamais de prôner la nécessité de parler pour exorciser la douleur. Mais cette thérapie est rarement bénéfique lorsqu’on la partage avec quelqu’un qui vit ici et maintenant les mêmes problèmes que nous.

 

III/ Ses échecs, ses blessures

Peu après sa naissance, Patricia Pattyn rejoint ses frères et sœur dans le coin de la maison où survivaient les enfants de la famille : la cave. Elle était privée de nourriture et voyait ses frères et sœurs se faire attacher pour mieux recevoir les coups de poing ou de tisonnier.

Sa mère, ne supportant plus les coups infligés par l’homme de la famille, mettra fin aux jours de ce dernier avec l’aide d’un homme et de ces deux fils ainés. Mais elle n’imagine pas, à ce moment là, que l’homme qu’elle rencontrera un mois plus tard, prendra à cœur de remplacer le géniteur dans son rôle de bourreau, infligeant de nouveaux sévices jusqu’alors inconnus par la famille, assassinant à jamais l’insouciance de ses jeunes enfants.

Cet homme avait 18 ans, soit dix ans de moins que Lucienne. Dès leur rencontre, il se mit à la recherche d’une maison pour accueillir ses nouvelles victimes. C’est après avoir quitté le village de Cassel dont les voisins ne supportaient pas d’entendre les cris des enfants battus, qu’il trouva une cabane isolée du reste du monde.

Ici, ils vivront à même le sol dans le froid, dormiront sur une paillasse, et seront une nouvelle fois, privés de nourriture et battus.

A quatre ans, elle doit parcourir plusieurs kilomètres dans le froid hivernal, chaque jour, pour mendier de l’autre coté de la forêt ou à la frontière belge pendant que ses frères servaient de passeurs de cigarettes et de café entre la Belgique et la France. Ils ignorent alors que l’argent qu’ils feront ainsi gagner au bourreau servira à financer la moto et le fusil qui les terrorisera à chaque coucher de soleil.

En plus de sa souffrance, elle souffrait de la douleur ressentit par sa mère suite à l’opération qu’elle avait subit suite à la perte de son sixième enfant lorsqu’elle était encore avec son ex mari. L’opération vite faite, mal faite, obligera la mère à garder des agraffes. Mais, celles-ci ne résistaient pas aux coups du nouveau mari, et le ventre de cette martyre se rouvrait laissant couler le sang. Patricia devait alors vider le pot ensanglanté mis sous sa paillasse.

Mais pour Patricia, il y a un avant et un après.

C’est à l’âge de cinq ans que la vie de Patricia bascula à jamais.

Quelques mois auparavant, le bourreau n’avait fait « que » regarder à travers les culottes des deux fillettes. Mais c’est un jour de Mars, alors qu’elle n’avait que cinq ans, que son enfance s’envola dans une douleur inhumaine. Le reste de la fratrie partis, elle se retrouva seule avec le monstre qui profita de cet instant pour la violer. A partir de ce jour, cet acte inhumain entrera dans la routine de sa misérable vie. Après chaque viol, elle courra à la rivière pour laver le sang qui coule d’entre ses cuisses et tenter irrémédiablement de laver sa mémoire du souvenir de ce sexe, de ce regard amusé, de cette douleur. Puis elle se cachera dans son taillis attendant chaque fois le retour de sa famille, pétrifiée. Pourtant, elle ne dira jamais rien à sa mère, ni à ses frères et sœur. Pire, la honte, la culpabilité et la peur que quelqu’un sache, se rajoutera au nombre déjà incalculable de préoccupation de la petite fille. Même si elle se doute qu’elle n’est pas la seule à subir cette incompréhensible inhumanité. En effet, sa sœur était souvent trainée jusqu’au frère amputé du bourreau avec lequel elle se retrouvait seul alors qu’elle n’avait que huit ans.

Puis vint le « jeu de la moto ». Lui armé d’un fusil sur sa moto rouge, eux sans autre outil que leurs jambes frêles pour courir. Chaque soir, il laissait les enfants se cacher, puis allait à leur recherche. Le premier qu’il trouvait se voyait basculé en travers de la moto et rammené dans la cabane. Une fois la victime de ses sévices sexuels quotidiens choisit, le reste de la fratrie rentre à la fois soulagé mais aussi horrifié de savoir que tout le monde n’a malheureusement pas eu leur « chance ».

C’est à l’âge de 7 ans que Patricia Pattyn perdit sa mère dans un accident de moto où son beau père trouvera aussi la mort. La nuit suivant le drame, les enfants dormirent à l’hospice. Mais Patricia est la seule de la fratrie à ne pas comprendre que sa mère est décédée. Elle se retrouve alors encore un peu plus seule dans ce cauchemar qu’elle ne conçoit pas.

Elle attendra longtemps le retour de sa mère, mais aussi celui de son bourreau. En effet, chaque nuit, elle cherchera la lumière de la moto rouge.

C’est lors de l’enterrement de sa mère qu’elle a rencontré pour la première fois ses oncles et tantes maternelles.

Chaque enfant est alors placé chez un membre de la famille. Patricia sera accueilli chez sa tante Denise où plutôt dans son cabanon à outils où elle prendra la mesure, chaque nuit, de la punition grandissante qui l’attendra si elle retourne chez son bourreau.

Une semaine plus tard, elle sera confiée à sa tante Alice qui aura besoin de main d’œuvre pour glaner dans les champs afin de gagner de l’argent.

Ici, elle apprendra à se servir de couverts, découvrira l’utilité des toilettes et appréciera l’eau de la pompe. Mais elle obtiendra surtout un court instant de répit loin des coups et des viols, même si l’œil pervers du grand père de ses cousines suivra chacune de ses toilettes pour lesquelles elle devra mettre à nu son corps meurtri à la vue de tous.

A la fin de l’été, les cinq enfants firent placés en orphelinat. Dès leur arrivée, leurs vêtements tout neufs ont été troqués contre ceux que personne ne voulait, laissant les leurs aux privilégiés. Leurs noms ont été échangés contre des numéros. Patricia deviendra alors le numéro 74. Ici, elle subira les humiliations comme celle de faire le tour de la cour en courant, sa culotte sale sur la tête, lorsqu’elle n’aura pas su se retenir d’aller aux toilettes ouvertes seulement deux fois par jour. Elle y connu aussi le pinçon, le tapis à piques, le martinet à plomb, le cachot… Ainsi qu’aux attouchements d’autres orphelines.

A partir de ses 13 ans, Patricia passa toutes ses vacances chez son oncle Georges qui était aussi son tuteur officiel. Mais le seul homme en qui elle avait confiance deviendra son nouveau bourreau et la violera chaque fois qu’il se retrouvera seul avec elle.

Enfin, à l’âge de 15 ans, voulant fuir loin de son oncle, elle trouva un emploi de femme de ménage auprès d’une famille bourgeoise. Malgré ses efforts quotidiens pour être à la hauteur des exigences de sa patronne, Patricia n’aura pour seule nourriture que les restes. Puis, réduite à l’esclavage, les coups de cravache ne tarderont pas à pleuvoir. Elle quittera son emploi à la suite d’un malaise provoqué par tous ses mauvais traitements et qui lui offrira six mois en maison de repos.

 

Je pense que le mot choqué n’est qu’un euphémisme pour décrire ce que nous ressentons tous à la lecture de parcours comme ceux de Patricia Pattyn.

Pourtant certains ont vu, ont entendu mais n’ont rien dit. La violence et l’inceste à l’intérieur d’une cabane ou d’une maison. La violence à l’intérieur d’une institution tenue par des bonnes sœurs.

Nous sommes horrifiés par tant de malheurs aujourd’hui, face à un récit nourrit de détails inimaginables. Mais l’histoire de Patricia ne doit pas nous faire réfléchir un soir, seul dans notre lit, mais nous faire agir tout au long de notre vie, face aux situations dont les victimes n’auront pas d’autres possibilités que de taire l’innommable.

 

IV/ Sa réussite

A partir d’un certain âge, les corvées de l’orphelinat ne sont plus que matérielles. Elles peuvent aussi prendre forme humaine avec la prise en charge d’un enfant plus jeune que soi. C’est à l’âge de 11 ans que Patricia se vit confier le numéro 124 pour une semaine. C’est à ce moment qu’elle découvrit ce qui pouvait s’apparenter à l’amour maternel. Elle s’occupait de Claudine, la protégeait, l’aimait irrévocablement. Finalement, ce qui ne devait durer qu’une semaine se prolongea, pour la première fois dans l’histoire de l’orphelinat, durant deux ans.

Alors qu’elle a rarement reçu l’amour, qu’elle n’a jamais reçu la protection, Patricia sait aimer ; Patricia sait protéger.

Après six longues années à subir les humiliations et maltraitances de l’orphelinat, le moment qu’elle avait tant attendu arriva : la porte qui s’était ouverte alors qu’elle n’avait que 7 ans, allait enfin se refermer derrière ses pas. Encore une fois, Patricia Pattyn avait survécu à l’horreur.

A la demande de sa sœur, elle rejoint la maison de redressement où on s’inquiéta enfin pour elle. Les bonnes sœurs tentent de la questionner sur la vie qu’elle mène en dehors des institutions. Même si ses secrets sont bien gardés, ces dernières restent à l’écoute de Patricia en tentant de la guider au mieux.

Après être entrée à l’école à l’âge de 10 ans, et malgré les moqueries des autres élèves, Patricia passa ses nuits à réviser pour se maintenir au niveau de ses camarades. Contrairement à ce que pense son entourage, Patricia finira par obtenir son certificat d’étude à l’âge de 15 ans.

Pour la récompenser, les sœurs l’envoyèrent à l’hôpital pour qu’elle puisse subir une opération destiné à estomper les douleurs que lui procurent ses pieds.

Suite aux six mois passés en maison de repos après son malaise, Patricia décida de travailler dans un service pédiatrique, loin des hommes pervers, proche des enfants malades. Elle posa donc une candidature à l’hôpital de Lille, où elle fut embauchée. Elle put enfin donner toute son énergie, son temps, son amour à de petits êtres fragiles. Ses insomnies lui permirent de travailler dans l’équipe de nuit. Elle se mit à travailler dur, jusqu’à 16 heures par jour. Puis, le travail à l’hôpital devint une excuse pour ne pas rentrer chez son oncle pendant les fêtes.

Epuisée d’être le témoin impuissant de la détresse et de la mort bien trop fréquente d’enfants innocents, allié à la fatigue des heures accumulées et du harcèlement à distance de son oncle, Patricia pris la décision de quitter l’hôpital pour partir en clinique privée.

Elle commença alors par le ménage et le service des plateaux repas. Mais manquant du contact humain, elle fit part à son directeur, de son envie de partir nuit et jour à la découverte des différents services afin d’obtenir son diplôme d’infirmière. Elle se mit alors à travailler sans relâche jonglant entre les heures à l’hôpital et les heures d’apprentissage. Elle échoua à l’examen, mais n’abandonna pas l’année suivante.

Puis vint le jour dont elle a rêvé pendant tant d’année : le 18 Mars 1968. Elle a 21 ans et prend le train en direction de la maison de son oncle pour la dernière fois. Les papiers sont signés.

Patricia est libre et en vie.

Même s’il est difficile de partager son malheur devant le miroir de notre propre douleur, nous surmontons souvent les obstacles de notre vie par l’aide que nous offrons aux autres. Après s’être tut, nous voulons exorciser les âmes de souffrances inavouées. Après avoir tant pleuré, nous avons besoin de redonner le sourire aux visages attristés. Après avoir tant souffert, nous avons besoin de mettre du baume aux cœurs meurtris.

Alors, nous n’attendons pas de merci. Nous n’attendons rien en échange. Mais notre inconscient connaît aussi la magie du miroir. Sourire pour faire sourire son prochain. Puis sourire d’avoir donner le sourire. Des actes parfois simples qui nous mèneront, quelques soit le chemin parcouru, à la fierté. La fierté d’avoir la force de porter son prochain, la fierté d’avoir contribuer à la réussite de son prochain, la fierté de sa propre réussite La fierté d’être soi, vivant, malgré tout

 

Si l’histoire de Patricia Pattyn vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Mon enfance assassinée » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, as-tu déjà été témoin d‘un cauchemar dont une victime ne peut se sortir toute seule ?

Qu’as-tu fait ? Comment t’es- tu sentis ?

Selon toi, qu’elle vitesse de frappe faut-il pour démolir le mur du son ? Faut-il attendre que l’irréversible mort vienne le fracasser ?

 

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