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Mois : novembre 2016

CHARLES AZNAVOUR (Le dictateur de son destin)

CHARLES AZNAVOUR (Le dictateur de son destin)

CHARLES AZNAVOUR

(Le dictateur de son destin)

 

Pour ce nouvel article j’aimerai mettre à l’honneur un grand Monsieur de la chanson française, du cinéma français, de la littérature française, Charles Aznavour.

Lorsque je parle de grand Monsieur, je veux bien entendu parler, d’une part de son immense répertoire, mais surtout du long chemin parcouru avant de devenir l’homme connu et reconnu qu’il est aujourd’hui car Charles Aznavour, n’est ni plus, ni moins le dictateur de son propre destin.

 

I/ A l’état brut

 

Charles Aznavour est né le 22 Mai 1924 sous le signe du Gémeaux, dans un hôpital du 6ème arrondissement de Paris, à côté de la Rue Monsieur-Le-Prince.

Ce Français d’origine arménienne se définit lui-même comme dictateur, dictateur de sa propre vie. Ainsi il déclare « Je suis un homme fort. Je suis un homme très fort. Je suis un dictateur dans mon domaine. Je dicte ce qui doit m’arriver et ce qui doit m’arriver m’arrive ».

Cet homme discipliné et persévérant est avant tout un grand passionné. Passionné par la vie et pour tout ce qu’elle comporte.

Charles Aznavour a compris deux choses que nous oublions souvent : Nous sommes Maîtres de notre destin, mais nous n’avons qu’une seule vie. Cette vie, il faut en prendre soin, mais surtout profiter de chaque instant pour vivre, aimer, apprendre de la vie et des autres.

 

II/ Un environnement familial

C’est à Paris que Charles Aznavour grandira entouré de son père, Misha Aznavourian, sa mère Knar Baghdassarian, ainsi que de sa sœur ainée, née en Grèce durant le périple effectué par ses parents pour rejoindre les Etats-Unis.

Sa mère de formation littéraire, enchaine les petits emplois de couturière.

Il dira de son père qu’il était « un être merveilleux et fantasque et un travailleur responsable mais piètre homme d’affaire ».

En effet, Misha Aznavourian était un père désireux d’offrir une meilleure vie financière à sa famille. C’est pourquoi il a ouvert un restaurant Rue de la Huchette au cœur du quartier Latin.

Malheureusement, cet homme courageux était aussi doté d’une générosité sans faille.

En effet, c’est à force d’offrir des repas aux étudiants de médecine sans argent et de faire des crédits aux amis de passage, que son restaurant a rapidement fait faillite. Mais pour ce grand optimiste, « les lendemains étaient faits pour changer les choses et en mieux ».

Mais c’est autour de leur passion commune que se réunissent souvent les membres de cette famille avec leurs amis émigrés : la création de spectacle.

En 1939, son Misha s’engage pour la guerre pour remercier le pays qui l’a accueilli et devient chef cuisinier pour la troupe des engagés volontaires étrangers et apatrides.

A son retour, Misha Aznavourian et sa famille accueillent des arméniens, juifs et émigrés russes pendant l’Occupation.

Lorsque l’on échoue professionnellement et financièrement, on se préoccupe souvent du regard des autres et en particulier de sa propre famille, de ses propres enfants.

En fait, je crois que les enfants dont les parents n’ont pas d’argent, n’en manquent en fait que très peu. Ils manquent surement moins d’argent que l’enfant riche dont les parents comblent les manques affectifs par de nouveaux biens.

Lorsqu’on lit l’autobiographie de Charles Aznavour, on sent la fierté qu’il éprouve envers sa famille. L’amour qu’il a pour ses parents est éternel et on ressent la gratitude qu’il a d’avoir appris tant de valeurs de ceux qui l’ont élevé.

Aucune richesse ne vaut celles de l’amour, du partage, de l’aide de son prochain.

Comme le dit Charles Aznavour, « l’argent n’est pas important, il est utile ».

 

III/ Ses échecs et ses blessures

Un des plus gros regrets de Charles Aznavour est d’avoir quitté les bancs de l’école à neuf ans, avec pour seul diplôme en poche, son certificat d’étude. En effet, ses parents, n’avaient pas les moyens financiers de payer les études de leurs enfants. Il passera donc sa vie à combler ce manque de culture, notamment par la lecture. Ainsi, pas une journée ne se passe sans qu’Aznavour ne prenne une heure pour lire.

C’est donc à l’âge de neuf ans que Charles Aznavour à commencer à travailler aux côtés de sa sœur, dans le milieu artistique afin d’aider sa famille financièrement avec notamment quelques apparitions dans des pièces de théâtre.

Au début, Charles Aznavour ne fait que des remplacements lorsque les artistes sont absents. Cela lui rapporte quelques pièces mais il a l’impression de ne servir que de « bouche trou ».

Au lieu de se lamenter sur son sort, le jeune artiste saisit toutes les opportunités pour apprendre de son métier, pour évoluer et diversifier son savoir faire dans ce large monde qu’est l’art. Ainsi il apprend la danse, la comédie, la composition, l’interprétation pour finalement se passionner pour la littérature. L’écriture devient alors vitale. Il ne passera plus une seule journée sans noircir une page blanche.

En 1948, Charles Aznavour tente de conquérir l’Amérique aux côtés de Pierre Roche. Ils  partent alors à New York sans un centime en poche, sans un mot anglais en bouche, sans aucun contact. Le rêve américain prend vite fin.

Face à cet échec, les deux musiciens, partent s’installer au Québec où ils connaitront enfin le succès escompté. Mais après plus de 440 concerts au Faisan Doré en une quarantaine de semaines, Charles Aznavour a le mal du pays et décide de rentrer en France. Mais son acolyte s’installe définitivement à Montréal. Charles doit alors recommencer à zéro dans le pays où il est né mais qui ne le connaît pas encore.

C’est Edith Piaf, qu’il avait rencontré peu avant son départ pour New York qui le prend alors sous son aile, l’emmenant partout avec elle. Tout d’abord, elle commencera par arranger le physique de Charles Aznavour en lui payant une opération nasale. Aussi, elle lui présentera tous les artistes du moment. Elle ira même jusqu’à l’héberger.

En échange de cet apprentissage, il deviendra l’homme à tout faire de Piaf et devra être toujours disponible pour elle quelque soit l’heure du jour ou de la nuit.

C’est alors que sa passion pour l’écriture deviendra vitale. Là encore, sa meilleure amie exige que Charles lui présente en avant première chacune de ses chansons afin qu’elle ne passe pas à coté d’un succès qui pourrait être remis à une autre interprète.

Malgré son talent, Aznavour n’arrive pas à percer en solitaire.

Les médias s’acharnent sur lui, critiquant son physique, sa taille, sa voix, ses gestes… Etant alors qualifié à de gnome, d’infirme, d’un handicapé, d’un nabot.

Alors que la plupart d’entre nous se seraient découragés de tant d’échecs mais surtout de tant de haines, Charles Aznavour lui, a toujours su profiter de l’ombre dans laquelle on le contraignait à rester pour apprendre.

Au lieu de se morfondre sur ses complexes comme celui de ne pas être très cultivé, il a toujours travaillé pour ne plus souffrir de ses faiblesses.

 

IV/ Sa Réussite

Ce fils d’apatrides ayant quitté les bancs de l’école avec pour seul bagage son certificat d’étude, aura finalement comblé toutes ses lacunes et bien plus encore puisqu’il obtiendra un second diplôme à l’âge de 70 devenant alors Doctor honoris Causa de plusieurs universités à travers le monde.

Il a été gratifié de nombreuses récompenses aussi bien cinématographiques que musicales. C’est aux Victoires de la Musique, lorsqu’il sera récompensé dans la catégorie « artiste interprète masculin » qu’il répondra aux critiques « je voudrais dire une chose importante puisqu’on en est aux moment des remerciements Je voudrais remercier particulièrement ceux qui ont dit que je ne savais pas chanter, que je ne savais pas écrire, que j’étais petit, que j’étais laid et que je ne ferais aucune carrière. »

Au-delà de tous ses succès, Charles Aznavour deviendra aussi un homme historique oeuvrant pour le pays de ses origines. Ce dernier, fier de la réussite de son ressortissant donnera son nom à une place d’Erevan, capitale Arménienne en 2001.

Sa statue sera hissée à Gumiri, ville Arménienne la plus frappée par le séisme de 1988.

Le 26 Décembre 2008, il obtient la citoyenneté Arménienne. Deux mois plus tard, il devient ambassadeur de l’Arménie en Suisse. Il est aussi représentant permanent de l’Arménie auprès de l’Organisation des Nations Unies de Genève.

Il possède aussi de nombreuses distinctions dont la Légion d’Honneur, la médaille de l’Académie Française et la médaille de Marseille qui le rend particulièrement fier.

L’auteur de « Je m’voyais déjà », « For me formidable », « La bohême », « Hier encore », Emmenez-moi », possède aujourd’hui plus de 800 chansons.

Aujourd’hui, on ne peut parler de la chanson française ou de l’Arménie sans évoquer le nom de Charles Aznavour.

Nous abandonnons souvent nos rêves et nos ambitions suite aux critiques et aux moqueries des autres. Nous passons notre vie, inconsciemment, à essayer de plaire aux autres, à rechercher leur approbation. Alors si quelque chose ne convient pas à quelqu’un on a tendance à changer radicalement de voie.

Charles Aznavour a toujours su que sa mission de vie était liée à l’art et plus particulièrement à l’écriture et la musique. Il avait des choses à dire et il comptait bien les exprimer avec ou sans l’approbation des critiques.

Au lieu de prendre une autre route, Aznavour s’est servi des critiques et insultes pour avancer. Non pas en écoutant le fond des remarques infondées, mais en se servant de la forme comme carburant. Un carburant de rage, lui procurant l’énergie suffisante pour se rapprocher, dans l’ombre, de l’homme et de l’artiste, que lui seul voulait devenir. Ainsi il a dû travailler plus dur que les autres pour conquérir son public.

Finalement, malgré de nombreuses années à contourner les obstacles, empruntant parfois les fossés humides et boueux, Charles Aznavour a souvent zigzaguer pour trouver le bon rythme, la bonne mélodie mais il n’a jamais changé de route et d’objectif. Objectif qu’il n’a pas atteint mais littéralement dépassé.

 

Si le parcours de Charles Aznavour vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Tant que battra mon cœur » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article (ceci est un lien d’affiliation) 

 

Et toi, quel est ton rêve ? Quelles sont tes ambitions ?

Es-tu près à parcourir le Mud Day pour atteindre tes objectifs ou comptes- tu rentrer chez toi à la première averse ?

 

MERE TERESA (LA MERE DES PAUVRES)

MERE TERESA (LA MERE DES PAUVRES)

MERE TERESA

(La mère des pauvres)

 

Aujourd’hui j’ai décidé de vous parler d’une femme qui a décidé de se mettre à la place de ceux qu’elle veut aider. Mais pas par un simple jeu de rôle, pas par une simple expérience. Agnès Gonxha abandonnera tout bien matériel pour devenir pauvre parmi les pauvres, pour devenir Mère Teresa.

 

I/ A l’état brut

Agnès Gonxha naitra le 26 aout 1910 à Skopje.

Très tôt, l’enfant débordera d’attentions envers les autres. En effet, elle sera toujours à leur écoute, soit pour pouvoir leur venir en aide, soit pour répondre à des questions existentielles qu’elle se pose déjà sur l’amour, la vie, et le lien qui les unis.

Joyeuse, la petite fille sourira à la vie et exprimera ses émotions à travers la musique et le chant. Au-delà d’une curiosité enfantine, réside chez la jeune fille une soif de développement aussi bien personnel, que spirituel et intellectuel.

Agnès Gonxha a soif de lumière, de vie, d’apprentissage. Elle est l’exemple de la chaine d’humanité qui relie chacune de nos âmes. Elle apprendra des autres en les observant et en les écoutant. Ses nouvelles connaissances assimilées ainsi que son esprit, plus ouvert après chaque expérience, lui permettront d’aider les plus démunis. De ces derniers, elle emmagasinera de la gratitude de voir un sourire sur un visage, de la gratitude à la vue d’un esprit apaisé. Et la vie continuera son cours gravitant autour du noyau du partage.

 

II/ Un environnement familial

La famille Gonxha, très unie inspirera l’amour et le bonheur. Pourtant, c’est probablement dans la douleur que la complicité entre Agnès et sa mère, Drana, prendra toute son importance. Cette mère dynamique et généreuse, n’hésitera pas à emmener sa fille, dès son plus jeune âge, à la rencontre des plus démunis. Ensemble, elles iront, dès qu’elles disposeront d’un instant, donner un peu de nourritures et de compassion aux pauvres. Durant toute son enfance, Drana inculquera à sa fille l’importance de porter secours à ses semblables.

Son père, Kolle, partageant la générosité de sa femme, sensibilisera Agnès sur l’importance de la discrétion du don. Il mettra un point d’honneur à ce que le plaisir de donner ne bascule pas dans l’humiliation pour celui qui reçoit. Si donner n’est pas honteux, il veut que le bonheur soit transmis avec le présent. Pour lui, la seule façon de ne pas entacher cette dernière, sera que le destinataire ne connaisse pas l’identité de l’expéditeur. A la fois engagé, notamment pour la libération de l’Albanie, et optimiste, il incarnera pour sa famille, la sécurité. Pour Agnès, son père est un vrai repère détenant la vérité absolue.

Le couple accueillera souvent des familles démunies pour un moment de partage autour d’un repas réchauffant l’estomac et le cœur de chacun.

Dernière d’une famille de trois enfants, Agnès profitera d’une enfance heureuse aux côtés de sa sœur ainée, Aga, qui jouera son rôle de protectrice, et de son frère, Lazare.

La famille d’Agnès Gonxha jouera un grand rôle dans son évolution. Voyant leur fille partager cette soif d’amour qui les caractérise, les parents ne poseront jamais de barrière en travers du chemin lumineux d’Agnès. On a tendance à critiquer les nouvelles générations, à mettre en avant leur côté égoïste. Mais, la plupart des enfants naissent insouciants, généreux, spontanés. Selon moi, c’est la transmission de nos peurs, notamment, celles de l’inconnu et du malheur, qui pousse les plus jeunes à s’éloigner de leurs semblables.

 

III/ Ses blessures, ses échecs

La première blessure d’Agnès Gonxhe pourrait paraitre enfantine, pourtant, ce sera l’un de ses moteurs. En effet, la perte du Père Noël résonne en elle comme un abandon des plus pauvres. Cette joie de l’attention donnée à chaque enfant, qu’elle pense partager avec le Monde, n’est en fait en fait qu’une illusion. C’est pendant ce moment de tristesse qu’elle commencera à imaginer une voie, sa voie, vers l’amour inconditionnel.

Mais le bonheur de la famille basculera lorsque son père mourra dans d’atroces souffrances, sans que l’on sache pourquoi, après des vomissements de sang qui surviendront à la suite d’une réunion politique. La petite fille n’aura alors que neuf ans. Cette perte de l’être cher lui donnera la sensation de se rapprocher des pauvres.

Mais la signification de la pauvreté prendra tout son sens lors de son noviciat qu’elle effectuera à travers les villes les plus pauvres d’Inde. Elle découvrira alors la pauvreté matérielle de ces êtres qui vivent dehors, mais aussi la pauvreté de l’âme de ces gens abandonnés. Elle verra des corps sans vie répandu un peu partout dans les rues, peinant à s’habituer à l’odeur de corps brûler sur les bûchers funéraires.

Le plus difficile, pour Mère Teresa, sera le rejet de certains pauvres qui, ne comprenant pas son action, ne voudront pas saisir la main qu’elle leur tendra. Ce refus de recevoir, ce refus d’amour et de lumière la bouleversera.

En plus de ces souffrances, elle sera troublée par un sentiment d’abandon. Au plus profond de son âme, elle se sentira terriblement seule. Ne ressentant plus la présence de Jésus, ce sentiment désagréable durera et se renforcera tout au long de sa vie, jusqu’à, à certain moment, frôler dangereusement avec l’insupportable.

Mère Teresa sera aussi victime de nombreuses menaces de la part d’individus, penseront ses actes motivés par la volonté de convertir religieusement les femmes ayant besoin de ses services. Selon eux, la missionnaire chercherait à embaucher ses patientes. Pourtant, le vrai moteur qui la pousse chaque matin à prendre soin de ces êtres est la souffrance, qui la rongera chaque soir, de ne pas être en capacité de s’occuper de tous les pauvres.

Alors que nous passons notre vie à fuir le malheur, le notre, et parfois, inconsciemment, celui des autres, de peur qu’il nous déteigne dessus, Mère Teresa n’hésitera pas à baigner dans une foule de blessures. Pour elle, nous ne pouvons comprendre les autres qu’en devenant les autres. La tristesse, l’abandon et la pauvreté, la motivent chaque jour à construire un futur meilleur. Qu’importe les critiques, elle connait l’importance de sa mission, et l’accomplira jusqu’à la fin de ses jours.

 

IV/ Sa réussite

Agée de sept années seulement, Agnès Gonxha, consciente de l’importance de l’amour au sein de sa famille, comprendra que la plus grande pauvreté n’est pas liée à une carence pécuniaire mais d’amour.

C’est à l’âge de douze ans, qu’elle décidera de donner l’amour inconditionnel aux pauvres.

Mais sa grande révélation aura lieu lors d’une discussion avec des missionnaires de Jésus qui rentreront d’Afrique, après avoir parcouru de nombreux pays et aidé de nombreuses populations. Leurs récits l’a feront rêver jusqu’à la réalité.

C’est ainsi qu’elle prendra la décision de quitter sa famille, le 26 Septembre 1928, à l’âge de 18 ans, pour rejoindre la congrégation des sœurs de Lorette à Rathfarnham en Irlande. Elle y enseignera durant quatorze années. Parallèlement aux ressources intellectuelles qu’elle offre aux enfants, elle partira, dans durant les années 1940, à la rencontre des plus démunis de Motijheel.

Le 25 mai 1931, lors de la cérémonie de ses premiers vœux, Agnès deviendra Teresa. Ses vœux définitifs seront prononcés six ans plus tard. Teresa, âgée de vingt-six ans, deviendra alors Mère Teresa.

Le cœur démuni face à la pauvreté et la tête remplie de questionnement vis-à-vis des solutions encore inconnues qui pourraient atténuer la douleur de l’humanité, elle sera forcée de partir effectuer sa retraite à Darjeeling. Le 10 Septembre 1946, dans le train qui l’y mènera, lors d’une de ses nombreuses méditations, elle ressentira ce qu’elle qualifiera d’ « appel dans l’appel ». Le message qu’elle percevra sera la nécessité de quitter tout confort matériel pour s’immerger au milieu des pauvres afin de ressentir leurs douleurs et d’être en mesure de les apaiser le mieux possible.

Après une longue attente, notamment dû aux refus de sa hiérarchie, elle obtiendra finalement l’autorisation de quitter Loreto House, le 6 janvier 1948, dix-neuf ans jour pour jour après son entrée au couvent. Elle devra néanmoins attendre la fin des démarches administratives pour partir, le 16 Août 1948, avec pour seules richesses, son sari et cinq roupies.

Le rêve de sa vie va commencer à prendre forme sous le nom des « Missionnaires de la Charité ». Après des mois à ne pouvoir soulager les pauvres que dans les rues de Calcutta, une maison lui sera offerte au 14, Creek Lane. Elle pourra désormais accueillir les malades afin de les soigner, ou quand il sera trop tard, pour leur apporter chaleur et amour jusqu’à leur dernier soupir.

Mère Teresa marquera de nombreux esprits sur son passage, elle le comprendra le 20 mars 1949 en voyant arriver Shubashini Das, une ancienne élève de Loreto. Malgré ses mises en garde et après mûre réflexion, cette dernière prendra la décision de s’engager auprès de son ancienne professeure.

Trois ans après sa création, « Les Missionnaires de la charité » réuniront sept sœurs réparties dans cinq centres.

Nirmal Hriday, la maison du cœur pur, verra le jour le 22 Août 1952. Comme l’indiquera la pancarte, la bâtisse cédée par la ville de Calcutta, fera office de « foyer pour les mourants abandonnés ».

Une autre preuve de la reconnaissance portée à Mère Teresa et son institution résidera dans le don qui lui sera fait par un inconnu. En effet, un musulman quittant le pays suite à l’assassinat de Gandhi laissera sa demeure pour un prix symbolique.

Gandhiji Prem Nivas sera créé à la fin des années 1950. La seule fabrique de saris pour missionnaire n’embauchera que des lépreux qui garderont ainsi un lien social malgré la maladie.

Puis, après avoir été élue Supérieure générale de la Congrégation, obtient l’accord nécessaire à l’ouverture de deux nouvelles missions à Delhi et Ranchi.

En 1962, la médaille Padma Shri lui sera remise. Elle ne finira par l’accepter qu’ « au nom des pauvres ».

En 1963, naitra la communauté des frères missionnaires. Le premier objectif sera d’accueillir les jeunes sans abri ou handicapés et de guider les jeunes délinquants vers le bon chemin.

Mais Mère Teresa commencera à s’éloigner physiquement des nombreux foyers existants. Sollicitée dans le monde entier pour trouver des remèdes à tous les maux de la planète, la dernière partie de sa vie sera dédiée à parcourir le globe.

En 1970, elle recevra le Good Samaritan des Etats-Unis et le prix Jean XXIII d’Italie. De nombreuses récompenses lui seront ensuite attribuées dont le Prix Nobel de la Paix en 1979.

Aujourd’hui, les Missionnaires sont des centaines à travers le monde. Divisé en huit branches, l’ordre des Missionnaires de la Charité, est représenté par des hommes, des femmes, des religieux, des laïcs, des individus en pleine santé comme des malades. Chacun d’entre eux aide comme il le peut ceux qui n’ont plus la force de s’aider, ceux qui n’ont plus la force de s’aimer.

Mère Teresa, goutte d’eau dans cet océan de larmes, deviendra la goutte d’eau qui fera déborder de nombreux vases de pauvreté, pour les immerger dans des flots d’amour et de paix. Elle le sait, la vraie richesse, n’est pas palpable, n’est pas chiffrable. Elle n’est pas quantitative, mais qualitative. La vraie richesse est celle du cœur et de l’âme, de l’altruisme et de l’action, de l’amour et de la paix.

Mère Teresa, lélectron libre se rapprochant des neutrons sera rapidement poursuivi par les protons biens décidés à former l’atome de l’humanité. La force s’alliant à la faiblesse et l’amour s’attachant au désamour, c’est finalement l’espoir qui deviendra l’atome crochu de l’humanité.

 

Si le parcours de Mère Teresa vous inspire, je vous invite à lire la biographie « Le Royaume de sa nuit » écrite par Olympia Alberti, sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article (Ceci est un lien d’affiliation) 

 

Et toi, quel électron es-tu ?

Dans quel puit de potentiel immergerais-tu les vases débordants de désespoir ?

NIKOLA TESLA (De la douloureuse pensée à la douce réalité)

NIKOLA TESLA (De la douloureuse pensée à la douce réalité)

NIKOLA TESLA

(De la douloureuse pensée à la douce réalité)

 

Aujourd’hui, je vais vous parler de Nikola Tesla, le physicien qui a su transformer son handicap en don. Au-delà de l’intelligence indéniable de l’homme, ses souffrances psychologiques contribueront grandement à l’évolution de l’inventeur ainsi qu’à l’héritage qu’il nous laissera.

 

I/ A l’état brut

 

Né le 10 juillet 1856, Nikola Tesla verra le jour à Smiljan dans la province Croate nommée Licko et située à la Frontière militaire de l’Empire Autrichien.

Si nous connaissons l’inventeur comme un être à la confiance exacerbée, cette caractéristique n’est pas innée chez Nikola. L’enfant ne croyant, justement, pas du tout en lui, fera une traversée entre deux antipodes pour devenir le physicien ambitieux que tout le monde connait. Plus tard, il se définira lui-même comme un enfant au « caractère faible », dont les impulsions émotives empêchaient toute prise de décision. Obsédé par des peurs telles que celle de la mort et des ténèbres, les superstitions et les troubles obsessionnels compulsifs guideront une partie de sa vie.

Son caractère solitaire le poussera ensuite toujours plus loin dans ses recherches, faisant de son cerveau, un monde où se croisent imaginaire et réalité future.

Mais son rapport à l’argent lui fera souvent défaut. En effet, n’éprouvant aucun désir à son égard, il ne lui portera aucune attention, remettant souvent en cause ses projets de recherches.

Même si cela n’est pas toujours écrit sur nos visages d’adulte, bon nombre d’entre nous sont nés avec une carence plus ou moins importante de confiance en soi. Si certains appellent cela de la faiblesse, je pense qu’il s’agit en fait d’un circuit normal de la vie. Nous naissons dénués de toute connaissance et en prenons assez vite conscience. Puis, une sorte d’humilité nous enveloppe lors de l’apprentissage, nous permettant de ne pas nous reposer sur nos lauriers. Enfin, à un âge plus ou moins avancé, l’objectivité nous pousse à tenir compte de nos faiblesses mais aussi de nos forces, de nos défauts mais aussi de nos qualités. Alors, notre confiance deviendra notre nouveau moteur pour continuer notre chemin.

 

II/ Un environnement familial

Son père est Serbe et pasteur orthodoxe. Ce philosophe passionné d’écriture puisera ses nombreuses connaissances dans la lecture. Doté d’une extraordinaire mémoire, ce polyglotte connaitra parfaitement ses classiques et aura la faculté d’en réciter des extraits dans de nombreuses langues. Désireux de transmettre les mêmes capacités à ses enfants, il leur imposera des exercices quotidiens de mémoire, de calcul, mais aussi de télépathie.

Sa mère, Serbe, est née dans une famille noble du clergé orthodoxe, comptant de nombreux prêtres et officiers militaires, mais aussi d’inventeurs à l’image de son père et de son grand-père. Nikola la décriera comme une femme courageuse disposant d’une importante force morale. Comme les générations précédentes, elle inventera de nombreux appareils. Elle travaillera ainsi sans relâche, chaque jour, créant de ses mains tout ce dont la famille a besoin, qu’il s’agisse d’instruments ou de vêtements.

Son frère ainé Danijel, doté d’une intelligence hors du commun décèdera prématurément.

Si nous devons accepter et composer avec les points forts et les points faibles de nos enfants. La logique voudrait, tel l’homme de Cro-Magnon évoluant en homme moderne, que chaque génération naissante soit une forme évoluée de ses ancêtres. C’est pourquoi, comme l’on fait les Tesla, nous devons offrir le meilleur de nous-même à nos enfants. Nous devons planter en lui la graine de notre propre potentiel, l’aider à le développer. Les armes ainsi reçues pourront être aiguisées au fil de son parcours jusqu’à ce que l’élève dépasse le maître.

 

III/ Ses blessures, ses échecs

 

La première souffrance de Nikola Tesla résidera dans ses nombreuses tentatives, infructueuses, d’atteindre les performances intellectuelles de son frère tant admiré par leurs parents. Le choc dû à la mort de ce dernier aura ensuite un impact très important dans la vie et l’évolution de Nikola. Il sera en partie responsable des images et des gros flashs lumineux qui viendront s’interposer à sa vision réelle des objets, ainsi qu’à ses pensées, faits et gestes. Enfant, il ne pourra pas différencier sa pensée de la réalité. Même si les psychologues et physiologistes n’ont jamais constaté ce type de handicap chez leurs nombreux patients, Nikola sait que son frère était victime des mêmes visions. Pour calmer ses crises, il sera obligé de focaliser ses pensées sur les images de ses souvenirs. Encore trop jeune pour avoir la tête remplie de souvenirs, Tesla devra rapidement se résoudre à créer de nouveaux clichés tout droits venus de son imagination.

Le formatage de son père, dès son enfance, voulant à tout prix qu’il devienne ecclésiastique ne l’aidera pas à se construire. En effet, il sera très tôt convaincu de son avenir dans l’ingénierie et l’idée que l’on puisse dévier sa trajectoire l’effraiera.

Le déménagement de la famille Tesla qui aura lieu à la fin de la première année scolaire du garçonnet le chamboulera profondément. Il devra dire au revoir aux animaux auprès desquels il aura grandi, pour se retrouver en tête à tête avec sa timidité, dans une nouvelle ville où les humains le terroriseront.

Tout au long de sa vie, Nikola Tesla sera victime de nombreuses maladies psychologiques comme la dépression et physiques comme le paludisme et le choléra. Il profitera de ses jours de convalescence, que l’on croira parfois les derniers de sa vie, pour se plonger dans la lecture et l’instruction. Il obtiendra d’ailleurs son baccalauréat lorsqu’il aura le paludisme.

Piètre homme d’affaire, il courra longtemps après les subventions qui lui feront souvent défaut. Ses collaborations, ne lui seront pas toujours entièrement bénéfiques. Ce sera le cas, de celle qu’il entretiendra avec la Compagnie Westinghouse qui l’embauchera en 1886 avant de s’approprier les « Brevets Tesla » et de lui annoncer, en 1897, à Nikola que, la faillite guettant la société, cette dernière ne pourrait plus lui verser de Royalties.

Dès ses premières années sur Terre, Nikola Tesla sait ce qu’il veut, mais a aussi conscience des nombreux obstacles qui se posent et se poseront sur son chemin. Là où certains d’entre nous les contournerait, ce qui ne me semble pas non plus être une si mauvaise idée, Nikola décide de passer tout simplement par-dessus ces derniers, avec détermination, persévérance et en y mettant toute la force et la passion qui l’anime.

 

IV/ Sa réussite

 

Nikola Tesla fréquentera les écoles croates, mais aussi autrichiennes et tchèques pour finalement décrocher son premier emploi en Hongrie. Ces pays chercheront donc à s’approprier l’inventeur.

Sa première invention s’imposera à lui lorsqu’un copain avec qui, il viendra de se quereller obtiendra une canne à pêche, objet rare dans le village. Déçu de ne pas pouvoir profiter de la première pêche aux grenouilles, l’enfant de cinq ans décidera de construire sa propre ligne sans avoir la moindre de l’aspect que peut avoir un hameçon. Suite à un essai sans succès, il se résoudra alors à lancer un hameçon nu devant une grenouille. C’est ainsi qu’il pourra se vanter auprès de ses amis revenus bredouilles, d’avoir attrapé plusieurs rainettes.

Après s’être attiré les foudres des habitants de sa nouvelle ville en déchirant malencontreusement la traîne de la robe d’une femme riche, Nikola Tesla gagnera finalement la confiance du peuple lors de l’inauguration de la caserne de pompier. En effet, le camion devant pomper ses premières eaux dans la rivière ne fonctionnant pas, une équipe d’experts tentera de le dépanner sans succès. L’enfant remarquera rapidement le pli du tuyau empêchant l’eau d’entrer et ira le déplier, devenant le héros de la cérémonie.

Les modèles mécaniques qu’il découvrira dans sa nouvelle salle de classe le passionneront au point de créer une série de turbines à eau. C’est à ce moment, que son rêve d’installer une roue sous les chutes du Niagara lui viendra. Trente ans plus tard, il le réalisera en produisant de l’électricité grâce à l’énergie hydraulique de ces dernières.

Peinant à passer chacune de ses classes scolaires à cause de ses difficultés en dessin, Nikola Tesla, âgé de onze ans, pensera déjà à la production d’un mouvement continu.

A 17 ans, après des années passées à chasser ses flashs, il se rendra compte de son potentiel de visualisation. C’est à cet âge que la création des appareils qui le rendront célèbre, débute dans son imaginaire. De plus, cette attention de chaque instant qu’il devait se porter à lui-même, lui apprendra à vivre en pleine conscience, ce qui lui permettra d’appréhender les dangers ainsi que les opportunités avant qu’ils ne se présentent.

Suite à l’obtention de son baccalauréat, il entrera à l’école Polytechnique de Graz où il obtiendra, à force de travail, neuf certificats.

Une nouvelle fois entre la vie et la mort, la récitation d’une poésie lui sauvera la vie, lui donnant l’envie brulante de survivre pour créer un nouvel appareil imaginaire. Le moral d’acier relèvera alors le physique pour créer en seulement deux mois, la plupart des moteurs et des modifications de système TESLA.

En 1884, après de nombreuses embuches, il présentera au monde entier, son système à courant alternatif polyphasé. Ses extraordinaires recherches sur les hautes fréquences alliées à ses démonstrations spectaculaires, feront de lui la coqueluche des éditeurs.

Finalement, il n’aura que faire de la commercialisation de ses produits, il ne désire « que » l’illimitation des subventions pour donner libre cours à son l’inventivité de son imagination.

C’est en 1890, que sa première expérimentation du transmetteur amplificateur aura lieu. Ce dernier occupera ses journées durant plusieurs années. Mais en passant d’une petite étincelle de treize centimètres en 1891 à des décharges atteignant les trente mètres en 1900, il comprendra que son invention inspirée de la théorie de Lord Kelvin, sera révolutionnaire et jouera un grand rôle dans son rêve d’énergie libre.

En 1917, Nikola Tesla sera récompensé par l’Institut américain des ingénieurs en électrotechnique qui lui remettra la médaille Edison avant d’obtenir la médaille John Scott en 1934.

L’inventeur mourra le 7 Janvier 1943 à New York. Sa richesse monétaire n’atteignant pas le néant, puisqu’il décèdera avant d’avoir remboursé ses nombreuses dettes. Pourtant il laissera à l’humanité un héritage de plus de trois cents brevets et de nombreuses connaissances de la planète sur laquelle nous vivons et avançons chaque jour.

Pour preuve de l’importance du travail de Nikola Tesla dans l’évolution mondiale de la physique, l’unité d’induction magnétique portera son nom dès 1956.

Au-delà de nous prouver que tout est possible, Nikola Tesla nous montre, sous ses extravagances et sa solitude, que nous ne naissons et ne vivons pas uniquement pour nous. Lorsque tout le monde nous tourne le dos, ou pire encore, nous manipule, comme l’a pu être Tesla, nous avons tendance à nous refermer sur nous-même. Alors, malgré nos convictions et nos certitudes, nous appliquons la théorie du chacun pour soi. Alors l’humanité est peu à peu contaminer par cet égoïsme laissant le Monde à la dérive. Plus nous avançons dans l’âge, plus nous oublions et nous nous éloignons de l’assurance que nous avions durant notre enfance, d’être arrivé sur Terre pour la révolutionner.

Nikola Tesla, lui, n’a jamais oublié sa mission terrestre. Il a su transformer son handicap en don qu’il a entièrement dédié à notre évolution. Il est né pour cela et c’est cette ambition qui l’a ramené plusieurs fois à la vie.

Si la vie de Nikola Tesla vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie, sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, quelle était, selon toi, ta mission terrestre ?

As-tu profité de la première occasion pour amorcer un virage ou as-tu décidé de t’engager sans feux de recul sur la panaméricaine reliant le fruit de ton imagination à la pulpe qui dynamisera la prochaine génération ?

PATRICK BOURDET (Ou l’escalade de l’échelle sociale)

PATRICK BOURDET (Ou l’escalade de l’échelle sociale)

PATRICK BOURDET

(Ou l’escalade de l’échelle sociale)

 

Aujourd’hui, j’aimerai vous parler d’un homme qui, malgré une enfance dramatique a toujours su que tout était possible. Issu d’une famille pauvre où régnait chaque jour la violence Patrick Bourdet est aujourd’hui PDG de la Société AREVA.

 

I/ A l’état brut

Patrick Bourdet aura toujours la volonté d’évoluer en tant qu’être. Même s’il sera très tôt confronté au mensonge familial, il saura vite faire la part des choses entre l’individu qu’il est et l’environnement dans lequel il vit. Indépendant, il n’attendra l’approbation de personne pour partir à la conquête du bonheur. Courageux, ni l’enfant, ni l’adulte qu’il deviendra ne rechignera à la tâche. Il sait qui il est et il mettra tout en œuvre pour devenir celui qu’il veut être. Pour cela, sa plus grande alliée sera la curiosité. Ne pouvant étancher sa soif de savoir, il profitera de chaque étape de sa vie personnelle comme professionnelle pour s’abreuver de connaissance. Enfin sa persévérance, mènera ce passionné de football droit au but.

Patrick Bourdet sait ce qu’il veut et l’ambition est probablement la grande différence entre ceux qui montent l’échelle sociale et ceux qui en tombent avant même d’avoir gravit une seule marche. Sa curiosité inaltérable forcera son corps sain à se reposer sur la sanité de son esprit afin d’évoluer et de faire profiter l’humanité de chaque parcelle du potentiel acquit.

 

II/ Un environnement familial

Son père, André, décèdera à l’âge de trente-neuf ans, laissant ses trois enfants orphelins. Patrick n’a alors que quatre ans et ne le redécouvrira qu’à l’âge de trente ans, à travers deux photos. Dans ses derniers courriers, il demande à ses collègues policiers de retirer la garde des trois enfants à leur mère, alors alcoolique, pour les placer à l’Orphelinat mutualiste de la Police National, près de Bourges dans le Cher.

Sa mère, Nelly, née en 1949 à Cherbourg, dans une famille où régnait la pauvreté, sera alors rejetée par sa belle-famille. Agé de 21 ans et enceinte de son quatrième enfant, elle sera contrainte de fuir en Côte d’Or avant de se réfugier au Bassin D’Arcachon où elle décèdera en 2002.

Un an plus tard, sa petite sœur, Angélique, alors âgée de deux mois sera victime de la mort subite du nourrisson.

Son frère Pascal ainé, de deux ans, est le rebelle de la fratrie. Lorsque la violence s’emparera du domicile familial, il n’hésitera pas à rendre les coups qui déséquilibreront son environnement.

Sa sœur Line a un an de moins que Patrick. Plus tard, il ressentira une certaine culpabilité de quitter la « cabane » et de la laisser seule face à la violence.

La plupart d’entre nous sont tellement formatés par leur environnement qu’il est souvent difficile de dissocier la part caractérielle brut de la partie créée, forgée, parfois même travaillée jusqu’à frôler l’inauthenticité. Mais la force de Patrick Bourdet est l’objectivité dont il fera preuve. Malgré les sentiments familiaux qui lient chacun de nous à nos parents, il montrera qu’ils ne sont pas des chaines fusionnant chaque pensée, chaque vision, chaque addiction de nos ancêtres, à nos propres convictions, enfermant notre conscience dans un circuit continue. Il prouvera qu’au-delà des liens du sang, un circuit alternatif vital est possible.

 

III/ Ses échecs, ses blessures

La première blessure de Patrick Bourdet réside dans la mort de son père. Au-delà, du fait, il devra vivre dans le mensonge. Croyant son père décédé suite à des ulcères à l’estomac, il apprendra finalement, durant son adolescence, qu’il s’est suicidé à l’aide d’un fusil. Il souffrira du manque de souvenir mais surtout de ne pas avoir pu assister à l’inhumation.

En Septembre 1971, son oncle Léon accompagne les trois enfants à l’orphelinat d’Osmoy où ils passeront cinq années durant lesquelles leur mère ne leur rendra visite que quatre fois.

Le 7 Décembre 1972, sa mère sera jugée inapte de garder ses enfants, laissant Léon devenir leur tuteur légal, avant qu’elle ne perde aussi son droit de visite sans autorisation préalable.

Le 16 juin 1976, alors qu’il a neuf ans, Patrick, son frère ainsi que sa  sœur sont finalement autorisés à passer l’été chez cette dernière. C’est alors qu’ils feront la connaissance d’Henri, le nouveau compagnon de Nelly. Leur maison étant trop petite et les salaires du peintre en bâtiment de la Mairie de La Teste insuffisants, la famille décidera de s’installer dans la cabane de leur ami Christian. En échange de la réalisation des tâches ménagères, ils pourront ainsi y vivre sans payer de loyer.

Ce logement insalubre deviendra rapidement le lieu de tous ses cauchemars.

Tout d’abord, il devra composer avec la vétusté des lieux. L’eau des repas sera puisée dans le puits à cent mètres de la cabane à l’aide d’un seau dans lequel chacun plongera son verre lors des repas, tentant d’éviter les insectes et les branchages. En guise de WC, ils devront chaque fois creuser des trous autour de l’habitation puis les reboucher, après s’être essuyés avec du papier journal, ou, à défaut, avec des branches de genets pliées en deux. Ne disposant pas d’électricité, il ne faudra pas oublier de faire du bois pour se chauffer l’hiver au risque de se retrouver congeler comme le fut un jour, Kiki, le chien de la famille. Le magasin le plus proche se trouvant, tout comme l’école, à six kilomètres à pieds, les bouteilles de gaz constitueraient une charge trop importante. C’est pourquoi, le feu de bois servira aussi à cuisiner. La nourriture sera stockée dans une « petite boite en bois avec parois en toile plastique à fines mailles » qui leur servira de garde manger malgré les intrusions intempestives des vers blancs. Parfois, par flemme de réchauffer l’eau, Patrick se résoudra à se laver à l’eau froide durant l’hiver. En été, il effectuera ses soins corporels au savon de Marseille dans une « grande laveuse en acier galvanisée » près du puit. Néanmoins, lors des sorties d’école à la piscine, il peinera à cacher ses pieds noircis par les heures de marches dans la poussière des bois. Les bois habités par ceux dont il se sent le plus proche, ceux auprès desquels il trouve l’amour, la force et la compassion : les arbres.

En effet, au-delà des carences matérielles, Patrick Bourdet devra surtout apprendre à vivre dans un environnement dénué d’humanité. Sous l’emprise de l’alcool combiné aux médicaments, Nelly, Henri et Christian, en viendront souvent aux mains. Pire encore, puisque fréquemment, ces dernières seront armées de couteaux, de haches ou encore de fusils de chasse. Les trois enfants n’ayant pas la force de les séparer deviendront à leur insu les jurés de ces scènes sans témoins. Malgré ses nombreuses tentatives pour éloigner sa mère de l’alcool, il sera contraint d’assister, impuissant, à sa défaite contre ses addictions qui l’emporteront définitivement en 2002. Incontrôlable sous l’emprise de ses substances, il arrivera qu’elle s’en prenne à ses enfants. C’est ainsi que Patrick se retrouvera, un jour, avec le pied d’un réveil planté dans la main, initialement destiné à son visage. Suicidaire, de surcroit, il se verra, une autre fois, enfermé dans les toilettes avec sa mère qui tiendra absolument à ce qu’il reste à ses cotés pendant qu’elle se tranchera les veines avec des lames de rasoir.

Patrick passera ainsi son enfance, balloté entre les différents logements qu’Henri louera lorsque ses pensions et allocations le permettront, et la cabane délabrée. Cette dernière se verra métamorphosée en logement propre et rangé avant chaque visite de la DDASS. L’annonce de ces visites laissera le temps à la mère de famille de s’éloigner des bouteilles pour renouer avec ses esprits, laissant ainsi le silence sur les conditions de vie de ses enfants intacte. Malgré les ballets de policiers et de pompiers au domicile familial, la DDASS n’aura jamais vent de la tornade qui détruira l’équilibre de la fratrie.

Alors qu’il faut généralement mener des enquêtes de grandes envergures pour retirer la garde de leurs enfants à des parents maltraitants, Patrick Bourdet d’abord mis en sécurité, sera finalement réintégré dans sa famille grâce à un simple jugement. Son histoire nous prouve une fois de plus que notre société éprouve plus de facilité à fermer les yeux sur la détresse de ses citoyens qu’à la regarder en face et assumer son rôle de défenseur. La lâcheté de notre Etat, en tant qu’entité, et son égoïsme de vouloir garder la paix pour lui, plonge finalement des milliers de particules de l’humanité dans les ténèbres de l’oubli, de l’indifférence, de la souffrance, formant ainsi un océan de détresse au cœur même de notre institution. Peut-être serait-il temps pour notre pays, et le monde entier, de prendre pleine possession du rôle indispensable de protection de l’humanité.

 

IV/ Sa réussite

Malgré son enfance, Patrick Bourdet est persuadé qu’un jour, il partira loin de cette cabane et de cette violence, pour conquérir la vie telle qu’il l’a conçoit, pour conquérir sa vie. C’est ainsi qu’il prendra peu à peu ses distances.

Patrick Bourdet comprendra rapidement que le meilleur moyen de gagner son indépendance sera de gagner son propre argent. C’est pour cela qu’il enchainera les petits contrats dès son adolescence commençant par le métier d’ostréiculteur.
Durant son année de quatrième, son entraineur lui proposera de l’emmener passer des épreuves d’admission pour entrer dans une école de sport-études. Il acceptera alors de redoubler sa quatrième afin d’intégrer cet internat qui lui permettra de prendre ses distances avec la cabane. Au-delà de l’apprentissage scolaire et sportif, Patrick apprendra beaucoup sur la vie et les rapports humains en découvrant un univers équilibré et équilibrant, bien loin de son environnement familial. Malgré ses bons résultats, sa mère n’ayant jamais réglé les frais de scolarité, il sera dans l’obligation de quitter l’école à la fin de l’année.
Un an plus tard, il obtiendra, sans trop de travail, son BEPC au collège de La Teste.
Les ventes d’espadrilles qu’il effectuait en parallèle de ses cours deviendront vite insuffisants à son gout. Désireux de quitter la précarité le plus rapidement possible, il décidera de passer un CAP Mécanicien au garage Lanine d’Arcachon. Son frère travaillant déjà dans l’entreprise, sa maladresse lors des examens pratiques ne sera pas une embuche pour son embauche. Son patron ne doutant pas un seul instant de son courage, lui donnera sa confiance à travers un contrat au salaire mensuel de 450 francs. Pour Patrick Bourdet, c’est le début de la richesse.
En exerçant ce métier difficile de par l’amplitude horaires et les fréquentes blessures causées par les outils, il développera un grand respect envers « ceux qui travaillent dur et se lèvent tôt pour aller gagner leur vie ». Il y cultivera aussi sa détermination. Le garage étant à des heures de marche de la cabane, il finira par dormir dans les voitures des clients, puis dans une tente prêtée par un copain.
Il quittera définitivement la cabane à l’âge de seize ans, après avoir découvert un impact de Brenneke au-dessus de son oreiller. Christian avait alors cherché à réveiller un voisin qui s’était endormi sur le lit.
Il passera la première nuit dans la cabane de la belle famille de son frère, avant d’être accompagné au Tribunal de Bordeaux par Monsieur Taris, l’éducateur qui l’avait suivi à La Teste. Sa mère ne se présentant pas à la convocation, la juge lui laissera le choix entre la DDASS et une nouvelle vie chez son entraineur de football. C’est ainsi qu’il vivra chez Jean-Claude Garnier et sa femme, Sylvaine Phelippot, jusqu’à l’obtention de son CAP.
Alors qu’il découvrira la plénitude d’un environnement sain, il devra, parallèlement, faire face à la perte de son emploi. Le garage de Lanine ayant prit feu, il sera quand même autorisé à passer son diplôme qu’il obtiendra avec soixante quatorze points d’avance.
Il retournera alors vivre en Normandie, où il décrochera un emploi saisonnier en tant qu’aide-livreur dans une entreprise locale de négoce de vins et de spiritueux. Ses journées dont il dédramatisera la difficulté en repensant au temps où il était débroussailleur forestier lui rapporteront 3500 francs mensuels. Il s’estime alors « chanceux et fortuné ».
C’est en 1984, à l’âge de dix-sept ans, qu’il décrochera son premier CDI en tant que technicien de surface à l’Arsenal de Cherbourg. Grâce à son  salaire de 3800 francs, il occupera alors un studio de trente mètres carrés, repoussant un peu plus sa peur de la précarité.

Malgré son évolution au sein de l’entreprise, il décide finalement de passer les tests de recrutement de la société Cogema alors à la recherche d’un opérateur de fabrication. L’entreprise fera ainsi confiance au jeune homme de vingt-et-un ans, lui offrant de surcroit la possibilité d’accroitre ses connaissances à travers de nombreuses formations internes comme externes.
Prenant une pause dans sa chasse au diplôme, Patrick prendra une année sabbatique pour réaliser son rêve de partir en Australie. Durant son voyage, il retrouvera une amie avec qui il avait sympathisé à la gare de Saint Lazare en l’aidant à porter ses valises. Elle lui apprendra par la  suite qu’elle avait éprouver une grande gratitude face à son geste, car épuisée, elle rentrait d’une lourde chimiothérapie. A son retour en France, il reprendra vite sa course aux connaissances, ne cessant d’évoluer professionnellement. Avant qu’il ne se rende compte lui-même de son potentiel, AREVA voit en lui l’avenir de l’entreprise, à tel point qu’il accepteront de financer les études qui le mèneront à l’obtention d’un master en management. Ce même jour de 2003, il apprendra la défaite de son amie Australienne, contre le cancer. Si Annie n’a pas eu la chance de s’en sortir, Patrick commencera une course contre la montre pour les milliers de malades encore guérissables. En effet, c’est en cherchant le thème de son mémoire de fin d’étudie exigé par son responsable, que le rapprochement entre les métaux
radioactifs présents dans l’usine et la radio-immunothérapie. Malgré les réticences des dirigeants et les enjeux conomiques, l’idée de convertir des déchets radioactifs en médicaments contre le cancer séduira la société qui décidera de créer AREVA MED en 2009. L’enfant de la cabane devient alors PDG de la filiale qui obtiendra le prix de la fondation Clinton ainsi que la médaille Marie Curie de la société française de l’Energie Nucléaire.

On pense souvent notre naissance déterminante sur notre avenir. Si ça n’est pas faux, cette croyance souffre souvent d’une mauvaise interprétation. En effet, la pauvreté et les souffrances dont un enfant peut être victime ne sont pas le miroir de l’adulte qu’il deviendra. En revanche, la vision des faits et la gestion des failles sont capitales dans l’évolution de chaque individu. Patrick Bourdet aurait pu subir la vie que son environnement lui imposait et se dire que son avenir était
là, dans la pauvreté et la violence. Mais si une si grande distinction existe dans la langue française entre le passé, le présent et le futur, ça n’est sûrement pas pour rendre leur pratique identique. Il aurait aussi pu penser que le cancer est une maladie invincible et que nous ne pourrons jamais rien faire pour la vaincre définitivement. Selon moi, le présent, au-delà de vivre, au-delà d’apprendre, au delà d’être, est la grande passoire de notre vie. Le présent est l’instant où nous pouvons
regarder en arrière pour récupérer les déchets passés pour en récupérer uniquement les nutriments transformables en énergie nécessaire au but à atteindre. Patrick Bourdet a, à chaque étape de sa vie, repensé à la précarité, non pas pour se plaindre sur son sort, mais pour trouver l’énergie de la dépasser, de la semer, pour ne plus jamais la rencontrer. De la même façon, la pensée de la maladie puis du décès de son amie, l’ont poussé à trouver des solutions pour sauver les malades actuels et futurs.

Si l’histoire de Patrick Bourdet vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Rien n’est joué d’avance« , sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affilié)

Et toi laquelle de tes souffrances passées pourrais-tu passer dans la passoire de ta vie ?
Que pourrais-tu construire d’extraordinaire à partir des déchets de ta vie ?

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