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PATRICK BOURDET (Ou l’escalade de l’échelle sociale)

PATRICK BOURDET (Ou l’escalade de l’échelle sociale)

PATRICK BOURDET

(Ou l’escalade de l’échelle sociale)

 

Aujourd’hui, j’aimerai vous parler d’un homme qui, malgré une enfance dramatique a toujours su que tout était possible. Issu d’une famille pauvre où régnait chaque jour la violence Patrick Bourdet est aujourd’hui PDG de la Société AREVA.

 

I/ A l’état brut

Patrick Bourdet aura toujours la volonté d’évoluer en tant qu’être. Même s’il sera très tôt confronté au mensonge familial, il saura vite faire la part des choses entre l’individu qu’il est et l’environnement dans lequel il vit. Indépendant, il n’attendra l’approbation de personne pour partir à la conquête du bonheur. Courageux, ni l’enfant, ni l’adulte qu’il deviendra ne rechignera à la tâche. Il sait qui il est et il mettra tout en œuvre pour devenir celui qu’il veut être. Pour cela, sa plus grande alliée sera la curiosité. Ne pouvant étancher sa soif de savoir, il profitera de chaque étape de sa vie personnelle comme professionnelle pour s’abreuver de connaissance. Enfin sa persévérance, mènera ce passionné de football droit au but.

Patrick Bourdet sait ce qu’il veut et l’ambition est probablement la grande différence entre ceux qui montent l’échelle sociale et ceux qui en tombent avant même d’avoir gravit une seule marche. Sa curiosité inaltérable forcera son corps sain à se reposer sur la sanité de son esprit afin d’évoluer et de faire profiter l’humanité de chaque parcelle du potentiel acquit.

 

II/ Un environnement familial

Son père, André, décèdera à l’âge de trente-neuf ans, laissant ses trois enfants orphelins. Patrick n’a alors que quatre ans et ne le redécouvrira qu’à l’âge de trente ans, à travers deux photos. Dans ses derniers courriers, il demande à ses collègues policiers de retirer la garde des trois enfants à leur mère, alors alcoolique, pour les placer à l’Orphelinat mutualiste de la Police National, près de Bourges dans le Cher.

Sa mère, Nelly, née en 1949 à Cherbourg, dans une famille où régnait la pauvreté, sera alors rejetée par sa belle-famille. Agé de 21 ans et enceinte de son quatrième enfant, elle sera contrainte de fuir en Côte d’Or avant de se réfugier au Bassin D’Arcachon où elle décèdera en 2002.

Un an plus tard, sa petite sœur, Angélique, alors âgée de deux mois sera victime de la mort subite du nourrisson.

Son frère Pascal ainé, de deux ans, est le rebelle de la fratrie. Lorsque la violence s’emparera du domicile familial, il n’hésitera pas à rendre les coups qui déséquilibreront son environnement.

Sa sœur Line a un an de moins que Patrick. Plus tard, il ressentira une certaine culpabilité de quitter la « cabane » et de la laisser seule face à la violence.

La plupart d’entre nous sont tellement formatés par leur environnement qu’il est souvent difficile de dissocier la part caractérielle brut de la partie créée, forgée, parfois même travaillée jusqu’à frôler l’inauthenticité. Mais la force de Patrick Bourdet est l’objectivité dont il fera preuve. Malgré les sentiments familiaux qui lient chacun de nous à nos parents, il montrera qu’ils ne sont pas des chaines fusionnant chaque pensée, chaque vision, chaque addiction de nos ancêtres, à nos propres convictions, enfermant notre conscience dans un circuit continue. Il prouvera qu’au-delà des liens du sang, un circuit alternatif vital est possible.

 

III/ Ses échecs, ses blessures

La première blessure de Patrick Bourdet réside dans la mort de son père. Au-delà, du fait, il devra vivre dans le mensonge. Croyant son père décédé suite à des ulcères à l’estomac, il apprendra finalement, durant son adolescence, qu’il s’est suicidé à l’aide d’un fusil. Il souffrira du manque de souvenir mais surtout de ne pas avoir pu assister à l’inhumation.

En Septembre 1971, son oncle Léon accompagne les trois enfants à l’orphelinat d’Osmoy où ils passeront cinq années durant lesquelles leur mère ne leur rendra visite que quatre fois.

Le 7 Décembre 1972, sa mère sera jugée inapte de garder ses enfants, laissant Léon devenir leur tuteur légal, avant qu’elle ne perde aussi son droit de visite sans autorisation préalable.

Le 16 juin 1976, alors qu’il a neuf ans, Patrick, son frère ainsi que sa  sœur sont finalement autorisés à passer l’été chez cette dernière. C’est alors qu’ils feront la connaissance d’Henri, le nouveau compagnon de Nelly. Leur maison étant trop petite et les salaires du peintre en bâtiment de la Mairie de La Teste insuffisants, la famille décidera de s’installer dans la cabane de leur ami Christian. En échange de la réalisation des tâches ménagères, ils pourront ainsi y vivre sans payer de loyer.

Ce logement insalubre deviendra rapidement le lieu de tous ses cauchemars.

Tout d’abord, il devra composer avec la vétusté des lieux. L’eau des repas sera puisée dans le puits à cent mètres de la cabane à l’aide d’un seau dans lequel chacun plongera son verre lors des repas, tentant d’éviter les insectes et les branchages. En guise de WC, ils devront chaque fois creuser des trous autour de l’habitation puis les reboucher, après s’être essuyés avec du papier journal, ou, à défaut, avec des branches de genets pliées en deux. Ne disposant pas d’électricité, il ne faudra pas oublier de faire du bois pour se chauffer l’hiver au risque de se retrouver congeler comme le fut un jour, Kiki, le chien de la famille. Le magasin le plus proche se trouvant, tout comme l’école, à six kilomètres à pieds, les bouteilles de gaz constitueraient une charge trop importante. C’est pourquoi, le feu de bois servira aussi à cuisiner. La nourriture sera stockée dans une « petite boite en bois avec parois en toile plastique à fines mailles » qui leur servira de garde manger malgré les intrusions intempestives des vers blancs. Parfois, par flemme de réchauffer l’eau, Patrick se résoudra à se laver à l’eau froide durant l’hiver. En été, il effectuera ses soins corporels au savon de Marseille dans une « grande laveuse en acier galvanisée » près du puit. Néanmoins, lors des sorties d’école à la piscine, il peinera à cacher ses pieds noircis par les heures de marches dans la poussière des bois. Les bois habités par ceux dont il se sent le plus proche, ceux auprès desquels il trouve l’amour, la force et la compassion : les arbres.

En effet, au-delà des carences matérielles, Patrick Bourdet devra surtout apprendre à vivre dans un environnement dénué d’humanité. Sous l’emprise de l’alcool combiné aux médicaments, Nelly, Henri et Christian, en viendront souvent aux mains. Pire encore, puisque fréquemment, ces dernières seront armées de couteaux, de haches ou encore de fusils de chasse. Les trois enfants n’ayant pas la force de les séparer deviendront à leur insu les jurés de ces scènes sans témoins. Malgré ses nombreuses tentatives pour éloigner sa mère de l’alcool, il sera contraint d’assister, impuissant, à sa défaite contre ses addictions qui l’emporteront définitivement en 2002. Incontrôlable sous l’emprise de ses substances, il arrivera qu’elle s’en prenne à ses enfants. C’est ainsi que Patrick se retrouvera, un jour, avec le pied d’un réveil planté dans la main, initialement destiné à son visage. Suicidaire, de surcroit, il se verra, une autre fois, enfermé dans les toilettes avec sa mère qui tiendra absolument à ce qu’il reste à ses cotés pendant qu’elle se tranchera les veines avec des lames de rasoir.

Patrick passera ainsi son enfance, balloté entre les différents logements qu’Henri louera lorsque ses pensions et allocations le permettront, et la cabane délabrée. Cette dernière se verra métamorphosée en logement propre et rangé avant chaque visite de la DDASS. L’annonce de ces visites laissera le temps à la mère de famille de s’éloigner des bouteilles pour renouer avec ses esprits, laissant ainsi le silence sur les conditions de vie de ses enfants intacte. Malgré les ballets de policiers et de pompiers au domicile familial, la DDASS n’aura jamais vent de la tornade qui détruira l’équilibre de la fratrie.

Alors qu’il faut généralement mener des enquêtes de grandes envergures pour retirer la garde de leurs enfants à des parents maltraitants, Patrick Bourdet d’abord mis en sécurité, sera finalement réintégré dans sa famille grâce à un simple jugement. Son histoire nous prouve une fois de plus que notre société éprouve plus de facilité à fermer les yeux sur la détresse de ses citoyens qu’à la regarder en face et assumer son rôle de défenseur. La lâcheté de notre Etat, en tant qu’entité, et son égoïsme de vouloir garder la paix pour lui, plonge finalement des milliers de particules de l’humanité dans les ténèbres de l’oubli, de l’indifférence, de la souffrance, formant ainsi un océan de détresse au cœur même de notre institution. Peut-être serait-il temps pour notre pays, et le monde entier, de prendre pleine possession du rôle indispensable de protection de l’humanité.

 

IV/ Sa réussite

Malgré son enfance, Patrick Bourdet est persuadé qu’un jour, il partira loin de cette cabane et de cette violence, pour conquérir la vie telle qu’il l’a conçoit, pour conquérir sa vie. C’est ainsi qu’il prendra peu à peu ses distances.

Patrick Bourdet comprendra rapidement que le meilleur moyen de gagner son indépendance sera de gagner son propre argent. C’est pour cela qu’il enchainera les petits contrats dès son adolescence commençant par le métier d’ostréiculteur.
Durant son année de quatrième, son entraineur lui proposera de l’emmener passer des épreuves d’admission pour entrer dans une école de sport-études. Il acceptera alors de redoubler sa quatrième afin d’intégrer cet internat qui lui permettra de prendre ses distances avec la cabane. Au-delà de l’apprentissage scolaire et sportif, Patrick apprendra beaucoup sur la vie et les rapports humains en découvrant un univers équilibré et équilibrant, bien loin de son environnement familial. Malgré ses bons résultats, sa mère n’ayant jamais réglé les frais de scolarité, il sera dans l’obligation de quitter l’école à la fin de l’année.
Un an plus tard, il obtiendra, sans trop de travail, son BEPC au collège de La Teste.
Les ventes d’espadrilles qu’il effectuait en parallèle de ses cours deviendront vite insuffisants à son gout. Désireux de quitter la précarité le plus rapidement possible, il décidera de passer un CAP Mécanicien au garage Lanine d’Arcachon. Son frère travaillant déjà dans l’entreprise, sa maladresse lors des examens pratiques ne sera pas une embuche pour son embauche. Son patron ne doutant pas un seul instant de son courage, lui donnera sa confiance à travers un contrat au salaire mensuel de 450 francs. Pour Patrick Bourdet, c’est le début de la richesse.
En exerçant ce métier difficile de par l’amplitude horaires et les fréquentes blessures causées par les outils, il développera un grand respect envers « ceux qui travaillent dur et se lèvent tôt pour aller gagner leur vie ». Il y cultivera aussi sa détermination. Le garage étant à des heures de marche de la cabane, il finira par dormir dans les voitures des clients, puis dans une tente prêtée par un copain.
Il quittera définitivement la cabane à l’âge de seize ans, après avoir découvert un impact de Brenneke au-dessus de son oreiller. Christian avait alors cherché à réveiller un voisin qui s’était endormi sur le lit.
Il passera la première nuit dans la cabane de la belle famille de son frère, avant d’être accompagné au Tribunal de Bordeaux par Monsieur Taris, l’éducateur qui l’avait suivi à La Teste. Sa mère ne se présentant pas à la convocation, la juge lui laissera le choix entre la DDASS et une nouvelle vie chez son entraineur de football. C’est ainsi qu’il vivra chez Jean-Claude Garnier et sa femme, Sylvaine Phelippot, jusqu’à l’obtention de son CAP.
Alors qu’il découvrira la plénitude d’un environnement sain, il devra, parallèlement, faire face à la perte de son emploi. Le garage de Lanine ayant prit feu, il sera quand même autorisé à passer son diplôme qu’il obtiendra avec soixante quatorze points d’avance.
Il retournera alors vivre en Normandie, où il décrochera un emploi saisonnier en tant qu’aide-livreur dans une entreprise locale de négoce de vins et de spiritueux. Ses journées dont il dédramatisera la difficulté en repensant au temps où il était débroussailleur forestier lui rapporteront 3500 francs mensuels. Il s’estime alors « chanceux et fortuné ».
C’est en 1984, à l’âge de dix-sept ans, qu’il décrochera son premier CDI en tant que technicien de surface à l’Arsenal de Cherbourg. Grâce à son  salaire de 3800 francs, il occupera alors un studio de trente mètres carrés, repoussant un peu plus sa peur de la précarité.

Malgré son évolution au sein de l’entreprise, il décide finalement de passer les tests de recrutement de la société Cogema alors à la recherche d’un opérateur de fabrication. L’entreprise fera ainsi confiance au jeune homme de vingt-et-un ans, lui offrant de surcroit la possibilité d’accroitre ses connaissances à travers de nombreuses formations internes comme externes.
Prenant une pause dans sa chasse au diplôme, Patrick prendra une année sabbatique pour réaliser son rêve de partir en Australie. Durant son voyage, il retrouvera une amie avec qui il avait sympathisé à la gare de Saint Lazare en l’aidant à porter ses valises. Elle lui apprendra par la  suite qu’elle avait éprouver une grande gratitude face à son geste, car épuisée, elle rentrait d’une lourde chimiothérapie. A son retour en France, il reprendra vite sa course aux connaissances, ne cessant d’évoluer professionnellement. Avant qu’il ne se rende compte lui-même de son potentiel, AREVA voit en lui l’avenir de l’entreprise, à tel point qu’il accepteront de financer les études qui le mèneront à l’obtention d’un master en management. Ce même jour de 2003, il apprendra la défaite de son amie Australienne, contre le cancer. Si Annie n’a pas eu la chance de s’en sortir, Patrick commencera une course contre la montre pour les milliers de malades encore guérissables. En effet, c’est en cherchant le thème de son mémoire de fin d’étudie exigé par son responsable, que le rapprochement entre les métaux
radioactifs présents dans l’usine et la radio-immunothérapie. Malgré les réticences des dirigeants et les enjeux conomiques, l’idée de convertir des déchets radioactifs en médicaments contre le cancer séduira la société qui décidera de créer AREVA MED en 2009. L’enfant de la cabane devient alors PDG de la filiale qui obtiendra le prix de la fondation Clinton ainsi que la médaille Marie Curie de la société française de l’Energie Nucléaire.

On pense souvent notre naissance déterminante sur notre avenir. Si ça n’est pas faux, cette croyance souffre souvent d’une mauvaise interprétation. En effet, la pauvreté et les souffrances dont un enfant peut être victime ne sont pas le miroir de l’adulte qu’il deviendra. En revanche, la vision des faits et la gestion des failles sont capitales dans l’évolution de chaque individu. Patrick Bourdet aurait pu subir la vie que son environnement lui imposait et se dire que son avenir était
là, dans la pauvreté et la violence. Mais si une si grande distinction existe dans la langue française entre le passé, le présent et le futur, ça n’est sûrement pas pour rendre leur pratique identique. Il aurait aussi pu penser que le cancer est une maladie invincible et que nous ne pourrons jamais rien faire pour la vaincre définitivement. Selon moi, le présent, au-delà de vivre, au-delà d’apprendre, au delà d’être, est la grande passoire de notre vie. Le présent est l’instant où nous pouvons
regarder en arrière pour récupérer les déchets passés pour en récupérer uniquement les nutriments transformables en énergie nécessaire au but à atteindre. Patrick Bourdet a, à chaque étape de sa vie, repensé à la précarité, non pas pour se plaindre sur son sort, mais pour trouver l’énergie de la dépasser, de la semer, pour ne plus jamais la rencontrer. De la même façon, la pensée de la maladie puis du décès de son amie, l’ont poussé à trouver des solutions pour sauver les malades actuels et futurs.

Si l’histoire de Patrick Bourdet vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Rien n’est joué d’avance« , sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affilié)

Et toi laquelle de tes souffrances passées pourrais-tu passer dans la passoire de ta vie ?
Que pourrais-tu construire d’extraordinaire à partir des déchets de ta vie ?

STEVE JOBS (Ou le champ de la distorsion de la réalité)

STEVE JOBS (Ou le champ de la distorsion de la réalité)

Aujourd’hui je vais vous parler d’un homme dont le rêve était de révolutionner le monde de l’informatique. Steve Jobs aidé par son « champ de distorsion de la réalité » a bâti un empire qui porte aujourd’hui le nom d’Apple. Même si son caractère et sa vie n’ont pas toujours été exemplaire, il reste un exemple de charisme et de volonté.

I/ A l’état brut.

Né le 24 Février 1955 sous le signe du Poisson, Steve Jobs vit le jour à San Francisco. Enfant curieux, précoce et déterminé, Steve est aussi un rebelle qui ne supportera aucune autorité. Pourtant, c’est bien l’autorité qui marquera son propre caractère. En effet, son exigence le mènera souvent à la méchanceté et à l’humiliation de ses collaborateurs. Paradoxalement, doté d’une grande sensibilité, les pleurs deviendront parfois son mode d’expression.

Mais la complexité de la personnalité de Steve Jobs ne s’arrêtera pas là. D’abord opposé au matérialisme et en recherche d’ « illumination intérieure », il fera par la suite fortune en commercialisant des produits multimédias. De plus, son jugement sera, à l’image d’un système informatique, binaire, ne cherchant pas à nuancer son avis, ni les propos découlant de sa pensée, il qualifiera de nombreuses inventions de « merdes », trouvant les autres extraordinaires. Néanmoins, il lui arrivera de changer d’avis et de s’approprier les œuvres détestées la veille.

Son instinct, le poussera souvent à la manipulation. Conscient des faiblesses de ses interlocuteurs, il emploiera toutes sortes de stratégies pour atteindre ses objectifs.

Mais ce qui caractérisera le mieux Steve, est, ce que ses proches appelleront son « champ de distorsion de la réalité ». C’est cette capacité d’occulter les problèmes qui le mènera au bout de tous ses rêves. Ce phénomène sera interprété comme un « mélange troublant de charisme et de force mentale » et deviendra la principale source de motivation de ses collaborateurs.

Sans son anticonformisme et sa faculté de persuasion, Apple n’aurait probablement jamais vu le jour. En effet, son champ de distorsion de la réalité l’aide à transformer la réalité à son image, mais son talent ne s’arrête pas là, puisqu’il arrivera ensuite à persuader l’ensemble de ses collaborateurs de leurs nombreuses possibilités, jusqu’alors jamais exploitées.

 

II/ Un environnement familial.

Son père, Paul Reinhold Jobs, qui a grandi dans une ferme de Germantown a consacré sa vie à la mécanique. Passionné de voiture, il exerça d’abord auprès des garde-côtes durant la Seconde Guerre Mondiale où il fut affecté à l’USS M.C. Meigs. Il fut ensuite embauché en tant que mécanicien à l’International Harvester. Durant son temps libre, il restaurait de vieilles voitures qu’il revendait. Puis il quitta son emploi pour se consacrer entièrement à sa passion. Par la suite, il deviendra récupérateur pour une société de crédit.

C’est en Mars 1946, suite à un pari qu’il fit avec ses collègues, qu’il rencontra la comptable Clara Hagopian. Il devait trouver une femme en quinze jours et ce fut chose faite avec cette fille d’immigrants arméniens née dans le New Jersey. Elle eut, avant de rencontrer Paul, une grossesse extra-utérine qui l’a rendit stérile. C’est pourquoi, le couple adopta un bébé qu’il nomma Steven Paul Jobs.

Joanne Shieble, la mère biologique de Steve était originaire du Wisconsin et issue d’une famille d’origine allemande. Encore étudiante universitaire, elle rencontra Abdulfattah John Jandali, un assistant-maître musulman issu d’une riche famille Syrienne. Diplômé de l’université américaine jésuite de Beyrouth, il devint doctorant à la faculté de sciences politiques du Winconsin.

A son retour d’un séjour en Syrie, le couple appris que la jeune femme était enceinte. Le père de Joanne, Arthur Shieble, attachant une grande importance au catholicisme du futur mari de sa fille n’aurait pas supporté l’union qu’elle formait avec le musulman, c’est pourquoi le couple décida de faire adopter le futur bébé.

Selon l’exigence de Joanne qui ne voulait confier son enfant qu’à des individus ayant suivit des études supérieures, le médecin prédestina le futur nouveau-né à un couple dont le mari était avocat. Mais ces derniers, voulant une fille, changèrent d’avis lorsque le bébé naquit. N’ayant pas le niveau d’études demandé, les Jobs durent s’engager à créer un fond de financement pour les études universitaires du futur adolescent.

Deux ans plus tard, les Jobs adopteront une petite fille prénommée Patty

Steve Jobs retrouvera sa mère biologique à l’âge de 20 ans. Elle lui avouera avoir espéré le reprendre après le décès de son père, malade à l’époque de sa naissance. Les papiers signés quelques semaines après la mort de ce dernier ayant rendu la réalisation de ce rêve impossible. Aussi, il fera la connaissance de sa sœur, Mona Simpson.

En revanche, il refusera de faire la connaissance d’Abdulfattah.

Comme il en fera lui-même la déduction, c’est en partie l’abandon dont il a été victime, allié à sa précocité qui ont fait se sentir Steve Jobs comme un être à part. Au lieu de subir cette mise à l’écart en perdant entièrement confiance en lui, il a inversé le processus habituel pour, au contraire, décupler cette confiance au point de se définir comme un géni.

 

III/ Ses blessures, ses échecs.

Steve Jobs a toujours su qu’il avait été adopté et en souffrira toute sa vie avouant éprouver de la colère face à ce rejet.

Pourtant, à l’âge de 23 ans, il reproduira le schéma familial subi sur sa fille Lisa, en l’abandonnant au même âge que celui de ses parents biologiques à sa propre naissance. Même s’il laissa la mère faire le choix d’avorter ou non, il refusa catégoriquement la possibilité de l’adoption. De plus, utilisant aussi son « champ de distorsion de la réalité » pour oublier ses blessures, il réussira à se convaincre de sa non paternité. Le test de paternité, réalisé un an après la naissance de sa fille se révèlera positif, mais il continuera de nier l’évidence. En effet, il ne reconnaitra l’enfant que des années plus tard.

Lorsqu’il était petit, Steve a mal vécu le fait que sa famille se retrouve en difficultés financières. Son père, croyant beaucoup au marché de l’immobilier, avait décidé d’étudier le domaine pour obtenir son diplôme d’agent immobilier. Mais au moment, de sa reconversion, le marché s’était écroulé.

S’ennuyant en cours, Steve multipliera les blagues sans faire attention qu’elles respectent toujours les règles de sécurité. Il se fera ainsi virer trois fois de l’école durant son année de CE2. En CM1, son professeur conseillera à ses parents de le faire passer directement en 5ème. Ils décideront de le faire entrer en 6ème. Malgré ce compromis, l’enfant solitaire ne s’adaptera pas à sa nouvelle école où les enfants sont tous plus âgés que lui. Persécuté par ses camarades, il changera rapidement d’école. Par la suite, il décidera d’arrêter les études avant d’avoir son diplôme.

Durant sa vie professionnelle, Steve Jobs a aussi rencontré des difficultés liées à son caractère. Lorsqu’il décrocha son premier emploi chez Atari, sa direction cru réellement à son potentiel mais éprouvait de grandes difficultés à l’intégrer aux autres salariés. La supériorité qu’il s’octroyait et son manque d’hygiène lié à son côté zen faisait fuir ses collègues au point qu’il fut relayé au service de nuit.

Quelques années après la création d’Apple, son comportement envers ses salariés ainsi que les dépenses financières astronomiques liées à son projet « Lisa », le mèneront vers la sortie. En effet, les membres du conseil d’administration lui enlevèrent la direction de son projet.

En 1985, Steve vit de nombreux collaborateurs quitter sa société, notamment celui de son ami et cofondateur d’Appel, Steve Wozniak. Ce dernier ayant toujours considéré l’informatique comme une passion et non un moyen de s’enrichir ne partageait plus les objectifs de son ami et s’en était éloigné.

Le 31 mai 1985, Steve Jobs perdit cette fois le projet du Macintoch. Le conseil d’administration voulant l’éloigner de tout pouvoir, l’évinça de l’organisation et lui proposa de devenir le « visionnaire planétaire » en créant l’AppleLabs. Au-delà de l’échec professionnel, c’est l’abandon que Steve revivra en étant trahi par John Scullay, Markkula et Arthur Rock, trois individus qu’il considérait comme des « pères spirituels ».

C’est en septembre, que sous la contrainte, il donnera sa démission.

En 1986, il créera une nouvelle société « Next ». Mais n’ayant pas retenu la leçon de son échec chez Apple, l’entreprise qui perdit rapidement beaucoup d’argent.

Alors que la plupart des individus faisant face à un échec cède à la tentation de changer et de rentrer dans les rangs, Steve Jobs restera toujours le même face à la gloire comme face à l’adversité. Son anticonformisme et son égo sont tels que selon lui c’est le monde qui doit s’adapter à sa vision et non l’inverse.

 

IV/ Sa réussite.

Steve Jobs n’aime pas la mécanique mais adore passé du temps avec son père. Ce dernier profitera de ces moments privilégiés pour lui donner ses premiers cours d’électronique, de négociation lors de leurs recherches de pièces en casse. Mais son père lui appris un principe qui guidera Steve tout au long de sa carrière. Pour lui, la partie invisible d’un produit devait recevoir autant d’attention que la partie visible. Ainsi le panneau arrière d’une barrière ou d’une armoire devait être soigné même si personne ne le voyait. Même si ce perfectionnisme devint une obsession pour Steve, devenant un réel problème personnel et professionnel au quotidien, c’est cette facette de sa personnalité qui mènera Apple vers les sommets.

Le premier objectif de Steve Jobs naitra lorsque Steve Wozniak créera la Blue Box, un appareil permettant de téléphoner à l’autre bout de la Terre sans dépenser le moindre centime. Pour Wozniak, il ne s’agissait que du résultat de sa passion, mais pour Jobs, cela représentait un excellent produit à vendre. Ils se lancèrent donc dans la fabrication d’une centaine de Blue Box, qu’ils vendirent cent cinquante dollars pour un cout de revient de quarante dollars.

C’est suite à la création de l’Apple I que les deux Steve décideront de créer la société Apple. Malgré le peu d’intérêt que le public porta à leur nouveau produit, Paul Terrel, propriétaire d’un magasin informatique baptisé Byte Shop commanda cinquante pièces. Le garage des parents de Jobs sera alors réquisitionné pour la construction de ces produits et ses proches seront mis à contribution pour parer au manque de temps. Malgré la déception de l’acheteur qui pensait investir dans un ordinateur fini, Steve Jobs le convainquit rapidement de payer les cinquante circuits de l’Apple I. Grâce aux négociations de Steve Jobs pour l’achat des composants, ils réaliseront des bénéfices en vendant cinquante pièces supplémentaires à leurs connaissances.

L’Apple II obtiendra un plus gros succès, se vendant à hauteur de deux mille cinq cents pièces en 1977. En 1981, le nombre de produits vendus passera à deux cent dix mille. Les deux amis seront alors contraints de quitter le garage devenu trop étroit face à un tel engouement.

Le 12 décembre 1980, marque l’entrée en bourse d’Apple avec des actions à vingt-deux dollars passant à vingt-neuf dollars le soir même. Steve Jobs se retrouvant alors à la tête d’un capital de cinquante-six millions de dollars.

En 1986, il achètera la société Pixar qui répondra parfaitement à son désir de création à « l’intersection entre la technologie et l’art ». En effet, malgré sa tentative de commercialisation d’ordinateur, ce sont les films d’animations tels que Toy Story qui mènera la société au succès.

En 1995, dix ans après son départ de sa première société, Steve Jobs profita de la vente de Next à Apple pour reprendre contact avec elle.

Malgré de nombreux changements de direction, le conseil d’administration n’avait pas réussi à redresser l’entreprise qui perdait de plus en plus d’argent. Il demanda alors à Steve Jobs de revenir. Mais, malgré le désir de Steve de reprendre les rennes d’Apple, ce dernier ce fera prier, acceptant dans un premier temps, de revenir en tant que simple consultant et attendra le 16 Septembre 1997 pour devenir Président Directeur Général par Intérim avant de prendre l’entière responsabilité du poste en Décembre.

Alors qu’Apple était au bord de la faillite, la société rapportera trois cent neuf millions de dollars en 1998.

Gardant son désir intact de créer des produits simplistes, originaux et faciles d’utilisation pour l’utilisateur, et n’ayant plus aucune limite, l’imagination de Steve Jobs et de ses collaborateurs créera l’iMac, l’Apple Store, l’Itunes Store, l’iPod, l’iPhone et l’iPad avec le succès que nous leur connaissons aujourd’hui.

Steve Jobs a ainsi réalisé le rêve de fonder une entreprise qui lui survive.

La plupart d’entre nous passe leur temps à tenter de plaire aux autres, à rentrer dans un moule retenant les vagues que nous aurions été susceptible de produire. L’équation entre nos rêves et nos réelles capacités détenant une inconnue, nous préférons ne rien tenter.

La distorsion de la réalité de Steve Jobs semble être la solution de l’inconnue. Il imagine un produit loin des normes existantes et met tous les moyens humains et matériels pour que le réel prenne le pas sur l’imaginaire. Son esprit binaire ne cédant à aucun compromis, le résultat ne peut être que la copie conforme de son exigence.

Malgré les obstacles et les doutes de ses collaborateurs, Apple finit par donner raison à son fondateur, devenant ainsi la deuxième marque la plus puissante du monde.

 

Si la vie de Steve Jobs vous inspire, je vous invite à lire la biographie sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. Elle a été rédigée par Walter Isaacson à la demande de Steve Jobs en personne.

Pour ceux qui n’aiment pas lire, ce livre a été adapté au cinéma. (Il s’agit de liens d’affiliation)

 

Et toi, aurais-tu le courage de te transformer en ordinateur, en utilisant le langage binaire comme seul esprit critique ?

Crois-tu en l’infinie possibilité du champ de la distorsion de la réalité ?

Si tu y croyais, quel objectif déciderais-tu d’atteindre ?

 

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