LAURE MANAUDOU (L’AME SŒUR DE LA VICTOIRE)

LAURE MANAUDOU (L’AME SŒUR DE LA VICTOIRE)

Dotée de réelles capacités pour la natation, Laure Manaudou est la preuve que la possession d’un don ne suffit pas pour devenir la meilleure de sa discipline. Son aptitude naturelle à la natation n’aurait mené nulle part si elle ne l’avait pas allié à la rigueur et la persévérance.

 

I/ A l’état brut

Née le 9 Octobre 1986 sous le signe astrologique de la Balance, Laure Manaudou verra le jour à Villeurbanne. Timide, elle grandira à l’écart des autres enfants, partageant son insouciance avec son seul allié, son frère ainé. Pourtant, son impulsivité ira souvent contre le désir de sa timidité à rester discrète.

Lorsqu’elle veut quelque chose, Laure entend bien l’obtenir. C’est ainsi que tout au long de sa carrière, persévérance et fainéantise seront au coude à coude, même si cette dernière finira toujours vainqueur du sprint final.

Casse- cou dans l’âme, elle n’hésitera pas à se mettre en danger pour gagner quelque soit la nature de la compétition ou l’enjeu. Une simple course de vélo avec ses frères mettra à plusieurs reprises la mauvaise perdante de mauvaise humeur.

Impatiente et entière, elle laissera souvent ses sentiments prendre le dessus sur la raison de sa carrière.

La carrière de Laure Manaudou sera un réel parcours d’équilibrisme entre ses différents traits de caractères versatiles. Tantôt timide et travailleuse, tantôt impulsive et fainéante, Laure apprendra au fil du temps à écouter son corps et son ressentiment pour réguler ses entrainements entre relâchement et travail acharné.

 

II/ Un environnement familial

Laure Manaudou est issue d’une famille de sportif.

Son père, Jean-Luc, est employé de banque. D’abord Handballeur en National 3, en tant qu’arrière gauche dans l’équipe de Vaulx-En-Velin, il deviendra ensuite entraineur de l’équipe de Meximieux.

Sa mère Olga est originaire de la Hollande. Secrétaire quadrilingue à l’office du tourisme de Meximieux quittera son emploi à la naissance de ses enfants pour commencer une carrière d’assistante maternelle afin d’élever ses enfants. Mais elle passera son temps libre en tant que badiste.

C’est dans les années 1970 que Jean-Luc et Olga se rencontrèrent au Cap Fréhel et ceux sont ces falaises qui accueilleront la famille chaque été.

Deuxième d’une fratrie de trois enfants, la fillette, entourée de ses frères, deviendra rapidement un garçon manqué.

Son frère ainé, Nicolas, est né le 9 Octobre 1985, soit un an jour pour jour avant la naissance de Laure. Ensemble, ils partageront leur timidité, leurs jeux, leurs bêtises, dans une relation exclusive. Même si la fusion de leur relation les mettra souvent en confrontation. Il deviendra par la suite entraineur de natation.

Son frère Florent verra le jour le 12 Novembre 1990, soit quatre ans après la benjamine. Ce dernier prendra le même chemin que sa sœur en devenant notamment champion Olympique du 50 mètres nage libre à Londres en 2012.

Baignée dans le sport depuis son plus jeune âge, Laure Manaudou sera surtout motivée par l’entraide compétitive instaurée dans la famille. Sans cette volonté entretenue dès sa naissance, d’être sans cesse la meilleure de la fratrie, elle n’aurait probablement pas eu l’idée de mesurer sa puissance et sa rapidité dans le cercle élargi de l’Olympe.me si le milieu familial nous inspire pour construire notre vie, c’est avant tout le système de pensées que nous nous créons à son contact qui formate notre vision du monde et nos rêves.

 

III/ Ses échecs, ses blessures.

C’est lorsque Laure Manaudou avait cinq ans que ses parents décidèrent de l’inscrire, avec Nicolas, à la natation. A l’époque, le but était tout simplement l’apprentissage de la nage et l’aisance aquatique. En effet, passant toutes leurs vacances au bord des mers bretonnes, les parents voulaient donner toutes les armes nécessaires aux deux casse-cou pour éviter tout risque de noyade.

Mais Laure Manaudou déteste nager et a peur de mettre la tête sous l’eau. Alors elle fait son maximum, à chaque cours, pour arriver le plus tard possible, jouant avec son frère dans les vestiaires. Ainsi, ils arrivaient parfois à gagner vingt minutes sur l’entrainement censé durer une heure. Une fois dans le bassin, ils continuaient à chahuter comme à leur habitude.

Paradoxalement, c’est dans ce même bassin qu’elle se découvrira une vitesse que les autres n’ont pas. Elle n’aimera jamais nager mais aimera toujours remporter la victoire.

C’est à l’âge de sept ans qu’elle connaitra ses premières émotions de nageuse en participant à sa première compétition interne club nommée la « coupe des minots ». Elle apprendra alors la victoire qui l’inondera de joie, ainsi que la défaite qui noiera ses joues de larmes.

L’adrénaline du gain donnera ainsi un minimum de sens à l’heure quotidienne qu’elle passe dans le bassin et qui se verra doublée dès l’année suivante.

En passant au niveau supérieur, elle subit les foudres de Gérard, son entraineur. La fille de ce dernier, Barbara, était la meilleur du groupe, ce qui énervait beaucoup Laure qui voulait sans cesse être la première, ne supportant pas d’arriver deuxième. L’entraineur n’avait d’yeux que pour sa fille et criait sur les autres enfants, avec en champ de mire, la fratrie Manaudou. En effet, les trois frères et sœur n’avait pas besoin de beaucoup travailler pour nager presque aussi vite que Barbara. Il savait que si Laure Manaudou s’entrainait un peu plus sérieusement, elle rattraperait vite les résultats de sa fille alors il préférait la rabaisser à longueur de cours. Ne se doutant pas un seul instant que cela produirait, quelques années plus tard, exactement l’effet contraire sur la jeune fille.

L’impact de la défaite, pour Laure, est tellement important qu’elle décidera de mettre un terme à ses entrainements de natation à l’âge de douze ans, ne supportant plus d’être la deuxième.

Mais, à force d’observer son frère en compétition, le manque de la victoire se fait sentir et elle décide de retourner à la piscine un an et demi plus tard, ignorant alors que sa carrière était sur le point de prendre un nouveau tournant.

C’est en Avril 2001, au Championnat de France senior, qu’un certain Philippe Lucas la remarque. Très vite, elle quittera le cocon familial et emménagera chez ce dernier pour vivre au rythme de ses entrainements. L’adolescente n’a alors que 14 ans et souffre de l’éloignement de sa famille. En plus de ce chamboulement, Laure Manaudou devra assumer un emploi du temps chargé. En effet, elle devra se lever à 05h15 tous les matins pour nager dès 06h00 du matin, elle se rendra ensuite en cours à 08h30 à 17h00, enfin elle regagnera les bassins de 17h30 à 21h chaque soir, ne disposant que du samedi après-midi et du dimanche pour se reposer. N’aimant ni étudier, ni nager, c’est ainsi que débuteront de longues années d’ennui pour Laure, laissant ainsi sa vie d’adolescente de côté. Quelques mois plus tard, elle décidera d’ailleurs de quitter l’école, afin de se concentrer sur son unique objectif principal à savoir s’entrainer pour devenir championne Olympique.

Lorsqu’on a un rêve, on est souvent découragé à l’avance par tous les efforts que l’on devra fournir et le temps que l’on devra sacrifier pour atteindre notre but. Alors résigné, on se donne le prétexte de la fatigue dû à notre activité principale pour procrastiner dans ce qui nous tient le plus à cœur. Alors on finit par se complaire dans la facilité d’une vie que l’on n’a pas choisi. Pourtant, Laure Manaudou, malgré son jeune âge, saura mettre toute excuse de côté pour faire de son planning une norme vers la victoire.

 

IV/ Sa réussite

Lors de sa pause loin des bassins, Laure Manaudou a grandi contrairement à Barbara qui, contrainte à un programme d’entrainement trop intensif, n’arrivera plus à se développer. A son retour à la piscine, Laure vaincra sa grande ennemie à un quatre cents mètres quatre nages à Oyonnax, surprise par les encouragements du père de cette dernière ayant soudain viré de bord.

Il l’avait déjà observé au Championnat de France senior en 2000 à Rennes, à Sarcelles, puis à Chamalières, mais c’est lors de sa montée à la deuxième marche du podium des Championnats de France, que Philip Lucas prendra cet engagement personnel.

Même si Laure Manaudou considérera cette seconde position au cent mètre dos comme un échec, il s’agit bien d’une victoire puisque le vainqueur de la compétition ne sera autre que Roxana Maracineanu, la nageuse professionnelle qu’elle admire depuis ses onze ans.

Trois mois plus tard, Laure Manaudou remporte une médaille d’argent au cinquante, ainsi qu’au cent mètre dos au championnat du monde juniors de Malte. Ces nouvelles données ajoutées à son palmarès, Philip Lucas décidera de contacter les parents de Laure afin de leur faire part de ses projets pour la jeune nageuse.

C’est en admirant la victoire des Australiens au relais des Jeux Olympiques de Sidney en 2000 que Laure Manaudou décidera de devenir championne Olympique. Elle ne le saura pas tout de suite mais c’est cet argument que Philip Lucas a choisi pour convaincre ses parents de la prendre sous son aile. En effet, selon lui, trois années lui suffiront à entrainer Laure pour qu’elle devienne championne Olympique.

Il n’a pas tort puisque la carrière de Laure Manaudou s’accélère dès 2001.

En décembre, elle battra le record de France du cent mètre dos en petit bassin, détenu par Roxana, son exemple, en effectuant la traversée en 59 secondes et 44 centièmes.

En Avril 2002, elle devient Championne de France toutes catégories en cinquante mètre dos et se sélectionne aux championnats d’Europe Senior. Finalement, elle préfèrera disputer ses derniers championnats d’Europe Junior préférant attendre l’année suivante pour se livrer à la compétition sénior. Ainsi, elle remportera la médaille d’or au cent mètres dos et celle d’argent au cinquante mètre dos et au deux cent mètres quatre nages.

La saison suivante, Philippe Lucas décide d’entrainer Laure Manaudou au quatre cent mètres alors que, selon les professionnels de la discipline, elle n’est pas faite pour cette épreuve. Elle gagnera ainsi le quatre cent mètres des interclubs d’Antibes, finira les Championnats du Monde petit bassin avec une médaille de bronze et battra le record national au Championnat de France.

Puis, elle remportera trois médailles d’or aux Championnat d’Europe Senior.

Enfin, vint le jour tant attendu. Voilà quatre ans qu’elle rêve des Jeux Olympique et c’est le 15 Aout 2004 que tout va se jouer. Habituée aux emplois du temps chargés et qualifiée pour trois épreuves, elle devra enchainer quatre courses dans la journée.

Malgré une blessure à l’épaule provoquée par l’entrainement accompli le matin, Laure Manaudou réalisera bien son rêve ce jour là, puisqu’après avoir fait les meilleurs temps des séries pour la finale du quatre cents mètres et la demi-finale du cent mètre, elle deviendra Championne Olympique du quatre cents mètre avec le quatrième meilleur temps de l’histoire. En étant la première nageuse française à remporter ce titre, elle donnera un nouveau souffle à son sport qui, à l’époque, ne comptait pas beaucoup de licenciés.

Laure replongera dès le lendemain pour disputer la finale du cent mètres dos où elle obtiendra la médaille de bronze.

Enfin, elle deviendra vice championne Olympique au huit cent mètre nage libre.

Laure Manaudou avait un rêve, celui de devenir championne Olympique. C’est en se dirigeant vers l’immensité de ce rêve qu’elle réalisera une performance encore plus importance puisqu’elle deviendra la nageuse la plus titrée du monde avec 127 médailles dont 86 en Or. Bien avant de se donner les moyens de réaliser ses rêves, elle s’est d’abord autorisée à le construire.

Souvent, lorsque l’on se surprend à rêver, on reprend conscience au plus vite pour se secouer et oublier nos illusions. Puis on passe à autre chose, on continue à avancer sur le chemin qui se trace en pilote automatique devant nous car nous nous pensons incapable de changer de route. Pourtant, nous sommes tous capable d’atteindre les sommets de nos ambitions. Pour cela, il suffit d’imaginer la vie de nos rêves, d’enlever le bandeau de nos yeux, de mettre un pas devant l’autre, et de vivre notre rêve éveillé.

 

Si le parcours de Laure Manaudou vous inspire, je vous conseille de lire son autobiographie « Entre les lignes » sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

Et toi, veux-tu rester dans le vortex d’une vie qui ne te correspond pas ?

Ou trouveras-tu le courage d’en sortir pour rejoindre le couloir de tes rêves ?

 

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