GREGORY LEMARCHAL (L’artiste insufflant l’espoir)

GREGORY LEMARCHAL (L’artiste insufflant l’espoir)

GREGORY LEMARCHAL

(L’artiste insufflant l’espoir)

 

Aujourd’hui je voulais rendre hommage à un jeune artiste dont le nom a su rejoindre ceux des plus grands en à peine trois ans. Doté d’une voix extraordinaire, c’est surtout le courage de Grégory Lemarchal ainsi que sa vision de la vie qui me touche. Lui qui aurait eu toutes les raisons d’en vouloir à cette dernière, l’aimera démesurément et la remerciera de chaque instant de bonheur offert.

 

I/ A l’état brut

Né le vendredi 13 Mai 1983 sous le signe du Taureau, Grégory Lemarchal a vu le jour à l’hôpital de La Tronche.

Même si la vie l’obligera à gagner une importante maturité bien avant l’âge requis, Gregory est et restera un enfant plein de vie, chahuteur et farceur. Des années plus tard, il avouera d’ailleurs à sa mère, que l’école maternelle et primaire, bercée par l’insouciance enfantine faisait partie des plus belles années de sa vie.

De nature optimiste, et sûrement influencé par son combat contre la maladie, Gregory ne s’attardait jamais bien longtemps sur ses problèmes et ne pouvait supporter de voir son entourage se trouver des excuses pour ne pas avancer.

Il développera alors une rage immuable contre sa maladie, mais surtout pour la vie. Grégory savoure chaque petit moment qu’elle lui offre. Et si le bonheur n’arrive pas jusqu’à lui de lui-même, il s’arme de courage et part à sa rencontre. Sa pudeur alliée à la peur de ce bonheur ne tenant qu’à un fil, le contraindra néanmoins à garder ses sentiments pour lui, peinant souvent à les exprimer. D’un naturel calme et gentil, il gardera d’ailleurs la majeur partie de ses colères pour ses défaites ou celle de ses équipes sportives préférées. Compétiteur dans l’âme, il se surpassera toujours pour être le meilleur dans tout ce qu’il entreprendra.

Sûrement trop occupé à courir après le bonheur, il ne trouvera pas toujours le temps d’arriver à l’heure à ses rendez-vous et pour les tâches ménagères. Pourtant, lorsqu’il est présent, il déteste que les autres lui fassent perdre du temps par leurs retards.

L’être humain a tendance à se plaindre pour un rhume ou une mauvaise journée passée. Un rhume nous apparaît alors comme le Mont Everest et une journée maussade, comme un iceberg en pleine débâcle glacière. Nous pensons avoir le temps de nous écouter et nous le prenons. Mais Grégory connaît la valeur du sable qui s’écoule dans le sablier de la vie et compte bien l’utiliser à bon escient. Pour Grégory, la vie ne doit pas être subie mais bel et bien vécue.

 

II/ Un environnement familial

Le carré d’AS comme il aimait la nommée, est la famille qu’il forme avec ses parents et sa sœur, qui lui donne la force d’avancer chaque jour, dans chaque instant de joie, de peine, de doute.

Sa mère Laurence Lemarchal, arrêtera de travailler pour se consacrer à l’éducation de son fils. C’est auprès d’elle, qu’il confiera ses secrets pouvant ainsi discuter durant des heures. Lorsque ses enfants seront plus grands, elle travaillera en tant que visiteuse médicale.

Son père Pierre Lemarchal, militaire engagé dans les chasseurs alpins fut appelé pour partir au Liban pendant 6 mois lorsque Gregory avait 1 an. Puis, il jonglera entre son métier de responsable informatique et celui d’entraineur de basket avant de se reconvertir dans l’animation évènementiel. Leur complicité sera nourrit par leurs nombreuses passions communes, aussi bien sportives qu’artistiques. En 2005, il abandonnera d’ailleurs, à la  demande de son fils, toute activité professionnelle afin de suivre ce dernier à plein temps, tout au long de sa carrière d’artiste, aussi bien psychologiquement que physiquement. Il mettra ainsi à son service de grands dialogues lorsque cela sera nécessaire, une certaine logistique pour ses affaires personnelles et traitements médicamenteux, mais aussi paramédicaux puisque Pierre était apte à lui administrer les massages respiratoires dont il avait tant besoin pour avancer chaque jour.

Sa relation avec sa sœur, Leslie, née cinq ans après Grégory sera aussi aimante et bienveillante que celle qu’il entretient avec ses parents. Protecteur l’un envers l’autre, ils seront toujours présents l’un pour l’autre.

Lorsqu’il gagnera la Star Académy, Grégory remerciera ses parents et sa petite sœur en déclarant que sans eux « il n’aurait pas fait le quart de ce qu’il a fait dans sa vie ».

En effet, ses parents se sont toujours battus pour élever leurs deux enfants à vivre leur vie pleinement et à profiter de chaque instant comme si c’était le dernier. Laissant leurs craintes de coté, ils pousseront toujours Grégory à vivre ses passions et réaliser ses rêves. Pour eux, il était hors de question que la mucovisidose dirige leur vie.

Lorsque nous mettons un enfant au monde, il est généralement accompagné d’une tirade de peurs. Il arrive alors qu’il soit enveloppé par ses parents dans une bulle de confort visant à réconforter ces derniers. Malheureusement, cette bulle confortera aussi l’enfant dans la fragilité de sa naissance l’empêchant ainsi à grandir et s’épanouir.

Si les parents de Grégory l’avaient laissé dans cette bulle que préconisent les médecins en cas de maladie génétique, il n’aurait vu ses passions qu’à travers la fenêtre de sa chambre d’hôpital, persuadé que sa seule raison de vivre aurait été l’inconfort de son lit.

 

III/ Ses échecs, ses blessures

Grégory Lemarchal est un enfant fragile qui subit, dès sa naissance, de nombreuses bronchiolites et rhinopharyngites. Le jeune garçonnet découvre alors le monde qui l’entoure accompagné d’aérosols et de kinésithérapeutes, en se heurtant bien trop souvent aux murs blancs d’une chambre d’hôpital bien terne. Malheureusement, tout cela ne sera qu’un avant goût de la vie qui l’attend.

C’est peu après le retour de Pierre Lemarchal du Liban, que tout s’est effondré autour des jeunes parents. En janvier 1985, alors que Grégory était âgé de 20 mois, le diagnostic médical s’abat froidement sur la famille qui apprend que leur fils est atteint de mucovisidose et qu’il ne dépassera pas les 15 ans.

A partir de ce jour, le quotidien de Grégory sera rythmé par les médicaments en tout genre et les séances de kinésithérapies respiratoires. Car, rappelons-le, un muco absorbe environ 30 cachets par jour et subit deux séances de kinésithérapie respiratoire quotidienne, sans parler des nombreuses cures d’antibiotiques qu’il devra subir tout au long de sa vie, faisant ainsi passer l’hôpital au rang de deuxième maison.

Ces années de petite école passées, Grégory entre au collège et souffre de la paradoxalité confrontant son esprit d’adulte à son corps d’enfant. Les garçons lui rappelant sans cesse son retard pubertaire, il préfère se tourner vers la maturité des filles de son école pour se lier d’amitié.

C’est durant sa seconde, alors qu’il avait 15 ans, qu’il mit un terme à ses études. Ses problèmes de santé et les hospitalisations suivant chacune de ses crises ont fini par prendre le dessus sur ses résultats scolaires. Mais la vrai raison qui le pousse à abandonner les bancs de l’école est sa passion pour la musique pour laquelle il veut consacrer sa vie. A la demande de ses parents, il poursuivra ses études par correspondance, mais sa volonté d’apprentissage face à ce type de discipline s’évanouira au bout d’un an.

Suite à de nombreux concours de chant, Grégory décide de se rendre au casting de la Nouvelle Star. Mais cette fois, on ne laissera pas Grégory aller jusqu’au jury de l’émission. Personne n’osera remettre en cause la grandeur de sa voix, mais on ne se gênera pas de juger la jeunesse qui lui appartient encore, affirmant qu’il a tout son temps pour grandir et retenter sa chance plus tard.

Après avoir travaillé deux ans sur le projet musical Adam et Eve, ce dernier ne verra finalement jamais le jour. Grégory sombre alors dans le désespoir entrainant son corps un peu plus profondément dans les ténèbres de la maladie.

Par la suite, alors qu’il attache une grande importance à ne rien laisser paraître des difficultés liées à sa maladie, la mucoviscidose le rattrapera lors de son séjour au château de la Star Académy. En effet, même si tout semble aller pour le mieux pour Grégory, les médias joueront pleinement leur rôle de pense-bête, osant prédire la victoire de Grégory du seul fait qu’il soit atteint de la mucoviscidose. Certains s’amuseront aussi de rebaptiser Grégory par le nom de « Mucoviscidose ».

Malheureusement, c’est tout au long de sa carrière que Grégory devra subir ce genre de réflexions. Ses parents recevront aussi des appels téléphoniques et des courriers leur rappelant que Gregory allait mourir de la mucoviscidose ou bien au contraire l’accusant d’avoir inventé sa maladie afin d’être populaire.

Pourtant, lorsqu’il s’agira de diffuser son titre « A Corps Perdu » en radio, Gregory essuiera de nombreux échecs car ces dernières la trouveront trop autobiographique donc forcément trop triste puisqu’il s’agissait de la parole d’un artiste atteint de la mucoviscidose. Son message d’espoir pour la vie échappant cruellement aux médias, ils ne verront dans ce texte qu’un recueil pour la mort.

Après avoir gagner de nombreuses batailles contre la mucoviscidose durant 23 ans, c’est cette mort qui le défiera pour un dernier combat le 2 Avril 2007. En effet, c’est à cette date que Grégory sera hospitalisé après une simple « visite de contrôle ». Grégory s’inscrira à la liste des demandeurs de greffe huit jours après son arrivée à l’hôpital. Mais il ne lui reste que quelques jours à vivre et le greffon n’arrivera malheureusement pas à temps. Grégory décèdera le 30 Avril 2007.

Alors que Grégory avait fait de sa maladie une affaire personnelle, il a finalement dû composer avec l’ambiguïté de la mucoviscidose. A force de se battre pour être considéré comme un homme que l’on s’oblige à juger de « normal », certains ont été dérangé par sa force et son courage d’exister. La société s’attachant à mettre les individus dans des cases, un malade est alors perçu comme un être en perpétuelle perte de vie, devant alors pleurer chaque jour, ne souriant jamais, au risque qu’on le croit inconscient de ses propres failles. Mais ce que les détracteurs oublient c’est que nous perdons tous 24 heures de vie par jour et que nous sommes au même titre que les personnes atteintes d’une maladie, de futurs morts.

Malgré la cruauté de certains individus, Grégory a su prendre l’amour de ses soutiens et avancer dans sa vie d’homme. La maladie n’étant qu’une partie de lui, Grégory s’occupait d’elle lorsqu’il était l’heure des soins, mais le reste du temps c’était de lui-même qu’il s’occupait. Cette phrase de Pierre Lemarchal, résonne encore en moi : « Dites aussi à ceux qui se sont trouvés drôles un jour, que mon nom n’était pas mucoviscidose mais bien Grégory Lemarchal »

 

IV/ Sa réussite

Malgré sa maladie, Gregory Lemarchal, ne se gênera pas pour vivre pleinement ses passions, pratiquant tour à tour les sports qu’il aime comme le Basket ou le tennis.

Comme la plupart des garçons, la récréation est sacrée surtout quand on lui donne un ballon. Il se vantera longtemps d’avoir le record des 120 buts marqués en une seule année scolaire.

A l’âge de 12 ans, Grégory pratiquera aussi plusieurs danses, mais se passionnera surtout pour le Rock Acrobatique. Il deviendra Champion de France de cette discipline alors souffrant d’inflammation aigue aux tendons d’Achille dû à la prise d’un antibiotique quinze jours auparavant.

C’est le 12 juillet 1998 que Grégory Lemarchal chantera pour la première fois en public. Son père l’ayant entendu chanter en cachette, savait que son fils était timide. Mais il savait aussi qu’il ne se défilait jamais devant un défi. Il somme alors son fils de chanter au karaoké du camping où il passe leurs vacances, si la France remporte la Coupe du Monde. Comme l’avait prévu Pierre Lemarchal, Grégory surmonta sa peur et pris le micro pour chanter « Je me voyais déjà » de Charles Aznavour. Le silence soudain des touristes et leurs applaudissements sonnent comme un nouveau départ dans la vie du jeune homme de 15 ans.

Malgré un premier échec au casting de « Graine de Star » où il sera élu quatrième chanteur alors que le jury ne devait en sélectionner que trois, c’est bien dans cette émission que Grégory fera sa première apparition télévisée quelques mois plus tard, le 8 Octobre 1999.

Quelques jours plus tard, il participera à son premier concours de chant, qui plus est international, puisqu’il finira deuxième sur deux cents chanteurs au « Tremplin des étoiles » de Montélimar. Mais une fois de plus, sa prestation avait été sous noté au risque, selon un  membre du jury, que Grégory, vu son jeune âge et sa maigre expérience, « attrape la grosse tête ».

Un an plus tard, après avoir enchainé les cours de chant, les concours et les scènes, Gregory remportera cette fois la première place du « Tremplin des étoiles ».

Alors que le corps médical avait alerté les parents de Grégory sur le fait que la chanson n’était « pas faite pour lui », il enverra, en juin 2004, un enregistrement de sa voix posée sur ses quatre chansons préférées à un contact que Brice Davoli lui communiquera afin de tenter de participer à la Star Académy.

Sa vie telle qu’il l’a toujours rêvée débutera 20 ans, jour pour jour, après ses premiers pas, puisque Gregory apprendra sa participation à la Star Académy le 13 juillet 2004.

En effet, il intègrera le château en septembre 2004, à l’âge de 21 ans. Sa santé n’ayant jamais été aussi bonne, il prendra même quatre kilo durant l’aventure atteignant son poids maximum de 59Kg.

Le 22 décembre 2004, Grégory ne saura retenir ses larmes lorsqu’il deviendra le vainqueur de la Star Académy 4. Le cri qu’il poussera ce soir là en dira long sur son parcours acharné, sur son amour de la vie, sur lui, Gregory Lemarchal.

Le 21 janvier 2006, Grégory Lemarchal remportera le NRJ Music Award de la révélation francophone de l’année suite à la sortie de son premier album « Je deviens moi ».Il le dédira à sa grand-mère maternelle, Simone, décédée quelques semaines auparavant.

Il partira ensuite en tournée à travers la France en passant par l’Olympia à trois reprises. Malgré la fatigue et la douleur dût à une opération de l’appendicite subie une semaine plus tôt, Grégory finira son tour de chant en beauté dans cette salle mythique.

Par son parcours et son talent artistique, Grégory a surtout su redonner l’espoir à de nombreux muco qui s’identifiaient à ce jeune homme qui, souffrant des mêmes maux, se levait chaque jour pour réaliser ses rêves.

La santé de beaucoup de ces muco s’est dégradée à l’annonce du décès de Gregory, prouvant une nouvelle fois le pouvoir que son aura avait sur l’humanité.

Si Grégory n’a pas eu le temps de parler, son nom, grâce à sa famille et Karine Ferri, la femme qui a partagé sa vie jusqu’à son dernier souffle, restera l’espoir de tous les malades.

Au lendemain de son décès, les donneurs d’organes se sont multipliés. Les chiffres indiquent d’ailleurs une augmentation du nombre de greffes d’organe de 35,2% entre 2006 et 2015. Grâce à son image, l’Association Grégory Lemarchal continue à ce jour d’informer et de sensibiliser la nation sur la mucoviscidose ainsi que sur le don d’organes et des produits du corps « pour que plus jamais la mucoviscidose ne nous arrache à ceux qu’on aime ». L’argent des donateurs sert aussi à financer les recherches scientifiques et à accompagner les patients pour qu’ils vivent au mieux leur maladie à l’hôpital mais aussi dans leurs familles. Ainsi, la première mission de l’association fut de créer un service de pneumologie à l’hôpital Foch de Surenes, où Gregory s’est éteint, où la médecine rimait avec confort, avec la vie. Pour la première fois, les patients pourraient se faire soigner dans des chambres décorées, disposant d’un système de rafraichissement de l’air et équipées de terminaux multimédias afin qu’ils ne soient plus jamais coupés du monde. Le service doté à présent d’une salle de détente pour les patients ainsi que pour leurs familles fut inauguré le 13 novembre 2008.

Si Gregory ne voulait pas parler de la mucoviscidose lorsqu’il a passé les tests pour intégrer la Star Académy, il a vite compris qu’elle faisait partie de lui et quil ne pourrait la cacher très longtemps. Comme il l’a toujours fait, il a donc préféré prendre ses responsabilités et donner cette information avant qu’elle ne soit révélée à son insu. Il ne voulait pas de pitié ou de jugement par rapport à une unique facette de sa vie. Mais je pense que chaque chose que nous faisons pour nous, ne peut pas entièrement marcher si nous ne pensons pas à la valeur ajoutée que nous donnons au reste de l’humanité. Si ce grand artiste nous procurait autant d’émotions lorsqu’il chantait, c’est parce qu’il pensait à l’humanité et au bonheur qu’il pourrait donner aux autres. Si ce grand homme se levait tous les matins, c’était pour se lever mais aussi pour prouver à l’humanité que tout est possible. Et si son nom perdure aujourd’hui, ce n’est pas pour la gloire de Gregory Lemarchal, mais bel et bien pour que « Plus jamais, la mucoviscidose ne nous arrache à ceux qu’on aime ».

Si l’histoire de Gregory Lemarchal vous inspire, je vous conseille de lire la biographie Sous ton regard écrite par sa mère, Laurence Lemarchal, sur laquelle je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. (Ceci est un lien d’affiliation)

 

De plus, si son combat vous touche, je vous invite à faire un don sur le site de l’association Grégory Lemarchal : http://www.association-gregorylemarchal.org/faire_un_don.php

 

Et toi, as-tu tendance à subir ta vie ou te sers-tu de tes faiblesses pour devenir plus fort ?

Laquelle de tes larmes voudrais-tu transformer en arme pour protéger l’humanité de la douleur ?

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